jeudi 9 avril 2020

Une troisième manipulation de cartes : le filage ou échange.



   

Un des livres où j'ai commencé à apprendre la magie des cartes.



Cet article est la suite de celui-ci.

Robert-Houdin a écrit dans  « Comment on devient sorcier, les secrets de la prestidigitation et de la magie » : « Je ne connais rien d’aussi surprenant que l’effet d’une carte bien filée ». Une très bonne définition en a été donnée par Camille Gaultier dans « La Prestidigitation sans appareils » : « Filer la carte, d’après la théorie classique, c’est échanger, à l’insu du spectateur, la carte que l’on tient, seule dans la main droite, avec la première carte du jeu conservé dans la main gauche. »

Je trouve que le filage d’une carte est bien expliqué, dans un livre pour les tricheurs et les cartomanes qui s’intitule « L’expert aux cartes » publié en 1902, sous le nom d’« échange ». Curieusement, on n’en connaît pas l’auteur qui l’a signé sous le pseudonyme de S.W. Erdnase (sans doute une anagramme d’Andrews). Ce qui est certain, c’est qu’il était certainement à la fois un tricheur et un magicien. Voici donc un extrait de cet ouvrage expliquant comment effectuer échange ou filage :

« Les échanges

Sous cet en-tête général, je vais décrire plusieurs des meilleures méthodes pour échanger secrètement une ou plusieurs cartes séparées du jeu, par d'autres qui sont dans le jeu ou tenues dans l'autre main.

1. L'échange du dessus

Tenir le jeu dans la main gauche, face vers le bas, le pouce posé sur le dessus. Tenir la carte à échanger dans la main droite entre le bout du pouce et celui de l'index, le pouce sur le dessus, l'index sur le dessous. Rapprocher les deux mains pendant un instant d'un geste souple, les deux mains se déplaçant dans la même direction, mais une main plus rapide que l'autre. Dès qu'elles se rencontrent, le pouce gauche pousse la carte du dessus un peu vers le côté, la main droite place sa carte sur le dessus, et coince la carte saillante entre les bouts de l'index et du majeur. Le pouce gauche retient la carte qui se trouve maintenant sur le dessus, et la glisse en position sur le jeu.

En théorie, il semblerait que cette action soit très facile à détecter. En pratique, si l'artifice est bien réalisé, il s'avère presque impossible à voir. Le mouvement général des deux mains ne s'arrête pas dès que l'échange est fini, mais continue jusqu'à ce qu'elles soient de nouveau un peu séparées. Le mouvement doit être naturel, sous un prétexte quelconque, comme celui de poser la carte sur la table, ou de la donner à quelqu'un. On peut aussi masquer l'action en tournant un peu le corps pour que les mains se rejoignent naturellement. Le mouvement peut se faire dans la direction que l'on souhaite, vers l'intérieur ou vers l'extérieur, vers le haut ou le bas, vers la gauche ou la droite, une main suivant ou dépassant l'autre, mais elles ne doivent pas s'immobiliser tant qu'elles ne sont pas de nouveau séparées. »


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !


Pause dans le blog avec un compte rendu de l’ouvrage «Méditer pour agir» du psychothérapeute Lawrence LeShan (troisième partie).








Un autre ouvrage de Lawrence LeShan.



Dans le cadre de mon projet de publier un article chaque jour dans ce blog pour désennuyer les magiciens confinés, j’ai écrit sur un sujet totalement différent : la méditation (en plus abordée par un psychologue).

Lawrence LeShan est un des premiers psychologues à avoir pensé qu’il y avait des facteurs psychiques dans l’origine du cancer dans son livre « Vous pouvez lutter pour votre vie ». « Méditer pour agir » est le premier ouvrage que j’ai lu sur la méditation. Son titre m’avait fasciné : la méditation n’était pas quelque chose d’égoïste, de nombriliste. Elle pouvait aboutir à ce qui semble son contraire, l’action.

Voici des extraits du début du livre :

« Une efficience accrue dans la vie quotidienne

Les idées reçues ne sont nulle part aussi fausses que dans le domaine du mysticisme. On considère souvent le mystique comme un être rêveur coupé de ce monde-ci. C'est là une notion bien étrange, un peu comme si l'on trouvait qu'un athlète bien exercé dans un gymnase manquait de coordination psychomotrice. Dans toute forme de méditation, une bonne part du travail consiste à apprendre à faire une chose à la fois. Si l'on pense à quelque chose, y penser, sans être distrait par autre chose ; si l'on danse, simplement danser, sans y penser. Il est hors de doute que ce genre d'exercice élève le degré d'efficience de nos actions plutôt qu'il ne le diminue.

Accorder et entraîner l'esprit comme un athlète accorde et entraîne son corps est l'un des principaux objectifs de toutes les formes de méditation. C'est l'une des raisons fondamentales pour lesquelles cette discipline est un facteur d'efficience dans la vie quotidienne.

Il y a encore d'autres raisons. L'une d'elles repose sur une théorie de la réorganisation thérapeutique de la structure personnelle. « Si nous regardons profondément des modes de vie comme le bouddhisme ou le taoïsme, le vedanta ou le yoga, écrit Alan Watts, nous ne trouvons ni la philosophie ni la religion telles qu'on les entend en Occident. Nous trouvons quelque chose qui ressemble beaucoup plus à une psychothérapie. » A cet égard, le mysticisme et la psychothérapie occidentale atteignent le même but en suivant différents chemins. Si, atteint d'une sévère attaque d'anxiété, je vais chercher secours chez un psychothérapeute, celui-ci tentera d'abord de m'aider en explorant le contenu du problème : ce dont il s'agit, et le sens symbolique que cela prend à différents niveaux de la personnalité. Il travaillera sur la base de la théorie selon laquelle, dès lors que le contenu est réorganisé, et les éléments troublants portés à la conscience, ma structure personnelle se réorganisera de même, de façon plus saine et positive.

Mais, si la même crise anxieuse m'envoie consulter un spécialiste de la méditation, celui-ci tentera au premier chef de m'aider à renforcer et réorganiser la structure de mon organisation personnelle et sa capacité de fonctionner. Il me prescrira divers exercices à pratiquer en vue de renforcer la structure d'ensemble de cette organisation. Il travaillera sur la base de la théorie selon laquelle, dès lors que ces exercices rendent la structure plus forte et plus cohérente, le contenu gisant à un niveau non mental (c'est-à-dire le matériau réprimé, qui cause les symptômes) se déplace vers des niveaux adaptés et sera correctement réorganisé.

Les deux théories sont valables, et les deux approches « marchent ». Toutes deux sont sous-jacentes, aussi, à la pratique artistique, et il y a une bonne dose de non-sens à l'œuvre dans les pratiques mystique et thérapeutique. Peut-être pouvons-nous, en dernier recours, souhaiter une synthèse de ces deux disciplines, combinant les meilleurs traits de chacune, et écartant le raisonnement matérialiste et la superstition qu'on peut encore y trouver de nos jours. Une telle synthèse conduirait certainement à une méthode beaucoup plus efficace, mais, malheureusement, il y a aujourd'hui fort peu de recherches dans cette direction. Quelques psychologues et psychiatres, comme Arthur Deikman, ont mené leurs expériences en ce sens et accompli un excellent travail. On en est au stade du tout début. »

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !