jeudi 22 octobre 2015

Le bouddhisme tibétain, son développement en France, ses techniques d’initiation





Sogyal rinpoche, un grand maître tibétain, enseigne en France et y a fondé à Paris en 1981 un centre bouddhiste Rigpa



J’avais l’intention de rédiger un article sur les 37 conditions de l’Illumination (ce n’était déjà pas évident !) et je me suis rendu compte (comme d’habitude) que j’avais parlé des initiations de Sangharakshita au bouddhisme tibétain sans vraiment en détailler les mouvements et rendre compte de leurs représentations en France. Pour moi, ce bouddhisme est peu à peu devenu tellement complexe qu’il nécessite des explications claires et précises (je pense qu’il me faudra de nombreux articles de ce blog pour parvenir à seulement l’aborder).

Le bouddhisme tibétain a comme base les méthodes du Vajrayana. Elles sont établies dans ce pays au VIII ° siècle par Padmasambhava, surnommé le « deuxième bouddha ». Sa mission particulière à l'époque  consistait alors à dompter les démons locaux, en fait dans la pratique  à éradiquer la religion du pays, le Bön ! Il avait une méthode bizarre qui allait de l’utilisation de divers instruments du culte comme le Phurbu (un poignard que l’on plante dans le cœur d’une poupée) jusqu’à la pratique des techniques de méditation du Dzogchen (qui sera la doctrine principale de l’école tibétaine nyingmapa). Celles-ci ont été mises par la suite sur le papier et résumées par l’érudit Longchenpa (1308-1364), auteur des Sept trésors ou de La liberté naturelle de l’esprit, traduction par Philippe Cornu. Cette première vague d’expansion de la doctrine bouddhique à travers le Tibet prit fin vers le milieu du IX° siècle.

Après une ère de persécutions pour des raisons politiques, le bouddhisme connut dans ce pays une forme de renaissance au XI ° siècle. C’est à cette époque que naquirent notamment les écoles Kagyupa et Sakyapa. Une grande partie des Ecritures bouddhiques fut traduite en tibétain. A la fin du XIV ° siècle apparut l’école Gelugpa, la quatrième des grandes écoles du bouddhisme tibétain. 

Puis au XIX ° siècle a finalement été créé le mouvement Rimé, qui a entrepris de faire la synthèse des quatre grandes doctrines, inspiré au départ par Jamyang Khyentse Wangpo (1820-1892).

Chacune des grandes obédiences, mais aussi le mouvement Rimé, se caractérise par une manière particulière d’opérer la synthèse entre la théorie philosophique et l’application pratique à la méditation.

Pour l’instant, je mettrai en exergue pour la qualité de leur enseignement en France trois lamas de grande influence :

1) Un des plus grands maîtres existants du nyingmapa, Namkhai Norbu Rinpoche, enseigne régulièrement la doctrine du dzogchen dans des séminaires.

2) Dans la même lignée nyingmapa est aussi très présent Sogyal Rinpoche. Il a fondé en 1981 à Paris un centre Rigpa et a écrit en 1993 Le livre tibétain de la vie et de la mort, qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires à travers le monde.

3) Enseigne également dans notre pays un troisième lama, Dagpo rinmpotche, de l’école Gelugpa. Né en 1932, il a fondé les instituts Ganden Ling et Guépèle.

Le Dalaï-lama, très connu en France et dans le monde entier, est de l’école Gelugpa. A lire absolument son long entretien avec l’écrivain français Jean-Claude Carrière, La force du bouddhisme.

Aujourd'hui, les monastères bouddhistes tibétains se répartissent dans différents départements de l’Hexagone. Ils sont répertoriés par Philippe Cornu dans son très bon livre, Guide du bouddhisme tibétain.

A présent, venons-en à ce qui nous intrigue tous : quels sont donc les véritables pratiques des grands lamas tibétains ? Elles sont longtemps restées très secrètes du fait que la transmission s’opère presque uniquement de maître à élève, mais on peut en mettre en exergue deux : les six yogas ou « doctrines de Naropa » (naro chödrug) et la pratique de la  méditation du  Mahamudra. Dans cet article, nous allons nous contenter de rédiger une liste claire des «six doctrines de Naropa». Pour la petite histoire, elles furent enseignées à celui-ci par son maître Tilopa. Naropa transmit ensuite ce savoir au traducteur Marpa qui l’introduisit au Tibet au XI ° siècle.

Les six yogas correspondent à peu près toujours aux exercices suivants :

1) La production de la chaleur interne (Tumo)
2) L’expérience que notre propre corps est une illusion (Gyulu)
3) L’état de rêve (Milam)
4) La perception de la « Lumière claire » (Osel)
5) La théorie de l’état intermédiaire (Bardo)
6) La pratique de la transmission de pensée (Phowa)

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines contemporaines.

Amitiés à tous.

1 commentaire:

  1. Sur les bardos (états intermédiaires), on lira un appendice éclairant dans "Le yoga tantrique" de Julius Evola (traduit par Isabelle Robinet). La publication du Bardo Thödol (le Livre des Morts Tibétain) en 1927 a certes beaucoup fasciné mais le commentaire mérite attention.

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