Une poubelle
Je viens de lire un livre que j’ai
trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la
Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers divers articles de
ce blog. Il s’agit de « Ma
Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz
Perls.
Cet article est la suite de celui-ci.
Voici le résumé de ce livre.
Chaque
individu a deux systèmes qui lui permettent d'être en contact et de communiquer
avec le monde. L'un est constitué par les sens, c'est le système sensoriel, la
conscience, les moyens de découverte, un système qui existe afin de s'orienter.
Ce système ne
conduit pas à l'intérieur de façon réflexe. Les images ou les bruits du monde
ne pénètrent pas en nous automatiquement, mais de façon sélective. Nous ne
voyons pas ; nous cherchons des yeux quelque chose, nous fouillons du regard,
nous scrutons. Nous n'entendons pas tous les sons du monde, nous écoutons.
Si l'image du
premier plan est très saillante, si nous sommes fascinés par le spectacle ou
par certains sons, l'arrière-plan retombe dans l'oubli.
La même chose
s'applique au système moteur, au système musculaire, avec lequel nous
abordons, saisissons, détruisons le monde, jouons avec et lui faisons face.
Les deux
systèmes coopèrent et sont interdépendants. Quand nous regardons, nous remuons
les globes oculaires et la tête. En écoutant, nous relevons la tête et la
tournons dans la direction d'un bruit ; nous pouvons même nous forcer à voir et
à entendre.
Notre
pseudo-division — nous avons affaire, en réalité, à un ensemble coopératif — en
système d'orientation et en système de maîtrise, nous fournit à présent une
meilleure orientation à l'égard de la relation de l'homme à sa culture. L'homme
a développé les deux systèmes. Pour mieux s'orienter, on a inventé le
microscope et le télescope, les cartes et le radar, la philosophie et les
encyclopédies, etc. Pour mieux réussir à faire face, nous avons inventé
symboles et langage, outils et machines, ordinateurs et courroies
transporteuses, etc.
L'accroissement,
de loin, le plus important du potentiel de l'homme a été la découverte de la
rationalité, y compris la logique, la mensuration et autres jeux de nombres.
Également important a été l'usage, bon ou mauvais, de son imagination :
inventions au service de la construction comme de la destruction, art qui
enrichit ou avilit les relations de l'homme avec la beauté. Les religions et
les codes moraux destinés à libérer ou à restreindre les interactions des
hommes apparaissent comme un mélange d'imagination et de rationalité. Il faut
nier catégoriquement tout caractère absolu du bien comme du mal.
Le Grand Chef.
— Qu'est-ce que tu fais là à rêver ? Je sais que tu mijotes quelque chose à
propos d'éthique.
Le sous-fifre.
— Oui, en effet. Mais il est minuit et je suis fatigué.
Le Grand Chef.
— Eh bien, va te coucher !
Le sous-fifre.
— Pas le courage. J'aimerais bien casser la croûte.
Le Grand Chef.
— Pauvre Fritz ! Si j'ai le temps, demain, je te plaindrai !
Le sous-fifre.
— Gros malin ! Je sais que je n'avais qu'à ne pas me fourrer là-dedans, mais
imagine un peu si l'on avait des films et des enregistrements de Freud, de Jung
et d'Adler, est-ce que ça ne serait pas intéressant ? On n'en serait pas à essayer
de deviner ce qu'ils ont voulu dire, à ne s'appuyer que sur des descriptions
verbales. Tu sais pas, Grand Chef, je commence à me sentir plus à l'aise avec
toi. Désormais, je vais t'appeler G.C., et moi S.F., et nous allons pouvoir
causer.
G.C. — D'accord.
Et maintenant, parle-moi un peu de tes « lecteurs » ?
S.F. — Je
pourrais t'attribuer une grande partie de ce qu'ils disent. Tu es moi, de toute
façon, et le lecteur aussi, probablement, puisqu'il existe surtout dans mon
imagination.
Voilà. C’est tout pour le moment comme
dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième
siècle. Amitiés à tous.