Un autre livre de Fanch Guillemin coécrit avec Stfane Laurens
J’avais déjà par le passé réalisé
une bibliographie du
magicien et historien de la magie Fanch Guillemin.
Aujourd’hui, je vous livre un compte
rendu d’un de ses livres trop peu connu : "Les princes de
l'anti-sèche, ou « l'Art…de tricher en classe sans se faire
prendre ! »", Morlaix, Imprimerie Nouvelle, 1967.
Fanch m’a révélé qu’il avait réalisé cet
ouvrage au service militaire ! En tout cas, c’est remarquablement bien écrit et
intéressant pour les prestidigitateurs.
Le magicien Gaëtan Bloom s’en est
inspiré pour inventer certaines tricheries scolaires du film Les
Sous-doués de Claude Zidi.
Dans le chapitre 4 « Le grand
Bartha ou le maître truqueur… », Fanch Guillemin nous décrit un écolier
tricheur qui a inventé un système de tirage (exactement comme en
prestidigitation).
En voici deux extraits :
« — Voilà mon truc... Le
tirage part de mon pouce de pied, remonte dans ma chaussette, mon pantalon et
ma chemise, descend dans ma manche et vient aboutir au creux de ma main où je
peux feuilleter facilement mon carnet... Si jamais le prof' se radine vers moi,
j'allonge en douce ma jambe sous la table, et l'anti-sèche disparaît entraîné
dans ma manche par la ficelle qui se tend. Hocus Pocus ! Rien dans les mains,
rien dans les poches ! Ça marche tout seul... Quand le maître s'éloigne, je
replie ma jambe, je fais semblant de me gratter le bras, et j'en profite pour
reprendre le carnet ; et le tour est joué... J'avais d'abord fait des essais
avec un élastique attaché à la hauteur de mon coude, mais c'était pas pratique
comme système, et le papier se déchirait. Comme ci, c'est au poil, et le
mouvement de la jambe est camouflé par la table... Qu'est-ce que vous en dites
?
— C'est pas mal, c'est pas mal ! admit Raton
sincère. Seulement c'est trop compliqué. J'aime les choses simples, moi !
— Et moi, j'en dis que c'est vachement
ingénieux ! dit Bernard l'Ermite en se frottant le nombril d'un air extasié.
Mais, dis-moi, Einstein, qu'est-ce que tu ferais si le prof' remarquait quelque
chose de louche et s'il te demandait de relever ta manche ?
Le Grand Bartha se
rengorgea et répondit sentencieusement :
— Nous y arrivons, mon ami... Il n'y a pas de
danger de ce côté-là, car si j'allonge bien mon pied l'anti-sèche remonte jusqu'au
biceps. Et puis même, si j'ai envie, je peux attraper la ficelle à travers mon
pantalon et tirer dessus jusqu'à ce qu'il tombe dans ma chemise. Personne ne fera gaffe à ce geste... »
« Les
étranges préparatifs commençaient. Sans donner aucune explication, le Grand
Bartha enleva son soulier gauche, ôta sa chaussette puis se noua soigneusement
au gros orteil une ficelle souple d'un mètre cinquante de longueur. Après
s'être rechaussé comme si de rien n'était, devant les témoins ahuris, il défit
alors sa ceinture, baissa son pantalon, y introduisit la ficelle par le bras,
tira dessus, la laissa pendre devant lui, et se reboutonna en conservant toujours
le plus grand sérieux.
L'Ermite et Raton
l'observaient en silence, se demandant vainement quel était le but de ce strip-tease
imprévu. Ils auraient voulu parler, poser des questions, mais l'attitude
flegmatique et noble du Grand Bartha les déroutait, les intimidait, et, pour un
peu, ils auraient cru assister à la célébration d'un rite sacré en l'honneur de
Siva ou du Vaudou.
Se souciant peu de ce
que pouvaient penser ses amis, Jacques venait de se mettre torse nu. Il s'empara
de nouveau du bout libre du cordon, le tint fermement serré dans son poing
gauche et recapela chemise, gilet et veston en se contorsionnant à la manière
d'une danseuse de Bali.
—
Il s'agit maintenant d'en régler la longueur, dit-il alors, daignant enfin
s'apercevoir qu'il avait des spectateurs.
Et la démonstration se
poursuivit. Le Grand Bartha s'assit à sa table, replia sa jambe gauche et tira
sur la ficelle qui sembla s'allonger comme par magie. Après l'avoir coupée au
niveau de sa paume, il en passa l'extrémité dans un trou pratiqué à l'un des
coins du petit carnet, et y fit un solide nœud.
Le mécanisme était en
place, et l'inventeur satisfait arbora son sourire des grands jours. »
Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.