jeudi 16 avril 2020

Exception dans le blog : un article sur le scandale de la reprise de l’Education Nationale le 11 mai.





  

Des couronnes pour un professeur mort du coronavirus. 



Le décret n° 2020-190 du 3 mars 2020 relatif aux réquisitions nécessaires dans le cadre de la lutte contre le virus covid-19  du 4 mars 2020 précise que tous les types de masques existant actuellement sont réquisitionnés jusqu’au 31 mai 2020 en faveur des personnels de santé. Les pharmaciens, par exemple, ont l’interdiction de les vendre à aucune autre personne.

Les professeurs, qui effectueront leur rentrée le 11 mai 2020 n’auront pas de masques, ni leurs élèves. Et ils continueront à mourir sous les yeux indifférents du Gouvernement et du Président de la République, comme l’atteste l’article suivant du Courrier picard, daté du 15 mars, qui à mon avis n’a pas été assez relayé dans les médias et auprès du public.



"CORONAVIRUS
  

Évaluation des élèves dans l’Oise: le professeur Caumes met les pieds dans le plat


Qui est le professeur Caumes?

Chef du service des maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière (où le premier Français, professeur à Crépy-en-Valois, est mort du coronavirus), Éric Caumes fait partie de ces nombreux toubibs à se succéder sur les plateaux de télé pour parler de la crise sanitaire.

Craignant un débordement des services hospitaliers, il avait prédit (sur LCI) une situation identique à celle de l’Italie, face au ministre de la Santé, Olivier Véran, le mettant mal à l’aise. Il fait donc aujourd’hui partie des médecins qui tirent la sonnette d’alarme.

Il estime surtout que les autorités de santé ont manqué de transparence concernant la propagation du virus dans les établissements scolaires de l’Oise.


 « C’est une bombe  », ne craint pas de dire le professeur Éric Caumes. Alors que les scolaires reprendront (progressivement) le chemin de l’école le 11 mai, ce médecin de renom, souvent considéré par ses pairs comme un lanceur d’alerte, estime que le danger est toujours là. Et même qu’on ne nous dit pas tout.

Invité mardi soir de « C dans l’air » sur France 5, le professeur évoque une «  enquête faite dans les écoles de l’Oise, dont on n’a pas beaucoup parlé ». Faisant allusion à « des échos », il affirme que les enfants testés « étaient assez fortement positifs ».

De mauvais augure alors que se profile la réouverture des établissements scolaires ? « On sait que c’est à l’école que ça s’amplifie le plus. Ça va recirculer rapidement parmi les enfants », explique le médecin au Courrier picard, au lendemain de cette intervention télévisée.

« On ne commence pas un déconfinement par là où on a commencé. Le problème c’est qu’on a toujours des malades et des chaînes de contamination », insiste le docteur, qui ne croit pas à une fin de la pandémie.

En effet oubliée dans le tumulte de la crise, l’enquête en question remonte à la première semaine de mars. Il s’agit plus précisément d’une consultation lancée par l’Agence régionale de santé (ARS) auprès de neuf communes classées au stade 2 de l’épidémie. Le but était de voir comment circule le virus dans le « cluster » de l’Oise.

« Les résultats n’ont jamais été publiés. Je sais pourtant en off que sur dix élèves d’une école, pris au hasard, quatre étaient positifs », poursuit le médecin, sur le mode de la défiance."


  

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


Extrait de mon livre sur un auteur révolutionnaire « Jean-Patrick Manchette, parcours d’une œuvre » (huitième partie) (La mort de l’amour).





  

Un autre roman de Jean-Patrick Manchette. 


En l’an 2000, j’ai publié un livre sur un auteur « révolutionnaire », Jean-Patrick Manchette.

Face à la crise que nous connaissons aujourd’hui, ses analyses sur notre société me paraissent être totalement d’actualité. Il  décrit des situations analogues à celle que nous vivons en ce moment : nous pouvons craindre la mort de l’amour. Voilà pourquoi, j’ai décidé de partager avec vous l’essentiel de mon étude sur cet écrivain à travers plusieurs articles de ce blog.



«  LA MORT DE L'AMOUR


Jamais sans doute auparavant un auteur de romans policiers n’avait autant abordé le thème de la sexualité, mais chez Manchette ce n’est que pour la dévaloriser et ridiculiser ses personnages. 

L’Amour est totalement absent de ses livres, il n’y a plus qu’une pulsion brutale et instinctive, en général destructrice pour les êtres humains. Ce parti pris thématique a deux fonctions connexes: coller à la réalité qui n’est pas celle décrite dans la littérature classique et faire réfléchir le lecteur au contenu même de ce qu’on désire lui faire croire. 

Trop souvent le roman classique n’est qu’une évasion hors de notre monde, un « opium du peuple » où tout est prétexte à clichés: héros séduisants, relations amoureuses toujours harmonieuses, fins heureuses (ils s’aiment et se marient). Même dans le polar réaliste façon Hammett ou Chandler, le privé est valorisé et a un grand pouvoir de séduction. Manchette ne veut pas de ces stéréotypes et se régale à les détruire. 

Il emploie pour cela quatre axes différents : il décrit l’immoralité et l’indifférence sexuelle de la bourgeoisie, il stigmatise la vulgarité de son langage dans ce domaine ; puis il fait un catalogue de toutes les déviances qui existent dans cette société en déliquescence pour finalement couronner le tout par une constatation de la nullité sexuelle de la plupart de ses héros.

Immoralité et indifférence sexuelle

Luce, la peintre, propriétaire du hameau dans Laissez bronzer les cadavres !, est d’une totale amoralité. Sont invités chez elle pendant les vacances son amant actuel, Brisorgueil, un avocat qui est en fait un truand, et son ancien amant, l’écrivain déchu Max Bernier. Elle fait l’amour sans vergogne avec deux des malfrats, d’abord avec Gros puis avec Rhino, pendant que les autres s’entretuent. En définitive elle ne recherche que le plaisir: pour elle les hommes sont interchangeables. Elle a par le passé organisé des concours de débauche qui se sont terminés tragiquement dans l’indifférence générale.

De même dans La Position du tireur couché, la journaliste italienne, qui a interviewé Terrier, couche avec un mercenaire, indifférente aux combats qui font rage alentour :

« Entre les départs d’artillerie, on entendait quelqu’un pousser des lamentations épouvantables, quelque part dans l’hôtel. Il semblait qu’on torturait un prisonnier. Mais, à mieux écouter, on comprenait qu’il s’agissait de la journaliste italienne qui s’envoyait en l’air avec un type. » (chap. 7)

La seule chose qui semble faire agir de nombreux personnages de Manchette est la jouissance immédiate dans un monde désespéré où l’on peut mourir à chaque instant. Les vieux principes de morale traditionnelle ou bien l’éthique personnelle en sont complètement absents. Les femmes trompent leurs maris ou leurs fiancés officiels (que ce soient Anne Freux ou Alphonsine Raguse), les hommes font de même (Georges Gerfaut). Cette recherche du plaisir peut même aller jusqu’à l’obsession. »


  

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.