Un autre numéro de Magicus Magazine.
Dans le cadre
de mon projet de publier un article chaque jour dans ce blog pour desennuyer
les magiciens confinés, le journal Magicus Magazine et son
directeur de publication Didier Puech m'ont autorisé d'une manière très
généreuse à reproduire cet ancien article de leur journal du numéro 98
(juillet-août 1998). Un grand merci à eux pour leur formidable action. Je
rappelle que le journal Magicus Magazine en est à présent à son 221 ème numéro.
Tous les numéros sont passionnants. Abonnez-vous donc au Magicus Magazine : pour l’instant
et ce jusqu’au 1 juillet 2020, vous pouvez bénéficier d’un tarif préférentiel
de 50 euros qui est celui des étudiants, au lieu de 70 (en indiquant juste
« JF ») ; commandez les anciens numéros dont par
exemple ce numéro 98 dont j’ai extrait cet article consacré aux Phénomènes
paranormaux écrit par l’ensemble de la rédaction.
"Les phénomènes paranormaux (première partie)
Dès les premiers temps de l'humanité, existaient sorciers, magiciens et devins. Les
dessins découverts dans les grottes préhistoriques en témoignent.
Plus tard, les Magiciens du
Pharaon et Moïse s'opposèrent violemment en transformant des bâtons en
serpents. Au IIème siècle, le philosophe Celse écrit « Contre les
Magiciens », ouvrage introuvable mais mentionné par Lucien dans « Alexandre
ou le faux prophète ». En fait, Celse expliquait les trucages frauduleux
des mages... L'Antiquité égyptienne et romaine ne comptent plus leurs mages,
vrais ou faux, tandis que le Moyen-Age et la Renaissance brillent par leurs
illuminés, sorciers et alchimistes, puisant dans la prestidigitation et la
ventriloquie les ressorts techniques à leurs pseudo-sciences occultes.
L'objectif - qui n'a d'ailleurs pas changé depuis - était de tirer quelques
avantages matériels à un public naïf et crédule.
Vers 1550, Nostradamus escroquera
Catherine de Médicis en utilisant des jeux de miroirs à apparitions.
Cagliostro, sous Louis XV et Louis XVI, habile charlatan et ventriloque averti,
arnaquera autant les têtes couronnées que certains scientifiques abusés.
Aujourd'hui, le paranormal a pignon
sur rue et les sectes récupèrent les plus fragiles n'ayant pas trouvé de
réponses métaphysiques dans les religions ou quelque autre idéologie. Est-il du
rôle des illusionnistes de montrer du doigt des gens dont le talent repose, lui
aussi, sur le pseudo-pouvoir de « guérir » ? Rêver devant un numéro
de prestidigitation peut « guérir » quelqu'un d'angoissé ou de
stressé. Les voyants, auxquels je ne crois pas une minute, n'ont-ils pas le
"don" de réconforter même si c'est chèrement payé que de donner cinq
cents balles à un type comme vous et moi qui va vous dire ce que vous sauriez
déjà si vous n'étiez pas parasité par les paramètres
quotidiens de votre entourage professionnel et social ?
Et le tordeur de cuillère a
tellement fait fort médiatiquement, que nos pauvres magiciens, crevant de
jalousie, ont crié à l'escroquerie tout en agitant leur médiocre prose vendue
sous la forme de livres aux titres très accrocheurs (autre escroquerie ?
Tromperie sur la marchandise, diront les plus avertis !). Certains illusionnistes
très sérieux avouent qu’Uri Geller était un magicien de grand talent.
Et les guérisseurs Philippins ? Un large débat sur le
"pouvoir" de ces gens-là. "Guérir" une maladie
psychosomatique par auto-suggestion n'a jamais fait de mal à personne. Et si
c'est un cancer ! On a le droit de se suicider comme on peut, merde !...
Que les choses soient claires :
quand on a affaire à un salaud qui prétend vous "guérir" alors qu'il
va vous flinguer à petit feu (en vous ruinant ou en vous faisant oublier votre
mal incurable) ce n'est plus du rôle des magiciens mais celui de la justice,
éclairée par la compétence des médecins (du corps et de l'intérieur de la tête)
: PRATIQUE ILLEGALE DE LA MEDECINE ! Point. Ou bien, allons-y franchement, que
les illusionnistes aillent jusqu'au bout de leurs prétentions en accusant les "spirites"
de pratiquer une CONCURRENCE DELOYALE !
Car, au fond, c'est bien de cela
qu'il s'agit quand on constate que Uri Geller, par exemple, a fait fortune avec
un service – même pas en argent ! - de petites cuillères et que certains magiciens
- on a tous les noms en tête – rament comme des bêtes avec un klaxon sous le
bras…
Donato
(1845-1900)
De son vrai nom Alfred-Edouard
d'Hont, fils d'un riche industriel, honorera sa famille de brillantes études
qui le mèneront au journalisme ("L'Etoile Belge"). Ses premiers
articles porteront sur le magnétisme et l'hypnotisme. De là, il rencontrera le
chanoine Mouls qui l'entraînera peu à peu sur les planches du spectacle. Donato
et son sujet Mademoiselle Lucilie abusent de compères qui, peu à peu, les
abandonnent vu la facilité de la supercherie : ils deviennent eux-aussi de
"savants magnétiseurs" ... A tel point que nombre de leurs « élèves »
prendront le nom de Donato, créant la confusion dans cet univers déjà trouble
des médiums.
Après quelques incidents, les
séances de spiritisme seront interdites en France et en Belgique. Le gardien de
la paix hypnotisé tournant à cloche-pied autour de l'Obélisque en se proclamant
« la reine des abeilles » aura dans doute conduit la gendarmerie a
davantage de sévérité envers le paranormal.
Francesco Carancini
(né à Rome en 1863)
Ce personnage étrange sera étudié
par des scientifiques italiens en 1908. On observera des lévitations d'objets,
des phénomènes lumineux, des dématérialisations de matière ...
Des expériences de contrôle à
Londres devant la Society for Psychical
Research furent peu crédibles bien que dénuées de fraude flagrante. Il
opérait presque dans l'obscurité et ne se prêtait guère à un contrôle sérieux
...
En 1912, en France, devant la Société Universelle d'Etudes Psychiques,
on n'observera ni résultats probants ni fraudes mais le manège d'allers et
venues des assistants sera pour le moins suspect ... Le Dr Paul Joire de Lille
reconnaîtra à Carancini des talents ... de prestidigitateur !
Pickman (1857-1925)
A quatorze-ans, cet adolescent
sale et mal vêtu logera sous les ponts. Il apprend à lire à trente ans et sera
un des sujets de Donato.
Son aplomb et son calme
troubleront quelques savants qui le prendront pour un vrai magnétiseur et
voyant. Il sera un mystificateur de génie.
Dicksonn (1857-1939)
Le comte Paul-Alfred de St
Gervais de Grand Breucq, né dans le Nord de la France, se fixera très jeune à
Paris pour y suivre des études de droit. Un jour de fête scolaire il découvrira
la prestidigitation. Seulement voilà : des parents nobles n'imaginent pas qu'un
authentique comte se lance dans la carrière de saltimbanque ! Obligé par les
liens du sang, il entrera dans les assurances sous la tutelle bienveillante de
Gustave de Rothschild.
Un ami, le comte de Noé,
caricaturiste sous le nom de Cham, sera son avocat auprès de ses parents,
expliquant qu'il pouvait prendre un pseudonyme ...
Dicksonn, encore amateur,
inventera la « Gangue Japonaise ». Séduit, le fils de Robert-Houdin
achètera la grande illusion pour son théâtre. A la mort de ce dernier, Dicksonn
s'associera avec sa veuve pour diriger le Théâtre jusqu'en 1886.
Après des tournées de 1894 à 1912
et un passage au Musée Grévin de 1915 à 1918, Dicksonn se consacrera à des
conférences anti-spirites et se fâchera du coup autant avec les illusionnistes
qu'avec les psychistes : les premiers l'accusent de débinage et les seconds le
traite de vulgaire bateleur.
Bénévol (1865-1939)
Cet italien, naturalisé français
en 1919, constatera que la prestidigitation rapporte peu alors que le
pseudo-hypnotisme fonctionne à merveille ...
Distant et taciturne dans sa vie
privée, il sera particulièrement exubérant sur scène et jouera autant sur le
tableau de l'amusement que sur celui de l'arnaque !
Daniel-Dunglas HOME (1833-1886)
Illusionniste ou véritable médium
anglais ? Sa tante se souvient que, bébé, son berceau était bercé seul et qu'à
quatre ans il eut la vision de la mort de sa cousine et nomma les personnes
autour du lit de la fillette effectivement décédée le jour de sa vision ...
Le critique incrédule notoire,
Franck Podmore, écrira : « En D.D. Home se résume toute la question du
spiritisme ». Contrairement à 99% de ses émules, Home ne fut jamais pris
en flagrant délit de fraude, même si une rumeur sur l'épisode des Tuileries
dira qu'au cours d'une séance en présence de Napoléon III et de l'impératrice
Eugénie, Home aurait frôlé de son pied nu le visage des assistants ...
L'impératrice démentira ce bruit.
Le professeur Wells de
l'Université de Harvard, Crookes, Mapes, Hare, les savants anglais Ashburner et
Elliotson analysèrent « la variété, la qualité et l'abondance des
phénomènes métapsychiques et métaphysiques de Home ».
D.D. Home opérait en pleine
lumière et au milieu des assistants."
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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