Sangharakshita, le fondateur de la Communauté Bouddhiste Triratna
Chers amis,
J’ai à plusieurs reprises dans ce blog évoqué le bouddhisme
qui me passionne et promis que j’écrirai sur ce sujet. C’était un peu comme la
femme de Colombo dont il parle tout le temps et qu’on ne voit jamais. Mais
cette fois, je vais franchir le pas, je vais vous parler de « ma »
vision du bouddhisme. J’insiste sur le « ma ». J’ai commencé la
pratique au Centre Bouddhiste Triratna de Paris avec ma femme Wanda il y a
trois ans. Nous sommes allés d’abord au cours d’initiation pendant au moins un
an et, à présent, nous assistons aux soirées sangha (communauté) qui ont lieu
tous les mercredis soir. Le mouvement Triratna a été créé par un moine
bouddhiste, Sangharakshita, né en Angleterre sous le nom de Dennis Lingwood.
Formé en Inde, il a su transmettre une pratique adaptée aux Occidentaux.
Cependant,
ma première découverte du bouddhisme date des années 80. J’ai lu alors un petit
livre de Walpola Rahula, un moine bouddhiste de Ceylan, L’enseignement du Bouddha d’après les textes les plus anciens, et
cette lecture m’a bouleversé : enfin je touchais à une philosophie, à une
religion qui me parlait, me correspondait, qui me semblait rationnelle.
D’abord
la vie du Bouddha lui-même me parut très intéressante. Enfermé dans un palais
par son père le roi, il ne connaissait rien de la réalité. Mais un jour, ne
pouvant supporter cette oisiveté, il sortit dans la ville et rencontra quatre
personnes successivement : un vieillard de quatre-vingts ans au corps
ruiné, un malade de la peste noire, puis un cadavre qu’on menait au bûcher et
enfin un religieux qui mendiait sa nourriture. Il partit alors définitivement à
l’âge de vingt-neuf ans, abandonnant tout pour essayer, en parcourant le pays,
de trouver une explication et une solution face à cette réalité désespérante.
Pendant six ans, devenu un ascète, il erra dans la vallée du Gange rencontrant
de nombreux maîtres religieux célèbres. Mais aucune des religions
traditionnelles ne le satisfit et il décida de suivre son propre chemin. C’est
ainsi qu’un soir, assis sous un arbre, près d’un fleuve, âgé de trente-cinq
ans, après une très, très longue méditation (plusieurs mois, plusieurs
années ?), le Bouddha (de son vrai nom Siddharta Gautama), atteignit
l’Eveil. D’après certaines traditions, il hésita à transmettre ce qu’il venait
subitement de comprendre enfin, puis, après avoir longuement réfléchi, prêcha
son premier sermon à un groupe de cinq ascètes, ses anciens compagnons, dans le
parc des Gazelles à Isipatana près de Bénarès.
Ce que je
retiens, moi pauvre individu jeté sans raison sur la Terre, de cette histoire en
forme de parabole, c’est que le Bouddha est un être humain, sensible, en proie
au doute, comme vous et moi, avec ses problèmes, et non un fils de Dieu qui se
met soudain à prêcher sans raison à l’âge de trente ans, qu’il a beaucoup expérimenté
et commis beaucoup d’erreurs avant d’atteindre sa voie (qu’il a découverte sans
l’aide de religieux), qu’il hésite un moment avant de transmettre son message
(est-ce de la modestie ou simplement l’idée qu’une expérience de trente-cinq ans est incommunicable ?), qu’il se base constamment sur son vécu et non sur
des théories non vérifiables (refusant même de répondre à certaines questions
abstraites ou métaphysiques).
La théorie
de base du Bouddha est hyper-simple (c’est ce que j’aime aussi) ; tout
est contenu dans ces quatre nobles vérités :
1) La vie
est souffrance (dukkha).
2) La
souffrance vient du désir (soif des plaisirs des sens ou alors simplement soif
de l’existence et du devenir).
3) Pour
éliminer la souffrance, il faut éliminer la soif.
4) La
seule manière d’éliminer la soif est la Voie du Milieu, expérimentée par le
Bouddha, qui consiste en huit pratiques, le noble sentier octuple, dont voici
l’énoncé (que, rassurez-vous, je développerai par la suite) :
a)
Compréhension juste
b) Pensée
juste
c) Parole
juste
d) Action
juste
e) Moyens
d’existence justes
f) Effort
juste
g)
Attention juste
h)
Concentration juste
Le
prochain article portera sur la huitième pratique, la concentration juste, avec deux
types de méditations : la concentration sur le souffle et la méditation de
l’amour bienveillant, appelée metta-bhavana, que vous trouverez toutes deux
détaillées à l’adresse suivante : http://fr.wildmind.org/
Pour ceux qui aiment l’histoire et la géographie, le Bouddha,
dont le nom personnel était Siddharta et le nom de famille Gautama, vivait dans
le Nord de l’Inde au 6 ème siècle avant J.-C. Son père Suddhodana gouvernait le
royaume des Sakya (qui serait actuellement situé au Népal).
Le problème, comme dans beaucoup de religions, c’est que le Bouddha
n’a jamais rien écrit par lui-même. La transmission de ce qu’il a enseigné
s’est opérée oralement pendant quatre siècles environ avant que les suttas (recueils
de paroles attribuées au Bouddha) du canon pali (langue parlée autrefois en Inde)
ne commencent à prendre une forme écrite. Néanmoins, d’une certaine façon, cela
paraît beaucoup moins gênant pour une foi refusant de donner des précisions
métaphysiques que dans des religions qui prétendent que leurs livres sacrés
sont dictés par Dieu.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain
numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les
sériés télévisées américaines contemporaines. Amicales salutations !