Fritz Perls
Je viens de lire un livre que j’ai
trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la
Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de
ce blog. Il s’agit de « Ma
Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz
Perls.
Cet article est la suite de celui-ci.
Voici le résumé de ce livre.
J'en ai marre.
Jetons carrément toute la poubelle dans une super-poubelle et finissons-en.
Le Grand Chef.
— Fritz, tu ne peux pas faire ça ! Encore un manuscrit inachevé ! Lecteurs ou
pas, éditeurs ou pas, tu as eu du plaisir, des aperçus nouveaux, des
découvertes. Et si les autres en profitaient ?
Le sous-fifre.
— Ce n'est pas la question. Je deviens obsédé par les mots et je commence à les
choisir. Ce que je vois, sens et me rappelle est exprimé d'un point de vue
d'écrivain. Ce matin, je me suis senti proche de la folie. Les mots
grouillaient partout sur moi comme des termites.
Le Grand Chef.
— Je suggère d'autant plus que tu continues. Tu as eu des moments où les mots,
les sentiments et les pensées se présentaient d'un seul tenant, sous une forme
poétique. Si tu es coincé entre le verbal et le non-verbal, alors considère
l'impasse où tu te trouves, mets en pratique ta théorie.
Le sous-fifre.
— La discipline et la contrainte ? Ce n'est pas là ce que je prêche.
Le Grand Chef.
— Qui parle de prêcher ? Tu as dit toi-même, maintes et maintes fois, que toute
maladie mentale était le résultat d'un comportement phobique. Tu déclares sans
cesse que Freud n'a pu terminer son travail, en dépit de toutes ses
découvertes, parce qu'il était la proie de graves phobies. A présent, tu
deviens phobique toi-même, tu cherches à éviter la douleur d'une corvée, le risque
d'un camouflet.
Le sous-fifre.
— Tu as raison et tu as tort. Je pense bien que je deviens phobique quand les
choses frisent la démence. Je n'ai pas envie de devenir fou.
Le Grand Chef.
— Cesse de dire des bêtises, et tout de suite ! Tu sais que tu es presque un
cas limite. Tu sais que tu as eu le courage de t'approcher à plusieurs reprises
des frontières de la folie. Tu sais que tes rêves sont schizos. Tu veux étudier
la schizophrénie. Tu sais comment, en dépit de tout ce qu'il y a chez toi de pathologique,
tu as réussi à devenir un être dont beaucoup sont jaloux. Et, surtout, ton rôle
sur terre n'est pas terminé ! Tu commences à avoir une place dans l'Histoire,
au moins en psychologie, peut-être en philosophie.
Le sous-fifre.
— Bla-bla-bla, blaaa... !
Le Grand Chef.
— Allons, Fritz, ne me mets pas en colère et ne fais pas le vilain gosse.
Le sous-fifre.
— Ha, ha, ha, ha ! Je t'ai eu ! Je peux jouer au maître, je peux jouer à la
pute. Mais pas au vilain gosse.
Le Grand Chef.
— Eh bien, tu es trop futé pour moi ! Alors fais ce que tu veux !
T'inquiète
pas, c'est ce que je vais faire. Et je me sens mieux après cette conversation.
Je vais faire comme s'il n'y avait pas de bombe atomique à l'arrière-plan et
que je vive toujours. Cela, au moins, allégera la tension de ce que j'écris.
Et je vais
commencer par m'attaquer au principal point d'appui des béhavioristes et de
leur orientation en miettes. Le fameux arc réflexe, ou la réaction au stimulus,
ou le sou dans la fente de la machine. Avec l'arc réflexe, système de rue à
sens unique avec influx sensoriel et réponse motrice, nous sommes transformés
en robots irresponsables, prêts à être manipulés par les presse-boutons. Il est
vrai qu'aux échelons inférieurs, nous avons des réponses d'apparence
automatique : quand ça démange, on se gratte. Mais le fait même qu'on puisse se
retenir de se gratter montre qu'il y a de la conscience impliquée dans
l'affaire.
Voilà. C’est tout pour le moment comme
dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième
siècle. Amitiés à tous.
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