Fanch Guillemin avec Gaëtan Bloom.
J’avais déjà par le passé réalisé
une bibliographie du
magicien et historien de la magie Fanch Guillemin.
Aujourd’hui, je vous livre un compte
rendu d’un de ses livres trop peu connu : "Les princes de
l'anti-sèche, ou « l'Art…de tricher en classe sans se faire
prendre ! »", Morlaix, Imprimerie Nouvelle, 1967.
Fanch m’a révélé qu’il avait réalisé cet
ouvrage au service militaire ! En tout cas, c’est remarquablement bien écrit et
intéressant pour les prestidigitateurs.
Le magicien Gaëtan Bloom s’en est
inspiré pour inventer certaines tricheries scolaires du film Les
Sous-doués de Claude Zidi.
Dans le chapitre 5 « Une mémoire de
cheval », Fanch Guillemin parvient à placer de longues analyses sur la mnémotechnie dans un livre sur la tricherie scolaire.
En voici deux extraits :
« — Mais non ! Attends ! fit Charles avec un
geste d'impatience. Ça n'a rien à voir. Je vais t'expliquer, niais tu me coupes
tout le temps... La mnémotechnie c'est, comme qui dirait, des trucs pour se
rappeler facilement des choses qu'on oublierait autrement. On peut faire croire ainsi qu'on a une mémoire formidable et...
— Ah oui ! interrompit encore Loïck tout
agité. J'ai vu un jour un illusionniste qui était capable de réciter sans
sourciller, à l'envers comme à l'endroit, une liste de trente mots donnés par
le public. Ce gars-là devait tout de même avoir une mémoire de cheval... Il
était plus fort que le Grand Bartha en tous cas ! »
« Cette science n'est pas,
comme un vain peuple pense, l'apanage exclusif des pseudo-voyants et hommes à
la mémoire de fer. Aussi surprenant que cela puisse paraître, certaines écoles
s'en sont servi en tant que moyen d'enseignement. Plusieurs manuels scolaires
en usage au XIXe siècle la préconisaient et offraient aux élèves des leçons
présentées sous la forme de poèmes simples et faciles à retenir. Un ami
congolais m'assurait même que de nombreux instituteurs de son pays la
pratiquaient encore et qu'il avait personnellement appris la géographie en vers
et en musique. Pour illustrer ses dires, il me chantonna une leçon dont il se
souvenait parfaitement après des années.
Les partisans de pédagogie
moderne ne manqueront pas de sourire en lisant ceci, et ils auront raison en
un sens car il faut reconnaître en effet que la mnémotechnie aux résultats si
spectaculaires se base uniquement sur des automatismes cérébraux et ne fait guère
intervenir le raisonnement.
La mémoire est certes une
fonction merveilleuse qu'on ne doit pas négliger, mais il est nécessaire
qu'elle demeure au service de l'intelligence. A quoi cela nous avancerait-il
que nos enfants soient capables de réciter par cœur leur livre d'histoire
naturelle s'ils n'en comprennent pas un traître mot ? Beau travail pour un
phénomène de cirque, pas pour un écolier !
Cependant la mnémotechnie peut
avoir son utilité quand il s'agit d'apprendre de nécessaires listes de mots ou
certaines dates que le raisonnement est impuissant à retrouver.
Les étudiants et les maîtres
d'école le savent bien et l'appellent parfois à leur secours. Les écoliers retiennent
facilement les conjonctions de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car)
grâce à la formule rituelle : Mais où est donc Ornicar ?
Cette science est malheureusement
peu connue et ceux qui s'en servent le font souvent maladroitement. »
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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