Sans commentaire.
Ce texte est l'introduction de
Mathers à sa
traduction anglaise de la Qabalah
Denudata de Knorr von Rosenroth, traduction latine, publiée en 1684, d'un
ouvrage original hébreu, le Sefer Ha
Zohar. L'ouvrage de Mathers est paru à Londres en 1888.
Mathers fut un des fondateurs de
l'Ordre hermétique de la Golden Dawn en 1888.
Introduction
Les premières questions que le
lecteur non initié à la Qabalah va certainement poser sont : Qu'est la Qabalah
? Qui en est l'auteur ? Quelles en sont les diverses branches ? Quels en sont
les enseignements ? Et pourquoi une traduction est-elle nécessaire à l'époque
actuelle ?
Je répondrai tout d'abord à la
dernière question. A notre époque, se répand au sein de la société le puissant
courant de la philosophie occulte ; Les hommes qui réfléchissent commencent à
s'éveiller au fait qu’« il y a plus de choses dans les cieux et sur la
terre que ce qui peut en être rêvé par leur philosophie » ; Et, surtout,
on pressent que la Bible, qui fut sans aucun doute plus mal comprise que
n'importe quel autre livre jamais écrit, contient de nombreux passages obscurs
et mystérieux qui sont inintelligibles sans quelque clé pour en dévoiler le
sens. Cette clé est donnée par la qabalah.
Ainsi, ce travail devrait être
d'un certain intérêt à tous les étudiants en bibliologie ou en théologie.
Chaque chrétien doit se poser la question : « Comment puis-je prétendre
comprendre l'Ancien Testament si je suis ignorant de la méthode de construction
appliquée par ce nation dont les livres sacrés en constituent le fondement ; et
si je ne connais pas la signification de l'Ancien Testament, comment puis-je
m'attendre à comprendre le Nouveau ? ».
Si la véritable et sublime
philosophie de la Bible pouvait être mieux appréhendée, il y aurait sans doute
moins de fanatiques et de sectaires. Et qui peut calculer l'étendue des dégâts
occasionnés aux personnes impressionnables et excitables par les bigots qui se
présentent toujours en tant qu'éducateurs du peuple ? Combien de suicides ne
sont pas le résultat de manies et de dépressions religieuses ? Quelle quantité
de non-sens sacrilèges n'a pas été promulguée comme véritable sens aux livres
des Prophètes et de l'Apocalypse ? Si l'on prend la traduction des textes
sacrés hébreux - qui est incorrecte sous bien des aspects - comme fondement, et
un esprit déséquilibré et enflammé comme maître d'œuvre, à quelle sorte
d'édifice peut-on s'attendre comme résultat? Je le dis sans crainte aux
fanatiques et aux bigots de notre époque : vous avez fait choir le Sublime et
l'Infini de son trône, et à Sa place vous avez placé des forces maléfiques
infinies ; vous avez substitué un dieu de désordre et de jalousie à un Dieu d'ordre et d'amour ; vous avez perverti
les enseignements du Crucifié. De sorte qu'à l'époque actuelle, une traduction
en anglais de la Qabalah est absolument nécessaire, car le Zohar n'a jamais été
traduit dans la langue de ce pays, ni, pour autant que j'en sois conscient,
dans tout autre langage vernaculaire d'Europe.
La Qabalah peut être définie
comme étant une doctrine ésotérique juive. On la nomme en hébreu Qabalah, qui
est dérivé de la racine Qibel, signifiant « recevoir ». Cette
appellation se réfère à la coutume de transmettre la tradition ésotérique
oralement, et est très proche de "tradition".
Etant donné que, dans ce présent
travail un grand nombre de mots en hébreu ou en chaldéen doit être utilisé dans
les textes, et que le nombre de personnes ayant une culture du langage
sémitique est réduit, j'ai pensé qu'il serait préférable d'en donner une
version en caractères romains, en respectant scrupuleusement l'orthographe. Je
joins donc une table montrant de manière synoptique les alphabets usuels hébreu
et chaldéen (commun aux deux langues) avec les caractères romains par lesquels
j'ai exprimé ces lettres dans ce travail ; ainsi que leurs noms, leurs pouvoirs
et leurs valeurs numériques.
Il n'y a pas de caractère
numérique distinct en hébreu et en chaldéen ; par conséquent, comme c'est
également le cas en grec, chaque lettre à une valeur numérique propre et il en
résulte le fait important que chaque mot
est un nombre, et chaque nombre est un mot. Il y est fait allusion dans
l'Apocalypse où le nombre de la bête est mentionné et c'est sur cette correspondance
entre les mots et les nombres qu'est basée la science de la Guematria (la
première branche de la Qabalah littérale). Je reviendrai sur ce sujet ensuite.
J'ai choisi la lettre romaine Q pour représenter la lettre hébraïque Qoph ou
Koph, dont on peut trouver le précédent pour l'utilisation dans le
« Livres Sacrés de l'Orient » de Max Müller. Le lecteur doit se
rappeler que l'hébreu est presque entièrement un alphabet à consonnes, les
voyelles étant pour la majeure partie fournies par des points et des marques
placées habituellement sous certaines lettres.
En ce qui concerne l'auteur et
l'origine de la Qabalah, je ne puis faire mieux que de fournir le passage
suivant tiré de « Essai sur la Qabalah » du Docteur Christian Ginsburg,
en mentionnant que ce mot a été écrit de diverses manières : Cabala, Kabalah, Kabbala, etc. J'ai adopté
Qabalah, car c'est plus en consonance avec l'écriture hébraïque du mot.
« Un système de philosophie
religieuse, ou, plus proprement, de théosophie, qui a non seulement exercé
pendant des milliers d'années une extraordinaire influence sur le développement
mental d'un peuple tel que les Juifs, mais qui a captivé l'esprit des plus
grands penseurs de la Chrétienté des XVI ème et XVII ème siècles, doit attirer
la plus grande attention des théologiens et des philosophes. Quand on ajoute
que parmi ses adeptes, il y eut Raymond Lulle, le célèbre métaphysicien
scolastique et chimiste (mort en 1315) ; Jean Reuchlin, le scolastique renommé
et résurrecteur de la littérature orientale en Europe (1455-1522) ; Jean Pic de
la Mirandole, le fameux philosophe et scolastique classique (1463-1494) ; Henri
Corneille Agrippa, le distingué philosophe et physicien (1486-1535) ; Jean
Baptiste von Helmont, un remarquable physicien et philosophe (1574-1637) ; le
Docteur Henry More (1614-1687) ; et tous ces hommes, qui après des recherches
sans aucun répit quant à un système scientifique qui leur dévoilerait les plus
profonds des insondables secrets de la nature, et leur montrerait les liens
réels qui unissent toutes choses entre elles, ont été satisfaits par cette
théosophie, l'attraction par la Qabalah de l'attention des étudiants en
littérature et en philosophie sera facilement admise.
Cette attraction de la Qabalah
n'est cependant pas limitée à ces hommes de littérature et à ces philosophes ;
le poète également trouvera en elle le matériel suffisant pour l'exercice de
son génie. Comment pourrait-il en être autrement d'une théosophie qui, nous en
sommes sûr, est née de Dieu au sein du Paradis, fut élevée et protégée par les
hôtes les plus choisis des cieux, et seulement entretenue avec les plus saints
des enfants des hommes sur la terre. Ecoutez l'histoire de sa naissance, de son
développement et de sa maturité selon ses adeptes.
La Qabalah fut enseignée par Dieu
Lui-même à une compagnie choisie d'anges, qui formait une école théosophique au
Paradis. Après la Chute, des anges communiquèrent très gracieusement cette
doctrine céleste aux enfants obéissants de la terre afin de fournir aux
protoplasmes les moyens de retourner à leur noblesse et félicité pristine.
D'Adam elle passa à Noé et puis à Abraham, l'ami de Dieu, qui émigra avec elle
en Egypte où les patriarches autorisèrent qu'une parcelle de cette doctrine
mystérieuse soit communiquée à l'extérieur. C'est de cette manière que les
Egyptiens obtinrent une connaissance de la Qabalah et que les autres nations orientales
purent l'introduire dans leurs propres systèmes philosophiques.
Moïse, à qui fut enseigné toute la sagesse de
l'Egypte, fut d'abord initié à la Qabalah dans le pays de sa naissance, mais il
devint encore plus efficace lors de la marche dans le désert, quand non
seulement il se voua à la Qabalah pendant ses heures de loisirs durant 40
années, mais encore reçu des leçons d'un des anges. Par l'aide de cette science
mystérieuse, celui qui donna la Loi au peuple Hébreu, fut capable de résoudre
les difficultés qui surgirent lors de la conduite des Israélites, et ce en
dépit des guerres et de la misère de la nation. Il cacha les principes de cette
doctrine secrète dans les quatre premiers livres du Pentateuque. Moïse initia
également les 70 Anciens aux secrets de cette doctrine et ils la transmirent à
leur tour de mains en mains. De tous ceux qui formèrent la chaîne continue de
la tradition, David et Salomon furent les plus profondément initiés à la
Qabalah. Aucun, cependant, n'osa la coucher sur le papier, jusqu'à Siméon Bar
Yochaï, qui vivait aux temps de la destruction du second Temple... Après sa
mort, son fils, Rabbi Eléazar et son secrétaire, Rabbi Abba, ainsi que ses
disciples, collectèrent les traités de Siméon Bar Yochaï et composèrent le
célèbre ouvrage, Zohar, la Splendeur, qui est le grand recueil du
Kabbalisme. »
La Qabalah est habituellement classée en 4 branches :
(a) La Qabalah
pratique;
(b) La Qabalah
littérale;
(c) La Qabalah
non-écrite;
(d) La Qabalah
dogmatique.
Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.