lundi 23 mars 2020

Compte rendu du livre "Les princes de l'anti-sèche, ou « l'Art…de tricher en classe sans se faire prendre ! »" de Fanch Guillemin (1967) (troisième partie).





Un autre livre de Fanch Guillemin coécrit avec Stfane Laurens




J’avais déjà par le passé réalisé une bibliographie du magicien et historien de la magie Fanch Guillemin.

Aujourd’hui, je vous livre un compte rendu d’un de ses livres trop peu connu : "Les princes de l'anti-sèche, ou « l'Art…de tricher en classe sans se faire prendre ! »", Morlaix, Imprimerie Nouvelle, 1967.

Fanch m’a révélé qu’il avait réalisé cet ouvrage au service militaire ! En tout cas, c’est remarquablement bien écrit et intéressant pour les prestidigitateurs.

Le magicien Gaëtan Bloom s’en est inspiré pour inventer certaines tricheries scolaires du film Les Sous-doués de Claude Zidi.

Dans le chapitre 4 « Le grand Bartha ou le maître truqueur… », Fanch Guillemin nous décrit un écolier tricheur qui a inventé un système de tirage (exactement comme en prestidigitation).


En voici deux extraits :

«  Voilà mon truc... Le tirage part de mon pouce de pied, remonte dans ma chaussette, mon pantalon et ma chemise, descend dans ma manche et vient aboutir au creux de ma main où je peux feuilleter facilement mon carnet... Si jamais le prof' se radine vers moi, j'allonge en douce ma jambe sous la table, et l'anti-sèche disparaît entraîné dans ma manche par la ficelle qui se tend. Hocus Pocus ! Rien dans les mains, rien dans les poches ! Ça marche tout seul... Quand le maître s'éloigne, je replie ma jambe, je fais semblant de me gratter le bras, et j'en profite pour reprendre le carnet ; et le tour est joué... J'avais d'abord fait des essais avec un élastique attaché à la hauteur de mon coude, mais c'était pas pratique comme système, et le papier se déchirait. Comme ci, c'est au poil, et le mouvement de la jambe est camou­flé par la table... Qu'est-ce que vous en dites ?
    C'est pas mal, c'est pas mal ! admit Raton sin­cère. Seulement c'est trop compliqué. J'aime les cho­ses simples, moi !
    Et moi, j'en dis que c'est vachement ingénieux ! dit Bernard l'Ermite en se frottant le nombril d'un air extasié. Mais, dis-moi, Einstein, qu'est-ce que tu ferais si le prof' remarquait quelque chose de louche et s'il te demandait de relever ta manche ?
Le Grand Bartha se rengorgea et répondit senten­cieusement :
    Nous y arrivons, mon ami... Il n'y a pas de danger de ce côté-là, car si j'allonge bien mon pied l'anti-sèche remonte jusqu'au biceps. Et puis même, si j'ai envie, je peux attraper la ficelle à travers mon pantalon et tirer dessus jusqu'à ce qu'il tombe dans ma chemise. Personne ne fera gaffe à ce geste... »



« Les étranges préparatifs commençaient. Sans don­ner aucune explication, le Grand Bartha enleva son soulier gauche, ôta sa chaussette puis se noua soi­gneusement au gros orteil une ficelle souple d'un mètre cinquante de longueur. Après s'être rechaussé comme si de rien n'était, devant les témoins ahuris, il défit alors sa ceinture, baissa son pantalon, y intro­duisit la ficelle par le bras, tira dessus, la laissa pen­dre devant lui, et se reboutonna en conservant tou­jours le plus grand sérieux.
L'Ermite et Raton l'observaient en silence, se de­mandant vainement quel était le but de ce strip-tease imprévu. Ils auraient voulu parler, poser des questions, mais l'attitude flegmatique et noble du Grand Bartha les déroutait, les intimidait, et, pour un peu, ils auraient cru assister à la célébration d'un rite sacré en l'honneur de Siva ou du Vaudou.
Se souciant peu de ce que pouvaient penser ses amis, Jacques venait de se mettre torse nu. Il s'em­para de nouveau du bout libre du cordon, le tint fer­mement serré dans son poing gauche et recapela chemise, gilet et veston en se contorsionnant à la manière d'une danseuse de Bali.
— Il s'agit maintenant d'en régler la longueur, dit-il alors, daignant enfin s'apercevoir qu'il avait des spectateurs.
Et la démonstration se poursuivit. Le Grand Bartha s'assit à sa table, replia sa jambe gauche et tira sur la ficelle qui sembla s'allonger comme par magie. Après l'avoir coupée au niveau de sa paume, il en passa l'extrémité dans un trou pratiqué à l'un des coins du petit carnet, et y fit un solide nœud.
Le mécanisme était en place, et l'inventeur satis­fait arbora son sourire des grands jours. »

  


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.