Le film Svengali.
Cet article est la suite de celui-ci.
La grand hypnothérapeute Milton
Erickson a montré combien la confusion permet d'ouvrir une fenêtre vers
l'inconscient. Il fut sensibilisé sur ce point un jour où, ayant bousculé
quelqu'un, il lui dit en regardant sa montre : « 16 h 15. » L'homme n'avait
rien demandé et nous étions le matin. Alors qu'il s'éloignait Milton Erickson
remarqua que l'homme resta un moment comme pétrifié, en état de transe.
Dans une émission, Derren Brown
va se faire payer les gains d'une course de lévriers alors qu'il possède le
mauvais ticket. Il se dirige vers la guichetière et il affirme qu'il a le bon
ticket. Le chien numéro 4 a gagné, alors qu'il possède le numéro 2. Il tape sur
l'encadrement du guichet pour créer une confusion en affirmant et en accentuant
deux syllabes : « This is the dog you're looking for. That's why we came to this window. » (« C'est le chien que vous cherchez. C'est pourquoi nous
sommes venus à cet emplacement. ») « For » sonne comme «four » (« quatre » en
anglais, le numéro du chien qui a gagné la course). « Win» signifie gagner. La
guichetière va payer, l'action est rapide, le gain peu important, l'usage ici
du saupoudrage est crédible.
Lorsque l'on a compris le
système, il est aisé de le repérer, mais Derren Brown est malin. Il existe des
cas où la technique est peu crédible ou alors tellement improbable qu'on peut
légitimement se demander s'il ne s'agit pas d'un simple leurre destiné à
brouiller la piste de ceux qui connaissent le saupoudrage. C'est tout l'art de
Derren Brown d'avoir créé un niveau de confusion suffisamment puissant pour
donner l'impression d'utiliser saupoudrage, ancrage ou autre rupture de pattern
à des niveaux d'une telle puissance qu'on peut soupçonner l'usage de la
suggestion post-hypnotique ou même d'un truquage. Il nous a prévenu : « Je suis
honnête dans ma malhonnêteté. »
« Peut-on assassiner avec l'hypnose ? » Derren Brown veut
s'inscrire dans son époque et être l'artiste qui nous interpelle sur la
puissance de l'influence. Il existe chez l'hypnotiseur de scène un syndrome,
celui de croire à sa toute-puissance. La tentation est grande et l'illusion
forte de croire qu'on a un réel pouvoir, lorsque tous les soirs, des dizaines
de personnes succombent à la puissance hypnotique du fascinateur. D'ailleurs,
Messmer ne se fait-il pas nommer fascinateur plutôt qu'hypnotiseur ?
La grande question autour des dangers
de l'hypnose est depuis toujours : « Peut-on créer un assassin sous hypnose ? »
Le 6 juin 1968, le frère du président, le sénateur Robert F. Kennedy est
assassiné à Los Angeles par Shiran Shiran. L'accusé affirme n'avoir aucun
souvenir et son avocat plaide qu'il est sous contrôle mental, une
hypno-programmation.
Derren Brown va tenter de créer
un « assassin hypnotique ». Non seulement le sujet va tirer sur la cible
humaine mais il va tout oublier même lorsqu'on lui montre ensuite les vidéos de
son triste exploit.
L'idée est donc de prendre un
quidam ordinaire et d'en faire un assassin. Le public est convié à l'émission
sans être sélectionné et parmi ce public qui semble être un petit échantillon
de la population, quelqu'un va être choisi pour devenir un assassin. L’hypothèse
de base est ainsi formulée et semble attester qu’il est possible de fabriquer
par milliers des assassins sous hypnose.
Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.
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