dimanche 5 avril 2020

« Les phénomènes paranormaux » (dossier de la rédaction paru dans le journal de prestidigitation «Magicus Magazine», N° 98, juillet – août 2018) (première partie).



  
Un autre numéro de Magicus Magazine.



Dans le cadre de mon projet de publier un article chaque jour dans ce blog pour desennuyer les magiciens confinés, le journal Magicus Magazine et son directeur de publication Didier Puech m'ont autorisé d'une manière très généreuse à reproduire cet  ancien article de leur journal du numéro 98 (juillet-août 1998). Un grand merci à eux pour leur formidable action. Je rappelle que le journal Magicus Magazine en est à présent à son 221 ème numéro. Tous les numéros sont passionnants. Abonnez-vous donc au Magicus Magazine : pour l’instant et ce jusqu’au 1 juillet 2020, vous pouvez bénéficier d’un tarif préférentiel de 50 euros qui est celui des étudiants, au lieu de 70 (en indiquant juste « JF ») ;  commandez les anciens numéros dont par exemple ce numéro 98 dont j’ai extrait cet article consacré aux Phénomènes paranormaux écrit par l’ensemble de la rédaction. 


"Les phénomènes paranormaux (première partie)

Dès les premiers temps de l'humanité, existaient sorciers, magiciens et devins. Les dessins découverts dans les grottes préhistoriques en témoignent.

Plus tard, les Magiciens du Pharaon et Moïse s'opposèrent violemment en transformant des bâtons en serpents. Au IIème siècle, le philosophe Celse écrit « Contre les Magiciens », ouvrage introuvable mais mentionné par Lucien dans « Alexandre ou le faux prophète ». En fait, Celse expliquait les trucages frauduleux des mages... L'Antiquité égyptienne et romaine ne comptent plus leurs mages, vrais ou faux, tandis que le Moyen-Age et la Renaissance brillent par leurs illuminés, sorciers et alchimistes, puisant dans la prestidigitation et la ventriloquie les ressorts techniques à leurs pseudo-sciences occultes. L'objectif - qui n'a d'ailleurs pas changé depuis - était de tirer quelques avantages matériels à un public naïf et crédule.

Vers 1550, Nostradamus escroquera Catherine de Médicis en utilisant des jeux de miroirs à apparitions. Cagliostro, sous Louis XV et Louis XVI, habile charlatan et ventriloque averti, arnaquera autant les têtes couronnées que certains scientifiques abusés.

Aujourd'hui, le paranormal a pignon sur rue et les sectes récupèrent les plus fragiles n'ayant pas trouvé de réponses métaphysiques dans les religions ou quelque autre idéologie. Est-il du rôle des illusionnistes de montrer du doigt des gens dont le talent repose, lui aussi, sur le pseudo-pouvoir de « guérir » ? Rêver devant un numéro de prestidigitation peut « guérir » quelqu'un d'angoissé ou de stressé. Les voyants, auxquels je ne crois pas une minute, n'ont-ils pas le "don" de réconforter même si c'est chèrement payé que de donner cinq cents balles à un type comme vous et moi qui va vous dire ce que vous sauriez déjà si vous n'étiez pas parasité  par les paramètres quotidiens de votre entourage professionnel et social ?

Et le tordeur de cuillère a tellement fait fort médiatiquement, que nos pauvres magiciens, crevant de jalousie, ont crié à l'escroquerie tout en agitant leur médiocre prose vendue sous la forme de livres aux titres très accrocheurs (autre escroquerie ? Tromperie sur la marchandise, diront les plus avertis !). Certains illusionnistes très sérieux avouent qu’Uri Geller était un magicien de grand talent.

Et les guérisseurs Philippins ? Un large débat sur le "pouvoir" de ces gens-là. "Guérir" une maladie psychosomatique par auto-suggestion n'a jamais fait de mal à personne. Et si c'est un cancer ! On a le droit de se suicider comme on peut, merde !...

Que les choses soient claires : quand on a affaire à un salaud qui prétend vous "guérir" alors qu'il va vous flinguer à petit feu (en vous ruinant ou en vous faisant oublier votre mal incurable) ce n'est plus du rôle des magiciens mais celui de la justice, éclairée par la compétence des médecins (du corps et de l'intérieur de la tête) : PRATIQUE ILLEGALE DE LA MEDECINE ! Point. Ou bien, allons-y franchement, que les illusionnistes aillent jusqu'au bout de leurs prétentions en accusant les "spirites" de pratiquer une  CONCURRENCE DELOYALE !

Car, au fond, c'est bien de cela qu'il s'agit quand on constate que Uri Geller, par exemple, a fait fortune avec un service – même pas en argent ! - de petites cuillères et que certains magiciens - on a tous les noms en tête – rament comme des bêtes avec un klaxon sous le bras…

Donato
(1845-1900)

De son vrai nom Alfred-Edouard d'Hont, fils d'un riche industriel, honorera sa famille de brillantes études qui le mèneront au journalisme ("L'Etoile Belge"). Ses premiers articles porteront sur le magnétisme et l'hypnotisme. De là, il rencontrera le chanoine Mouls qui l'entraînera peu à peu sur les planches du spectacle. Donato et son sujet Mademoiselle Lucilie abusent de compères qui, peu à peu, les abandonnent vu la facilité de la supercherie : ils deviennent eux-aussi de "savants magnétiseurs" ... A tel point que nombre de leurs « élèves » prendront le nom de Donato, créant la confusion dans cet univers déjà trouble des médiums.

Après quelques incidents, les séances de spiritisme seront interdites en France et en Belgique. Le gardien de la paix hypnotisé tournant à cloche-pied autour de l'Obélisque en se proclamant « la reine des abeilles » aura dans doute conduit la gendarmerie a davantage de sévérité envers le paranormal.

Francesco Carancini
(né à Rome en 1863)

Ce personnage étrange sera étudié par des scientifiques italiens en 1908. On observera des lévitations d'objets, des phénomènes lumineux, des dématérialisations de matière ...
Des expériences de contrôle à Londres devant la Society for Psychical Research furent peu crédibles bien que dénuées de fraude flagrante. Il opérait presque dans l'obscurité et ne se prêtait guère à un contrôle sérieux ...

En 1912, en France, devant la Société Universelle d'Etudes Psychiques, on n'observera ni résultats probants ni fraudes mais le manège d'allers et venues des assistants sera pour le moins suspect ... Le Dr Paul Joire de Lille reconnaîtra à Carancini des talents ... de prestidigitateur !

Pickman (1857-1925)

A quatorze-ans, cet adolescent sale et mal vêtu logera sous les ponts. Il apprend à lire à trente ans et sera un des sujets de Donato.

Son aplomb et son calme troubleront quelques savants qui le prendront pour un vrai magnétiseur et voyant. Il sera un mystificateur de génie.

Dicksonn (1857-1939)

Le comte Paul-Alfred de St Gervais de Grand Breucq, né dans le Nord de la France, se fixera très jeune à Paris pour y suivre des études de droit. Un jour de fête scolaire il découvrira la prestidigitation. Seulement voilà : des parents nobles n'imaginent pas qu'un authentique comte se lance dans la carrière de saltimbanque ! Obligé par les liens du sang, il entrera dans les assurances sous la tutelle bienveillante de Gustave de Rothschild.

Un ami, le comte de Noé, caricaturiste sous le nom de Cham, sera son avocat auprès de ses parents, expliquant qu'il pouvait prendre un pseudonyme ...

Dicksonn, encore amateur, inventera la « Gangue Japonaise ». Séduit, le fils de Robert-Houdin achètera la grande illusion pour son théâtre. A la mort de ce dernier, Dicksonn s'associera avec sa veuve pour diriger le Théâtre jusqu'en 1886.

Après des tournées de 1894 à 1912 et un passage au Musée Grévin de 1915 à 1918, Dicksonn se consacrera à des conférences anti-spirites et se fâchera du coup autant avec les illusionnistes qu'avec les psychistes : les premiers l'accusent de débinage et les seconds le traite de vulgaire bateleur.

Bénévol (1865-1939)

Cet italien, naturalisé français en 1919, constatera que la prestidigitation rapporte peu alors que le pseudo-hypnotisme fonctionne à merveille ...

Distant et taciturne dans sa vie privée, il sera particulièrement exubérant sur scène et jouera autant sur le tableau de l'amusement que sur celui de l'arnaque !

Daniel-Dunglas HOME (1833-1886)

Illusionniste ou véritable médium anglais ? Sa tante se souvient que, bébé, son berceau était bercé seul et qu'à quatre ans il eut la vision de la mort de sa cousine et nomma les personnes autour du lit de la fillette effectivement décédée le jour de sa vision ...

Le critique incrédule notoire, Franck Podmore, écrira : « En D.D. Home se résume toute la question du spiritisme ». Contrairement à 99% de ses émules, Home ne fut jamais pris en flagrant délit de fraude, même si une rumeur sur l'épisode des Tuileries dira qu'au cours d'une séance en présence de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, Home aurait frôlé de son pied nu le visage des assistants ... L'impératrice démentira ce bruit.

Le professeur Wells de l'Université de Harvard, Crookes, Mapes, Hare, les savants anglais Ashburner et Elliotson analysèrent « la variété, la qualité et l'abondance des phénomènes métapsychiques et métaphysiques de Home ».

D.D. Home opérait en pleine lumière et au milieu des assistants."

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.