Le premier livre que j'ai lu sur les gnostiques.
Il y a de nombreux livres
sur le mouvement religieux, mystique, spirituel et philosophique des
gnostiques, celui de Jacques Lacarrière, le « Que sais-je » de Serge
Hutin, le classique La Gnose de
Leisegang dans la « Petite bibliothèque Payot », La Gnose une et multiple d’Hervé Masson, l’Histoire de la philosophie occulte d’Alexandrian (chapitre 1 :
« La grande tradition de la gnose »), Les Évangiles apocryphes dans
la collection « Points Sagesses ». Jorge Luis Borges, sur lequel j'ai écrit un essai, consacre un chapitre de son ouvrage Discussion à un de leurs plus grands théoriciens Basilide : "Défense du fallacieux Basilide". Cependant, j’ai choisi de m’inspirer plutôt pour cet article du
livre de Denis Labouré Les enseignements quabalistiques de l’Ordre Hermétique de la Golden Dawn, La pratique du Pilier du Milieu.
Une légende tenace pousse
les chrétiens de toute tendance à se reporter à L'Église primitive pour trouver
une forme de foi chrétienne plus simple et plus pure. Du temps des apôtres,
tous ceux qui appartenaient à la communauté chrétienne mettaient en commun leur
argent et leurs biens tous avaient foi dans le même enseignement et priaient
ensemble ; tous respectaient l'autorité des apôtres. C'est seulement passé cet
âge d'or que les affrontements, puis l'hérésie, se firent jour.
Tout cela est erroné.
Avant le II ème siècle, de nombreux évangiles circulaient entre divers groupes
de chrétiens (en plus des quatre Évangiles qui composent le Nouveau Testament,
choisis selon des critères obscurs), de même que beaucoup d'autres
enseignements, mythes et poèmes secrets attribués à Jésus ou à ses disciples.
De même, les communautés répandues dans le monde connu s'organisaient de façons
largement différenciées les unes par rapport aux autres.
A partir de 200 après J.
C. environ, cet état de choses s'était modifié. Le christianisme était devenu
une institution possédant à sa tête une hiérarchie à trois niveaux, d'évêques,
de prêtres et de diacres qui se donnaient pour les gardiens de la seule "vraie
foi". Déplorant la diversité de la situation précédente, l'évêque Irénée maintenait
qu'il ne peut y avoir qu'une seule Église, hors de laquelle, déclarait-il, « il
n'est point de salut ». Lorsque cette Église se trouva bénéficier du soutien
militaire, peu après que l'empereur Constantin se fut fait chrétien au IVème siècle, la chasse aux hérétiques s'intensifia.
Face à l'Église
officielle se dressaient les gnostiques, communautés très diversifiées
enseignant que le salut peut être obtenu par la connaissance et l'expérience.
Et non par la foi ou le simple respect des dogmes et de la morale. Sans
structure n1 hiérarchie, sauf celle liant le maître et le disciple, un travail
Intérieur devait permettre à ce dernier d'obtenir sa révélation et d'assurer
son salut.
Rappelons quelques-uns
des grands principes communs à la majeure partie des mouvements gnostiques.
- Il existe un
enseignement secret délivré par Jésus, de même que pour les qabalistes, il
existe un enseignement secret livré à Moïse. Ce que confirment Origène, Clément
d'Alexandrie et d'autres Pères de l'Église des premiers siècles.
- Pour le gnostique, Bien
et Mal ne sont que des aspects relatifs du monde de la manifestation. Dieu
n'est ni bon ni méchant, il se situe au-delà de tels antagonismes.
- Tandis que pour le
chrétien orthodoxe, la chute est une conséquence de la faute originelle, pour
le gnostique, c'est la faute qui est consécutive à la chute : un homme exclu de
sa patrie céleste ne pouvant pas maintenir un comportement parfait.
- Après bien des
discussions, l'Église adopta l'Ancien Testament au même titre que le Nouveau.
Pour les gnostiques, ce livre où l'on voit à l'œuvre un créateur irascible,
rancunier et vengeur ne peut être considéré comme un livre sacré. Certains
considérèrent Yavhé comme le gardien d'Israël et non comme le « Dieu des
dieux ».
- Les gnostiques
affirmaient l'existence d'un pouvoir divin féminin, Sophia, la Sagesse,
puissance créatrice d'où émanent toutes choses. La femme joua un rôle de
premier plan dans la prophétie et la direction des communautés gnostiques.
On retrouve dans les
doctrines gnostiques, à côté du judéo-christianisme, de nombreuses traces des
traditions antiques, qu'elles soient hermétiques, égyptiennes, zoroastriennes,
orphiques ou pythagoriciennes. Les initiés gnostiques étalent liés par le
secret quant à la nature véritable de leurs rites et la connaissance qu'ils
acquéraient en les pratiquant. Conception peut-être héritée des anciens
Mystères.
L'Église officielle,
s'appuyant sur l'État, écrasa avec violence cette église parallèle, ennemie de
toute structure et de tout catéchisme. On ne connaîtra ses véritables
enseignements qu'après 1945, lorsqu'un berger égyptien découvrit dans une jarre
de terre cuite 52 manuscrits coptes datant de plus de 15 siècles, dont le
fameux Évangile de Thomas.
Par certaines de ses
formes, la Franc-Maçonnerie moderne sera une résurgence de la Gnose antique.
C'est là l'une des véritables raisons de sa condamnation acharnée par les
décrets pontificaux.
Voilà. C’est tout pour
aujourd’hui. Amitiés à tous.
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