samedi 2 décembre 2017

Vertige de la Kabbale.



Les quatre rabbins.


Cet article est la suite de celui-ci .

Un passage de la Kabbale met en garde contre le danger qu'il y a à se perdre dans ce vertige. Il dit « Tu expliqueras depuis le jour où Dieu a créé Adam sur la terre, mais tu n'expliqueras pas ce qui est en haut, ce qui est en bas, ce qui fut et ce qui sera. » Ce texte a l'air d'être énigmatique, il est pourtant très simple. Ce qui est en haut, ce qui est en bas concerne le mystère des origines du monde. Or ce mystère des origines du monde est celui-là même de la Kabbale, puisque celle-ci contient le Verbe de Dieu, le Verbe avec lequel Dieu a créé l'univers.

Les lettres avec lesquelles est écrite la Kabbale sont les mêmes que celles avec lesquelles Dieu créa le monde. C'est ce qu'enseigna Abraham Abulafia. La Kabbale, la Parole de Dieu, la tradition primordiale, se trouvait dès l'origine à côté de l'Architecte et celui-ci la fit descendre en bas pour faire naître toute chose. Les cathares disaient que Dieu avait envoyé son Fils pour restaurer la création qui était en train de périr sous l'assaut des forces du mal. Ils affirmaient également que Jésus était symbolisé par une lettre très secrète de l'alphabet sacré.

Le mystère des origines, celles de la Kabbale comme celles du monde, nous dépasse donc et il n'est pas facile de l'approcher. Avant de commencer, la Kabbale met en garde le chercheur. La Kabbale raconte deux histoires symboliques qui illustrent cette mise en garde.

L'expérience initiatique peut conduire à la mort ou à la folie.

Deux pages sont des plus frappantes.

1) «  Déjà, raconte la Kabbale, Simon Ben Zoma était en train d'errer. Rabbi Josué passa et le salua à deux reprises, mais il ne répondit pas. Alors Rabbi Josué lui dit : « Qu'y a-t-il donc Ben Zoma, d'où tes pieds t'ont-ils porté? » Et il lui fit cette réponse: « Je méditais. » Rabbi Josué s'écria : « Je prends les cieux et la terre à témoin que je ne bougerai pas d'ici avant que tu m'aies dit d'où tu viens. » L'autre répondit : « Je contemplai l'origine. Et j'ai compris que l'Esprit de Dieu ne soufflait pas sur les eaux primordiales comme on le raconte mais qu'il planait comme un oiseau. » Rabbi Josué se tourna alors vers ses disciples et il leur dit : « Ben Zoma s'en est allé ». 

Peu de temps après, comme il l'avait annoncé, Ben Zoma mourut. L'intrusion dans des domaines interdits est souvent, comme dans cet exemple, un présage de mort. Lorsque l'on rêve que l'on pénètre dans un monde inconnu et inaccessible, ou lorsque l'on contemple le mystère des origines, on est appelé par l'Au-Delà.

2) Quatre rabbins, quatre sages, entrèrent dans le Pardes. (Le Pardes, c'est le Paradis, c'est l'origine de lumière et de béatitude.) Ce furent Ben Azzaï, Ben Zomah, Aher et rabbi Aqiba. L'un contempla et mourut. L'autre vit et s'égara, on ne le retrouva plus. Le troisième contempla et il ravagea les plantations (il devint fou, détruisant tout sur son passage). 

Il n'y en eut qu'un qui s'éleva en paix et descendit en paix (qui reçut l'illumination et qui put pénétrer dans le Pardes). Sur quatre sages, un seul put réussir. L'expérience initiatique peut conduire à la mort ou à la folie, si elle n'est pas bien conduite, si elle ne se conforme pas au Verbe et au rituel, si elle néglige les avertissements que donne le Livre. Il s'agit bien plus que d'une mise en garde symbolique: les maux décrits dans ce texte sont bien réels, comme le montre la médecine psychosomatique qui soigne le physique, le corporel, à partir du psychique. Un choc psychologique auquel l'on n'est pas préparé peut conduire à la folie, tous les psychiatres le savent.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


Antiquité de la Kabbale.



Les manuscrits de la Mer morte.



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Les manuscrits de la Mer morte

La découverte des manuscrits de la Mer morte, ces fameux manuscrits qui furent trouvés il y a quelques dizaines d'années dans les grottes de Qumran, en Israël près de la Mer morte et de la forteresse de Massada, bouleversa plus d'un sceptique.

La secte des Esséniens qui s'était réfugiée dans le désert, dans ces grottes, constituait un ordre initiatique dont la tradition affirme que Jésus était membre, voire le chef occulte. Cette secte initiatique rappelle étrangement les cathares : même mise en commun des biens, même refus du monde, même charité et ressemblances étonnantes des rituels.

Il faut noter la surprise des archéologues et des historiens, lorsque de tels textes parvinrent entre leurs mains. Ce furent :

— des textes dits apocalyptiques, tels le Testament de Lévi. Apocalyptiques, c'est-à-dire évoquant à l'instar de l'Apocalypse de saint Jean la fin du monde et la résurrection;

— des textes ésotériques comme un Livre des Mystères qui nous reste énigmatique par bien des aspects;

— des textes que personne n'ose séparer de la Kabbale.

Les historiens les plus sceptiques ne peuvent que reconnaître qu'ils témoignent de l'existence de la tradition de la Kabbale à cette époque. On retrouve la même hiérarchie céleste, les mêmes anges, les mêmes noms secrets de Dieu, que dans le Zohar. Le fragment le plus impressionnant de ce texte met en scène des « chérubins » en train de bénir le « trône de Dieu ».

Gershom G. Scholem, le meilleur spécialiste actuel de la mystique juive, avoue qu'il est obligé d'écrire « Ces fragments suppriment tout doute au sujet d'une relation entre les plus anciens textes de la Merkabah (ou Merkavah) préservés à Qumran et le développement ultérieur du mysticisme. » La Merkabah, c'est le cœur mystique de la spéculation kabbalistique. C'est le char divin, ou le trône céleste, que la méditation des lettres de l'alphabet sacré finit par faire entrevoir à l'initié et qui lui révèle d'admirables secrets.

« Il les a suspendus au Dragon. »

Deuxième démonstration qui témoigne de l'antiquité de la Kabbale: elle s'appuie sur l'astronomie. Au chapitre VI d'un des livres kabbalistiques, le Sépher Yetsirah (le Livre de la création), on lit: « Les témoins fidèles sont: le monde, l'année, la personne et la loi est : 12, 7, 3. Il les a suspendus au Dragon, à la sphère et au cœur. » Le pronom « Il » désigne évidemment le Grand Architecte de l'Univers, le créateur de tous les mondes, la force qui nous dépasse. « Il les a suspendus au Dragon ». L'auteur entend évidemment que le Dragon est à l'univers ce que la sphère est à l'année, ce que le cœur est à la personne, c'est-à-dire la puissance impulsive de tout, le centre cosmique.

Il ne peut y avoir de doute, écrit l'occultiste Papus : le roi sur son trône, l'Architecte, le centre autour duquel gravite toute la cour des étoiles est l'étoile polaire. De nos jours encore, bien que nous sachions scientifiquement que cela n'est nullement exact, nous continuons de prendre l'étoile polaire pour centre de l'univers sidéral. L'étoile polaire est devenue un symbole mystique alors qu'elle représenta jadis une réalité remarquable du système sidéral. Cependant, si l'auteur du Sépher Yetsirah indique le Dragon comme centre, c'est, qu'à son époque, l'étoile polaire faisait partie de cette constellation. En effet, si nous suivons sur une carte céleste le cercle décrit par le pôle dans une période de 25000 ans, nous voyons que ce pôle, actuellement à proximité de l'étoile Alpha de la Petite Ourse, a gravité pendant toute l'époque s'étendant de l'an 2000 av. J.-C. jusque vers l'an 1000 de notre ère, dans un espace à peu près privé d'étoiles brillantes. Mille ans environ avant l'ère chrétienne, cette étoile marqua approximativement le pôle qui s'en éloignait progressivement pour arriver vers l'an 850 dans le voisinage qui a cours de nos jours.

Mais cela ne reste que d'un intérêt tout relatif si l'on poursuit le raisonnement. En remontant beaucoup plus loin, de 3500 à 2000 av. J.-C., nous constatons que le pôle ne coïncidant pas alors avec la constellation de la Petite Ourse dans laquelle il se trouve aujourd'hui occupait obliquement celle du Dragon. C'est vers l'an 2800 que le pôle fut le plus rapproché de la brillante Alpha du Dragon. Pendant toute la durée des quinze siècles qui séparent l'an 3500 de l'an 2000 ce fut cette étoile qui indiqua le pôle. Et à ce moment-là, le Dragon était le centre de tout l'univers. Le Sépher Yetsirah date donc nécessairement de cette époque.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.