dimanche 22 mars 2020

Compte rendu du livre "Les princes de l'anti-sèche, ou « l'Art…de tricher en classe sans se faire prendre ! »" de Fanch Guillemin (1967) (deuxième partie).




Fanch Guillemin avec Gaëtan Bloom.


J’avais déjà par le passé réalisé une bibliographie du magicien et historien de la magie Fanch Guillemin.

Aujourd’hui, je vous livre un compte rendu d’un de ses livres trop peu connu : "Les princes de l'anti-sèche, ou « l'Art…de tricher en classe sans se faire prendre ! »", Morlaix, Imprimerie Nouvelle, 1967.

Fanch m’a révélé qu’il avait réalisé cet ouvrage au service militaire ! En tout cas, c’est remarquablement bien écrit et intéressant pour les prestidigitateurs.

Le magicien Gaëtan Bloom s’en est inspiré pour inventer certaines tricheries scolaires du film Les Sous-doués de Claude Zidi.

Dans le chapitre 5 « Une mémoire de cheval », Fanch Guillemin parvient à placer de longues analyses sur la mnémotechnie  dans un livre sur la tricherie scolaire.


En voici deux extraits :

« —    Mais non ! Attends ! fit Charles avec un geste d'impatience. Ça n'a rien à voir. Je vais t'expliquer, niais tu me coupes tout le temps... La mnémotechnie c'est, comme qui dirait, des trucs pour se rappeler facilement des choses qu'on oublierait autrement. On peut faire croire ainsi qu'on a une mémoire formi­dable et...

        Ah oui ! interrompit encore Loïck tout agité. J'ai vu un jour un illusionniste qui était capable de réciter sans sourciller, à l'envers comme à l'endroit, une liste de trente mots donnés par le public. Ce gars-là devait tout de même avoir une mémoire de cheval... Il était plus fort que le Grand Bartha en tous cas ! »

« Cette science n'est pas, comme un vain peuple pense, l'apanage exclusif des pseudo-voyants et hom­mes à la mémoire de fer. Aussi surprenant que cela puisse paraître, certaines écoles s'en sont servi en tant que moyen d'enseignement. Plusieurs manuels sco­laires en usage au XIXe siècle la préconisaient et offraient aux élèves des leçons présentées sous la forme de poèmes simples et faciles à retenir. Un ami congolais m'assurait même que de nombreux instituteurs de son pays la pratiquaient encore et qu'il avait personnellement appris la géographie en vers et en musique. Pour illustrer ses dires, il me chantonna une leçon dont il se souvenait parfaite­ment après des années.

Les partisans de pédagogie moderne ne manque­ront pas de sourire en lisant ceci, et ils auront raison en un sens car il faut reconnaître en effet que la mnémotechnie aux résultats si spectaculaires se base uniquement sur des automatismes cérébraux et ne fait guère intervenir le raisonnement.

La mémoire est certes une fonction merveilleuse qu'on ne doit pas négliger, mais il est nécessaire qu'elle demeure au service de l'intelligence. A quoi cela nous avancerait-il que nos enfants soient capa­bles de réciter par cœur leur livre d'histoire naturelle s'ils n'en comprennent pas un traître mot ? Beau travail pour un phénomène de cirque, pas pour un écolier !

Cependant la mnémotechnie peut avoir son utilité quand il s'agit d'apprendre de nécessaires listes de mots ou certaines dates que le raisonnement est impuissant à retrouver.

Les étudiants et les maîtres d'école le savent bien et l'appellent parfois à leur secours. Les écoliers retiennent facilement les conjonctions de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) grâce à la formule rituelle : Mais où est donc Ornicar ?

Cette science est malheureusement peu connue et ceux qui s'en servent le font souvent maladroitement. »


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


Vie et œuvre du magicien français Buatier de Kolta (1847-1903).

 

Un excellent livre sur Buatier de Kolta


Je me suis aperçu avec horreur que dans ce blog sur le mentalisme, je n’avais écrit aucune biographie de mentaliste ou de magicien ! La seule personne dont j’ai rédigé une petite biographie est l’écrivain Marcel Proust...

Moins célèbre que Robert-Houdin, Buatier de Kolta, le "Jules Verne de la magie", était pourtant un esprit plus moderne et encore plus ingénieux. Il est l'inventeur de nombreuses grandes illusions et l'un de ceux, avec Méliès, qui les ont popularisées à la fin du XIXème siècle.

Joseph Buatier est né à Lyon le 18 novembre 1847. Son père, un marchand de tissu, voulait en faire un prêtre. Joseph quitta le séminaire à 18 ans pour étudier l'art avec le peintre Elie Laurent. Joseph était beaucoup plus à son aise avec des cartes à jouer qu'avec des pinceaux. Il était en train de mystifier quelques amis dans un café de Lyon, lorsqu'il fit la connaissance de Julius Vido de Kolta, un imprésario hongrois.

De Kolta réussit à convaincre Buatier qu'il pourrait faire fortune comme magicien. Buatier se lança dans l'aventure avec De Kolta comme manager. Dès lors, il prit comme nom de scène, Buatier de Kolta. Son premier spectacle eut lieu à Genève. Buatier de Kolta et son imprésario continuèrent par l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, la Russie, les Pays-Bas, la France, l'Angleterre, et les États-Unis.

En France, il s'est produit au Théâtre Robert-Houdin alors racheté par Méliès.

En Angleterre, il s'est produit à l'Egyptian Hall de Maskelyne.

Il est l'inventeur génial de beaucoup de trouvailles magiques encore utilisées aujourd'hui.

On peut citer, notamment, la « cage volatilisée », inventée lors de son voyage aux Pays-Bas, où un oiseau vivant et sa cage disparaissent en un éclair, et à vue, qui a fait le bonheur de générations de magiciens après lui.

Il est aussi l'inventeur des « cartes diminuantes » et de la « multiplication des boules de billard »  et des fleurs à ressort.

S'il n'est pas prouvé qu'il est l'inventeur du FP, c'est lui qui l'a largement popularisé.

C'est aussi lui qui a le premier, utilisé les foulards de soie (le métier de son père y est sans doute pour quelque chose).

L'illusion qui l'a vraiment rendu célèbre est « La jeune fille volatilisée », une merveille d'ingéniosité :
Une jeune fille s'asseyait sur une chaise, placée au centre de la scène, qui était couverte au préalable de feuilles de journal pour prouver qu'aucune trappe n'était utilisée.
La jeune fille était alors recouverte d'un fin tissu. La jeune fille et le tissu disparaissaient de manière soudaine et inattendue.
Cette illusion fut l'une des plus copiées dans les années 1880. Buatier de Kolta présenta cette illusion pour la première fois à Paris en 1887 et Maskelyne acheta les droits pour la présenter dans son Egyptian Hall.

Sa dernière illusion célèbre est son « Dé grossissant », et date de 1886:
Un dé à jouer d'environ 20 cm. de côté était posé sur une plate-forme surplombant la scène. Le dé grossissait à vue et instantanément pour attendre 90 cm de côté. Le dé s'ouvrait par le dessus, et une jeune fille en sortait.

Buatier de Kolta mourut de la fièvre jaune (néphrite aiguë), le 7 octobre 1903 à La Nouvelle-Orléans (États-Unis). A sa mort, la rumeur courut que tout son matériel magique avait été détruit. En fait sa femme ramena tous ses accessoires en Angleterre. Le dé grossissant fut vendu à un collectionneur du nom de Goldston, qui le revendit plus tard à Houdini.
Cependant, aujourd'hui encore, beaucoup de ses secrets restent inconnus.

Remarques:
A noter que les plans de l’illusion « La jeune fille volatilisée », recréée par Paul Osborne, ont été publiés dans le magazine américain Genii (n°6, volume 64 de Juin 2001) et que  David Copperfield a présenté une version modernisée de cet effet..

Bibliographie :
Panorama of Magic, Milbourne Christopher, 1962
The illustrated history of Magic, Milbourne & Maurine Christopher, Heinemann, 1973
Conjuring, James Randy, St. Martin's press, New-York, 1992.
Buatier de Kolta, Genius of Illusion, Peter Warlock

Pour ceux qui ne lisent pas l’anglais et voudrait en savoir plus sur Buatier de Kolta, ils peuvent lire l'ouvrage de Peter Warlock qui est  très complet et a été traduit en français sous le titre : « Buatier de Kolta, Génie de l'illusion » (Traduction de Daniel Rhod et Philippe Saint-Laurent).


Voilà C'est tout pour le moment. Amitiés à tous!




Compte rendu du livre "Les princes de l'anti-sèche, ou « l'Art…de tricher en classe sans se faire prendre ! »" de Fanch Guillemin (1967) (première partie).





Le livre en question.


J’avais déjà par le passé réalisé une bibliographie du magicien et historien de la magie Fanch Guillemin.

Aujourd’hui, je vous livre un compte rendu d’un de ses livres trop peu connu : "Les princes de l'anti-sèche, ou « l'Art…de tricher en classe sans se faire prendre ! »", Morlaix, Imprimerie Nouvelle, 1967.

Fanch m’a révélé qu’il avait réalisé cet ouvrage au service militaire ! En tout cas, c’est remarquablement bien écrit et intéressant pour les prestidigitateurs.

Le magicien Gaëtan Bloom s’en est inspiré pour inventer certaines tricheries scolaires du film Les Sous-doués de Claude Zidi.

Dans le chapitre 3 « Une adroite substitution », un élève réalise tout simplement un change (de prestidigitation) pour tricher à une épreuve d’histoire !

Pour vous mettre en appétit, je vous en livre deux extraits :

« PETIT AVANT–PROPOS

L'art de tricher est né avec les hommes et bien des volumes lui ont été consacrés. Il existe une véritable littérature de la fraude, œuvre d'illusionnistes ou d'inspecteurs des jeux, et un tricheur professionnel a même eu l'audace ahurissante d'écrire un manuel destiné à ses collègues filous. Ce personnage surprenant qui s'appelait Erdnase restera d'ailleurs toujours le symbole de cet art condamné par la morale.

A ma connaissance cependant, ces ouvrages n'avaient mis en scène jusqu'à présent que des tricheurs adultes : des hommes et des femmes. Il appartenait donc à un spécialiste de combler cette lacune et d'étudier enfin sous ses divers aspects, l'art trop méconnu de la tricherie chez l'enfant à l'école, car l'école est l'univers de celui-ci.

Quelques écrivains avaient bien effleuré la question — Louis Pergaud s'était moqué des souffleurs, et Gilbert Cesbron du cancre débrouillard et de sa « veste d'exam' » aux multiples poches secrètes garnies de petits papiers — mais sans jamais l'approfondir ni même s'en tenir à des faits vraisemblables.

En tant qu'ancien tricheur, illusionniste truqueur et aussi instituteur — qualités bien rarement compatibles — j'ai pensé qu'il était tout de même temps de rendre justice à l'ingéniosité des écoliers fraudeurs et de réhabiliter une fois pour toutes leur art tant décrié. »

« — Mais si ! s'entêta le Grand Bartha. Réfléchis un peu ! Un prestidigitateur qui présente un tour de cartes, par exemple, doit prévoir aussi comment va se comporter sa victime, comment celle-ci va raisonner... Il attire son attention sur des gestes inutiles ; il l'étourdit de son baratin ; il la met en confiance par des coupes et des mélanges qui ne servent à rien. Et puis, quand tout le monde a le nez en l'air, clac ! ! Passez muscade... il fait sauter la coupe sans rien dire à personne... Et le pauvre type qui était sûr d'avoir suivi et contrôlé toutes les opérations avale son dentier de surprise en constatant que sa carte s'est encore envolée ; et il se retrouve quinaud une fois de plus. »

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.