vendredi 3 juin 2016

Méditation pour les magiciens dans "Méditer jour après jour" de Christophe André (deuxième partie)





L'escamoteur de Jérome Bosch

Bizarrement, personne ne semble l’avoir remarqué en prestidigitation mais un chapitre entier du livre de Christophe André Méditer jour après jour est dédié à un tableau sur la magie, L’escamoteur de Jérôme Bosch, qui date du quinzième siècle. On y voit très distinctement, ce qui m’a stupéfait, des anneaux chinois. Le chapitre s’appelle « Déployer son attention pour accroître sa conscience » (p. 86 à 97).

Christophe André nous dit : « Au début, tout semble simple : le tableau, divisé en deux parties, montre à droite un magicien des rues, et à gauche un public qui l’observe. Une table les sépare. Puis on entre dans les détails : on s’amuse de l’air bonasse du magicien avec son drôle de chapeau. Il montre une boule sans doute réapparue de dessous l’un des bols renversés sur la table (c’est le tour « Passez muscade »).

Mais, si l’on continue à regarder toujours avec plus d’attention, on perçoit encore de nouveaux détails que l’on n’avait pas remarqués au début : un homme est en train des se faire dépouiller de sa bourse, une petite chouette est dissimulée dans le panier du magicien, un crapaud est posé sur la table, etc.

Ce chef d’œuvre nous parle donc en réalité de l’attention. Dans le cas de ce tableau, nous nous sommes forcés à regarder avec attention, pendant une très longue durée de temps, une même chose, ce que nous ne pratiquons pas d’habitude (on passe à toute vitesse devant les toiles des musées !). Et nous y avons découvert de nombreuses choses qui nous avaient échappé au premier abord. C’est ce qui se passe dans la méditation et plus particulièrement celle de pleine conscience : nous trouvons dans notre esprit des idées, des schémas mentaux, des visions erronées que nous n’avions jusque-là jamais perçus.

En revanche, notre attention peut être malade, notamment dans l’anxiété et la dépression, qui sont d’une certaine manière des troubles de l’attention : dans ces états psychiques, on ne fait attention qu’à nos soucis et on écarte le reste. Ce sera donc une solution envisageable de pratiquer la méditation pour soigner notre attention malade et élargir le champ de celle-ci dans les moments où nous nous sentons tristes, déprimés ou inquiets. Plusieurs études scientifiques, menées notamment par le psychiatre Jon Kabat-Zinn, spécialiste de la méditation de pleine conscience, ont démontré que la pratique de la méditation minimisait les risques de rechutes dépressives (se référer également au livre de la psychiatre Christine Mirabel-Sarron, Mener une démarche de pleine conscience, approche MBCT)

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Amitiés à tous.