Extrait du spectacle du mentaliste américain Harry Lorayne où il mémorise et restitue les noms de famille des spectateurs
Chers amis,
Cela fait maintenant beaucoup de temps que je n’ai pas publié dans ce
blog et je m’en excuse. J’étais plongé dans des recherches sur le bouddhisme et
l’hindouisme, sujets qui me passionnent. Si l’un de vous désire recevoir le
résultat de ces prospections qui sont très en dehors de la thématique de ce
blog, qu’il m’envoie un email à cette adresse : jgerault@free.fr et je me ferai un plaisir
de lui faire parvenir un fichier de synthèse et de répondre à ses questions par
rapport au texte que j’ai bâti en élaborant un résumé de mes lectures, de
conférences auxquelles j’ai assisté, de recherches sur Internet et de
réflexions personnelles.
Mais venons-en au sujet qui nous préoccupe, la mémoire. Je rappelle
que la plupart de mes conseils ont été transmis par des spécialistes de la
mnémotechnie, notamment Benoît Rosemont dans son « Mémento de la mémoire » et Vincent Delourmel, auteur de « Les dix secrets de votre mémoire ». Après avoir vu les différentes règles pour bien retenir, nous
allons aborder le cœur du problème pour certains, la mémoire au quotidien.
Faisons d’abord un petit résumé des quatre éléments que nous avons recensés
auparavant ; pour bien mémoriser, il faut :
1) De l’intérêt
2) De l’attention
3) De la volonté
4) De l’émotion
Si l’un de ces points vous manque, votre mémoire risque d’être prise
en défaut. Donc, avant toute chose, travaillez et, si soit votre intérêt, soit
votre attention, soit votre volonté, soit votre émotion sont défaillants, essayez
de combler cette lacune en effectuant des exercices (comme par exemple la
mémorisation d’un poème comme je l’avais proposé).
Choisissez un poème ou un
texte simple d’un auteur que vous aimez (intérêt), travaillez votre texte au
moins vingt minutes par jour (volonté) en restant concentré pendant ces vingt
minutes : décrochez le téléphone, n’allez pas boire un café, etc.
(attention). Dites votre texte à voix très haute (comme Flaubert le faisait
dans son gueuloir), chantez-le si vous aimez chanter, enregistrez-vous si vous
aimez les médias : faites tout ce que vous pouvez imaginer pour qu’il y
ait une émotion-plaisir en lisant ce texte et en le retenant. Ainsi, vous
progresserez comme tous les étudiants en mnémotechnie qui travaillent
régulièrement et s’améliorent au fil des jours.
Un des principes de la mnémotechnie que nous avons vu ensemble, et qui
va nous servir pour retenir les noms de famille, est de former un lien visuel
entre l’information que nous souhaitons mémoriser (le nom de la personne) et un
« indice de récupération » que nous créons (disons pour l’instant une
caractéristique physique de la personne qui sera le point de départ de notre
souvenir). Cet indice de récupération est appelé « crochet » en
mnémotechnie : on le nomme ainsi, de manière imagée, parce que nous allons
accrocher dessus, grâce à un lien visuel, l’élément à mémoriser. Et même, une
fois ce premier lien créé, on pourra y ajouter d’autres références sensorielles
qui seront autant de liens nouveaux. Plus il y en aura, plus l’information sera
facile à retrouver.
Le crochet que nous allons créer peut aussi être comparé à un
porte-manteau où nous accrochons un vêtement. Pour récupérer notre vêtement, il
nous suffit d’aller au porte-manteau qui, nous le savons, se trouve à tel
endroit à la maison. C’est exactement la même chose que nous allons faire.
Lorsque vous voudrez récupérer ce que vous avez mémorisé, il vous suffira
d’aller auprès de votre crochet pour voir ce qui y est suspendu.
S’agissant de notre thème d’aujourd’hui, les noms de famille, la
difficulté vient du fait que le crochet n’est pas dans un endroit défini (un
nom de famille est par nature abstrait, n’a pas une signification propre et
n’est a priori relié à aucun concept, chose ou mot connus). Il faut donc
totalement inventer le crochet et, pour le lier de manière indubitable avec la
personne concernée, il vous faudra retenir un élément caractéristique de la
personne (le plus souvent physique mais pas toujours). Voici quatre exemples
pour une meilleure compréhension :
1) Si vous rencontrez la personne dont vous voulez retenir le nom dans
une soirée et qu’il y a énormément d’invités, jouez la carte de la simplicité
et choisissez un élément physique de la personne.
2) En revanche, si vous rencontrez la personne dans un bureau fermé,
pour un rendez-vous professionnel, vous pouvez mémoriser un des éléments du
bureau de votre interlocuteur, par exemple un tableau de valeur accroché au
mur, une photo de famille sur sa table ou un souvenir qu’il a rapporté de
l’étranger, etc.
3) S’il s’agit d’un de vos fournisseurs dans le cadre professionnel,
vous pouvez utiliser l’image de l’article-phare qu’il propose dans son
catalogue.
4) Si c’est un commerçant chez qui vous allez relativement souvent,
visualisez l’image de l’intérieur de sa boutique.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive, c’est à vous de créer
d’autres types de crochets grâce à la puissance de la plus incroyable des
facultés psychiques, l’imagination.
Cet élément-clé, ce crochet, doit être quelque chose de concret, naturellement
plus simple à visualiser (ce qui est l’essentiel de la technique) qu’un élément
abstrait. Il ne doit pas non plus faire l’objet d’un doute ! Vous devez à
tous les coups pouvoir le retrouver immédiatement : par exemple, un
bouquet de fleurs, l’intérieur de sa boutique, pourront être des crochets pour
retenir le nom de votre fleuriste, et la tour Montparnasse le crochet vous
permettant d’associer le nom d’un de vos clients qui y possède un bureau.
Le plus difficile est de trouver un crochet lorsque l’on vous présente
une personne en dehors de tout contexte particulier. Il faut alors créer un
crochet sur la personne elle-même. Utilisez un élément physique
caractéristique. Pour cela, il faut bien observer l’individu en question et
choisir quelque chose qui le distingue des autres convives à ses côtés. Evitez
par exemple d’utiliser l’image d’un de ses vêtements, car votre crochet ne
serait valable que le jour de votre rencontre.
Il faut observer les moindres détails physiques de l’être humain que
vous avez en face de vous : la forme de sa tête, de son visage, de son
front, la longueur ou la largeur de ses sourcils, ses yeux petits ou grands,
globuleux ou enfoncés, bleus, verts, marron ou autres, le nez petit, grand,
fin, courbé, cassé, etc. Passer en revue ces détails vous aidera à faire
attention à la personne que vous venez de rencontrer et à lier plus fortement son
nom. Plus vous créez de liens annexes, plus l’image s’imprimera dans votre
mémoire.
A présent que vous avez en tête l’élément caractéristique de la
personne qui vous fait face, le « crochet », il faut créer l’image du
nom de famille, afin de la lier à la personne. Si vous êtes amateur de jeux de
mots (calembours, rébus, etc.), ce sera simple, évident pour vous. Sinon,
laissez-vous guider par votre instinct (tout le monde en a un !). Deux
possibilités s’offrent à vous :
1) Le nom de famille en lui-même évoque quelque chose pour vous. C’est
donc facile. Si la personne s’appelle Monsieur Boulanger, Madame Colombe ou Mme
Dupalais, il vous suffit de créer l’image correspondante : un boulanger,
une colombe ou un palais.
2) Autrement, il va vous falloir découper le mot en entités de sens comportant
une ou plusieurs syllabes. Si vous souhaitez retenir le nom de George Clooney, vous
pouvez imaginer deux George pour mémoriser le jeu de mots, « George
Cloné » ou alors lui ajouter un nez rouge pour récupérer dans votre
mémoire « George Clowné » ou encore lui planter un clou au travers du
nez pour voir « George Clou-nez » (deux syllabes équivalent alors à
deux unités de sens différentes).
N’ayez pas peur de ce que vous appelez le ridicule ! Vous êtes le
seul à avoir l’image en tête, donc vous pouvez visualiser absolument tout ce
que vous voulez. Et bien sûr, ne tenez pas compte de l’orthographe. Il s’agit
ici d’être capable de dire et retenir le nom. L’écriture est un autre problème.
Il est possible de mémoriser l’orthographe précise des mots mais cela encombre
la mémoire, et ce n’est pas ici notre propos.
En dernier ressort, que faire si vraiment l’on n’arrive pas à découper
le nom en syllabes signifiantes ? Il faut l’énoncer à haute voix en
chantonnant. C’est ce qu’Adrien Bullas, mon premier maître en mnémotechnie,
appelait « le chant des syllabes » dans son livre génial « Un secret pour mémoriser toutes les dates ». Ânonnez chaque syllabe en
chantant et trouvez-lui un sens. Vous verrez, ce n’est pas si difficile que
vous ne pensez. Prenons un exemple apparemment peu évident : Monsieur
Papandréou. Si l’on énonce le nom à haute voix en chantonnant, on peut le
découper en quatre mots comme dans un rébus : pape-hand-raie-houx. Si vous
imaginez le pape en train de jeter un ballon de hand-ball sur une raie (le
poisson) à laquelle est attachée du houx, vous allez obtenir une image qui
viendra marquer votre esprit.
C’est un cas difficile du fait de l’utilisation obligatoire de quatre
images (une par syllabe) pour visualiser le nom mais le jeu en vaut la
chandelle. N’oubliez pas que cette astuce n’est destinée finalement qu’à
améliorer la mémoire à long terme du nom. Ainsi, si vous devez revoir la
personne, il vous suffira peut-être de vous rappeler le début du nom découpé « Pape-hand »
et vous saurez instantanément la suite.
Maintenant, nous allons faire la synthèse de notre exemple d’aujourd’hui :
prenez conscience que vous avez à présent tous les éléments pour associer le
nom de famille, Papandréou, à la personne voulue. Visualisez d’abord l’image
que vous avez créée à partir du nom : un pape en train de jeter un ballon de
hand-ball, etc. Si Monsieur Papandréou est votre fleuriste, vous pouvez voir
par l’esprit une scène étrange où, dans
sa boutique, se trouve un balcon, semblable à celui du haut duquel le pape
bénit la foule. Seulement, au lieu de bénir la foule, le pape jette un ballon
de hand-ball. La foule s’écarte et le ballon vient écraser une raie géante qui
se trouvait place Saint-Pierre. Celle-ci d’ailleurs est particulière car elle
est ornée de houx !
Vous voilà avec une image, une histoire en fait, originale, amusante,
qui restera gravée dans votre mémoire, vous permettant d’appeler à chaque fois
votre fleuriste par son nom !
Un conseil, pratiquez beaucoup pour avoir un bon résultat : par
exemple, en regardant un film ou une série à la télévision, fixez votre esprit
sur un des protagonistes dès qu’il apparaît et essayez de créer une image à
partir de son nom et de la lier avec un trait de son physique pour débuter vos
expériences. Evaluez le résultat : est-ce que vous vous vous souvenez du
nom du personnage une semaine après ? En pratiquant, vous verrez tout de suite
ce qui est à faire et ce qui ne l'est pas ! Surtout, rappelez-vous
toujours le principe de base, il faut « voir » et non
« intellectualiser ». Un petit truc très simple pour commencer :
fermez les yeux pendant votre film, le temps que vous désirez, au moment où vous
créez votre image à partir du nom du personnage. Cela vous aidera beaucoup pour
votre visualisation.
Une anecdote pour vous encourager ou vous décourager (selon que vous
êtes optimiste ou pessimiste) : le mnémoniste américain Harry Lorayne,
auteur de plusieurs livres sur la mémoire (son principal ouvrage sur le sujet traduit en français s'appelle "Développez une mémoire exceptionnelle !) demande en entrant sur scène le nom de famille de chaque spectateur et il est capable à la fin de son spectacle
de redire l’ensemble de ces noms.
En ce qui concerne les procédés des différents mnémonistes pour
retenir les noms de famille, vous pouvez vous référer au Wikipédia en
anglais :
La suite de ces conseils sur la mémoire au prochain numéro comme dans
les romans-feuilletons d’autrefois ou les séries américaines d'aujourd’hui. Amitiés
à tous !