dimanche 29 octobre 2017

Les gnostiques.





Le premier livre que j'ai lu sur les gnostiques.


Il y a de nombreux livres sur le mouvement religieux, mystique, spirituel et philosophique des gnostiques, celui de Jacques Lacarrière, le « Que sais-je » de Serge Hutin, le classique La Gnose de Leisegang dans la « Petite bibliothèque Payot », La Gnose une et multiple d’Hervé Masson, l’Histoire de la philosophie occulte d’Alexandrian (chapitre 1 : « La grande tradition de la gnose »), Les Évangiles apocryphes dans la collection « Points Sagesses ». Jorge Luis Borges, sur lequel j'ai écrit un essai, consacre un chapitre de son ouvrage Discussion à un de leurs plus grands théoriciens Basilide : "Défense du fallacieux Basilide". Cependant, j’ai choisi de m’inspirer plutôt pour cet article du livre de Denis Labouré Les enseignements quabalistiques de l’Ordre Hermétique de la Golden Dawn, La pratique du Pilier du Milieu.

Une légende tenace pousse les chrétiens de toute tendance à se reporter à L'Église primitive pour trouver une forme de foi chrétienne plus simple et plus pure. Du temps des apôtres, tous ceux qui appartenaient à la communauté chrétienne mettaient en commun leur argent et leurs biens tous avaient foi dans le même enseignement et priaient ensemble ; tous respectaient l'autorité des apôtres. C'est seulement passé cet âge d'or que les affrontements, puis l'hérésie, se firent jour.

Tout cela est erroné. Avant le II ème siècle, de nombreux évangiles circulaient entre divers groupes de chrétiens (en plus des quatre Évangiles qui composent le Nouveau Testament, choisis selon des critères obscurs), de même que beaucoup d'autres enseignements, mythes et poèmes secrets attribués à Jésus ou à ses disciples. De même, les communautés répandues dans le monde connu s'organisaient de façons largement différenciées les unes par rapport aux autres.

A partir de 200 après J. C. environ, cet état de choses s'était modifié. Le christianisme était devenu une institution possédant à sa tête une hiérarchie à trois niveaux, d'évêques, de prêtres et de diacres qui se donnaient pour les gardiens de la seule "vraie foi". Déplorant la diversité de la situation précédente, l'évêque Irénée maintenait qu'il ne peut y avoir qu'une seule Église, hors de laquelle, déclarait-il, « il n'est point de salut ». Lorsque cette Église se trouva bénéficier du soutien militaire, peu après que l'empereur Constantin se fut fait chrétien au IVème siècle, la chasse aux hérétiques s'intensifia.

Face à l'Église officielle se dressaient les gnostiques, communautés très diversifiées enseignant que le salut peut être obtenu par la connaissance et l'expérience. Et non par la foi ou le simple respect des dogmes et de la morale. Sans structure n1 hiérarchie, sauf celle liant le maître et le disciple, un travail Intérieur devait permettre à ce dernier d'obtenir sa révélation et d'assurer son salut.

Rappelons quelques-uns des grands principes communs à la majeure partie des mouvements gnostiques.

- Il existe un enseignement secret délivré par Jésus, de même que pour les qabalistes, il existe un enseignement secret livré à Moïse. Ce que confirment Origène, Clément d'Alexandrie et d'autres Pères de l'Église des premiers siècles.
- Pour le gnostique, Bien et Mal ne sont que des aspects relatifs du monde de la manifestation. Dieu n'est ni bon ni méchant, il se situe au-delà de tels antagonismes.
- Tandis que pour le chrétien orthodoxe, la chute est une conséquence de la faute originelle, pour le gnostique, c'est la faute qui est consécutive à la chute : un homme exclu de sa patrie céleste ne pouvant pas maintenir un comportement parfait.
- Après bien des discussions, l'Église adopta l'Ancien Testament au même titre que le Nouveau. Pour les gnostiques, ce livre où l'on voit à l'œuvre un créateur irascible, rancunier et vengeur ne peut être considéré comme un livre sacré. Certains considérèrent Yavhé comme le gardien d'Israël et non comme le « Dieu des dieux ».
- Les gnostiques affirmaient l'existence d'un pouvoir divin féminin, Sophia, la Sagesse, puissance créatrice d'où émanent toutes choses. La femme joua un rôle de premier plan dans la prophétie et la direction des communautés gnostiques.

On retrouve dans les doctrines gnostiques, à côté du judéo-christianisme, de nombreuses traces des traditions antiques, qu'elles soient hermétiques, égyptiennes, zoroastriennes, orphiques ou pythagoriciennes. Les initiés gnostiques étalent liés par le secret quant à la nature véritable de leurs rites et la connaissance qu'ils acquéraient en les pratiquant. Conception peut-être héritée des anciens Mystères.

L'Église officielle, s'appuyant sur l'État, écrasa avec violence cette église parallèle, ennemie de toute structure et de tout catéchisme. On ne connaîtra ses véritables enseignements qu'après 1945, lorsqu'un berger égyptien découvrit dans une jarre de terre cuite 52 manuscrits coptes datant de plus de 15 siècles, dont le fameux Évangile de Thomas.

Par certaines de ses formes, la Franc-Maçonnerie moderne sera une résurgence de la Gnose antique. C'est là l'une des véritables raisons de sa condamnation acharnée par les décrets pontificaux.


Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Amitiés à tous.