jeudi 5 septembre 2019

La puissance blessée dans un groupe.



Charles Rojzman.



Cet article est inspiré du livre « Savoir aimer en des temps difficiles, les trois combats » de Charles Rojzman et Nicole Rothenbühler. Il est la suite de celui-ci


On confond souvent le pouvoir et la puissance. Le pouvoir sur l'autre, la domination et la puissance... La puissance, c'est ce qui permet mon action en adaptation avec la réalité. Je suis puissant quand je peux agir sur le monde, imposer ma marque, montrer que j’existe et le prouver par mes actions. Sans cette puissance, je ne suis que le jouet des autres, leur victime parfois. Ballotté par la vie, au gré des vents qui me poussent ici ou là, je ne suis qu’une plume dérisoire, et on oublie vite que j'existe. J’oublie que j'existe.

Dans un groupe, cette blessure de la puissance s'exprime par un besoin frénétique de revanche, un manque d'empathie pour des gens qui ont du mal à parler, à communiquer, à se dévoiler. Face à eux et à leur fragilité, il y a un agacement, un rejet même. Le « blessé de la puissance » s'est fixé un objectif dont il ne veut à aucun prix se détourner. Personne ne doit se mettre en travers de son chemin. Ceux qui hésitent, les mous, les velléitaires, l'agacent, le gênent. Il ne composera pas avec eux. En réalité, c'est son propre sentiment d'impuissance qu'il ne veut pas voir et qu'il voit chez eux.

Face à l'autorité que nous représentons, nous les animateurs du groupe, il se mettra en compétition. Il ne voudra pas reconnaître l'autorité, cette autorité qui lui rappelle l'abus de pouvoir qui l'a blessé dans son enfance.

Adulte compétiteur, tout au fond de lui-même, il doute de ses capacités. Il doute de lui-même parce qu'il n'a pas été suffisamment valorisé, pas suffisamment vu. Il sent « qu'il doit en faire des tonnes », il est désormais sans limites, ou plutôt il ne veut pas avoir de limites. Il ignore aussi les limites des autres. Il doit en mettre « plein la vue» pour se donner l'impression qu'il existe et qu'il est important. Il se forgera une personnalité qui sera vue, y compris au détriment des autres. Lui seul doit exister, lui et son objectif. Il doit réparer, soigner cette puissance blessée.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Le manque d'amour de soi.



Un autre livre de Charles Rojzman.



Cet article est inspiré du livre « Savoir aimer en des temps difficiles, les trois combats » de Charles Rojzman et Nicole Rothenbühler. Il est la suite de celui-ci

Au fil des années, nous avons cherché à comprendre pourquoi les êtres humains n'arrivaient pas à s'entendre, à vivre et à travailler ensemble. En fin de compte, nous en sommes arrivés à la constatation que la cause principale de ces difficultés relationnelles si fréquentes et si pesantes, c'était le manque d'amour de soi.

L'amour de soi, ce n'est pas le contentement de soi. L'amour de soi ne s'exprime pas par l'arrogance, le sentiment de réussite, le succès, mais par une sérénité intérieure, une paix, un bonheur d'être vivant et actif.         

Cet amour de soi doit se conquérir, parce qu'il a été blessé. Blessé par les autres, blessés par la vie, blessé par ceux qui ont pour tâche de nous protéger et de nous éduquer.

Trois besoins fondamentaux vont marquer le développement relationnel de l'enfant : l'amour, la valorisation, la sécurité. La satisfaction de ces besoins représente un cadre général dans lequel l'enfant va grandir et découvrir progressivement le monde autour de lui. La manière dont les parents vont accompagner les premières expériences affectives et relationnelles de l'enfant va créer autant de potentiel que de talons d'Achille. Sans pouvoir en retrouver l'origine, certaines choses seront faciles à réaliser dans la vie d'adulte, comme l'agilité, la créativité, l'aisance générale, la capacité à surmonter les  défis, et d'autres seront moins faciles à mettre en pratique : parler devant un public, être bien dans son corps, surmonter les stress liés à l'inconnu, avoir confiance dans les autres ou en soi.

La puissance blessée

On confond souvent le pouvoir et la puissance. Le pouvoir sur l'autre, la domination et la puissance... La puissance, c'est ce qui permet mon action en adaptation avec la réalité. Je suis puissant quand je peux agir sur le monde, imposer ma marque, montrer que j’existe et le prouver par mes actions. Sans cette puissance, je ne suis que le jouet des autres, leur victime parfois. Ballotté par la vie, au gré des vents qui me poussent ici ou là, je ne suis qu’une plume dérisoire, et on oublie vite que j'existe. J’oublie que j'existe.

La puissance, c'est ce qui permet une action adaptée à la réalité. C'est un mouvement adapté à la réalité. Cette action rend possible le changement, la possibilité d'agir sur les événements, de sortir de situations difficiles, de créer du changement autour de soi, chez soi ou chez les autres, de créer un cadre pour changer.

Mais qu'est-ce qui fait qu'elle est absente ou si peu présente ?

L'environnement offre des possibilités d'action à l'enfant. Au moment où il passe à l'action, la manière dont réagissent l'environnement, ses parents, et l'école plus tard, va conditionner son développement. L'enfant expérimente la force, la voix, les mouvements. Cette expérimentation est nécessaire. Si l'enfant est confronté à des réactions violentes de son entourage, il va de plus en plus confondre la puissance avec le mal. Il va confondre le fait d'exprimer ses besoins, de mettre ses limites, ses préférences comme étant dangereuses pour son entourage. Il peut rendre sa mère triste, gêner son père, déstabiliser ses parents.

L'enfant va alors culpabiliser. Il y aura une confusion entre sa légitimité et le mal qu'il peut faire. Si l'enfant exprime sa puissance, il pourra être considéré comme méchant, inadapté. Il peut donc être humilié ou culpabilisé. C'est ce qui blesse la puissance.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.