Sogyal rinpoche, un grand maître tibétain, enseigne en France et y a fondé à Paris en 1981 un centre bouddhiste Rigpa
J’avais l’intention de rédiger un
article sur les 37 conditions de l’Illumination (ce n’était déjà pas évident !)
et je me suis rendu compte (comme d’habitude) que j’avais parlé des initiations
de Sangharakshita au bouddhisme tibétain sans vraiment en détailler les
mouvements et rendre compte de leurs représentations en France. Pour moi, ce
bouddhisme est peu à peu devenu tellement complexe qu’il nécessite des
explications claires et précises (je pense qu’il me faudra de nombreux articles
de ce blog pour parvenir à seulement l’aborder).
Le bouddhisme tibétain a comme
base les méthodes du Vajrayana. Elles sont établies dans ce pays au VIII °
siècle par Padmasambhava, surnommé le « deuxième bouddha ». Sa mission particulière à l'époque consistait alors à dompter les démons locaux, en fait dans la pratique à éradiquer la religion du pays, le Bön ! Il avait une méthode bizarre
qui allait de l’utilisation de divers instruments du culte comme le Phurbu (un
poignard que l’on plante dans le cœur d’une poupée) jusqu’à la pratique des
techniques de méditation du Dzogchen (qui sera la doctrine principale de
l’école tibétaine nyingmapa). Celles-ci ont été mises par la suite sur le papier et résumées par
l’érudit Longchenpa (1308-1364), auteur des Sept
trésors ou de La liberté naturelle de
l’esprit, traduction par Philippe Cornu. Cette première vague d’expansion
de la doctrine bouddhique à travers le Tibet prit fin vers le milieu du IX° siècle.
Après une ère de persécutions
pour des raisons politiques, le bouddhisme connut dans ce pays une forme de renaissance au
XI ° siècle. C’est à cette époque que naquirent notamment les écoles Kagyupa et
Sakyapa. Une grande partie des Ecritures bouddhiques fut traduite en tibétain. A
la fin du XIV ° siècle apparut l’école Gelugpa, la quatrième des grandes écoles
du bouddhisme tibétain.
Puis au XIX ° siècle a finalement été créé le mouvement
Rimé, qui a entrepris de faire la synthèse des quatre grandes doctrines, inspiré
au départ par Jamyang Khyentse Wangpo (1820-1892).
Chacune des grandes obédiences,
mais aussi le mouvement Rimé, se caractérise par une manière particulière
d’opérer la synthèse entre la théorie philosophique et l’application pratique à
la méditation.
Pour l’instant, je mettrai en
exergue pour la qualité de leur enseignement en France trois lamas de grande
influence :
1) Un des plus grands maîtres
existants du nyingmapa, Namkhai Norbu Rinpoche, enseigne régulièrement la doctrine
du dzogchen dans des séminaires.
2) Dans la même lignée nyingmapa est
aussi très présent Sogyal Rinpoche. Il a fondé en 1981 à Paris un centre Rigpa
et a écrit en 1993 Le livre tibétain de
la vie et de la mort, qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires à
travers le monde.
3) Enseigne également dans notre
pays un troisième lama, Dagpo rinmpotche, de l’école Gelugpa. Né en 1932, il a
fondé les instituts Ganden Ling et Guépèle.
Le Dalaï-lama, très connu en France
et dans le monde entier, est de l’école Gelugpa. A lire absolument son long
entretien avec l’écrivain français Jean-Claude Carrière, La force du bouddhisme.
Aujourd'hui, les monastères
bouddhistes tibétains se répartissent dans différents départements de l’Hexagone.
Ils sont répertoriés par Philippe Cornu dans son très bon livre, Guide du bouddhisme tibétain.
A présent, venons-en à ce qui
nous intrigue tous : quels sont donc les véritables pratiques des grands
lamas tibétains ? Elles sont longtemps restées très secrètes du fait que
la transmission s’opère presque uniquement de maître à élève, mais on peut en
mettre en exergue deux : les six yogas ou « doctrines de Naropa » (naro chödrug) et la pratique de la méditation du Mahamudra. Dans cet article, nous allons nous contenter
de rédiger une liste claire des «six doctrines de Naropa». Pour la petite histoire, elles furent enseignées à celui-ci par son maître Tilopa. Naropa transmit
ensuite ce savoir au traducteur Marpa qui l’introduisit au Tibet au XI °
siècle.
Les six yogas correspondent à peu près toujours aux exercices suivants :
1) La production de la chaleur
interne (Tumo)
2) L’expérience que notre propre
corps est une illusion (Gyulu)
3) L’état de rêve (Milam)
4) La perception de la
« Lumière claire » (Osel)
5) La théorie de l’état
intermédiaire (Bardo)
6) La pratique de la transmission
de pensée (Phowa)
Voilà. C’est tout pour
aujourd’hui. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du
dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines contemporaines.
Amitiés à tous.
Sur les bardos (états intermédiaires), on lira un appendice éclairant dans "Le yoga tantrique" de Julius Evola (traduit par Isabelle Robinet). La publication du Bardo Thödol (le Livre des Morts Tibétain) en 1927 a certes beaucoup fasciné mais le commentaire mérite attention.
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