dimanche 29 juillet 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (quarante troisième partie).






Casque de l’armée allemande (1914-1918).


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci.


Voici le résumé de ce livre.

En 1914, quand la guerre éclata, j’étais déjà étudiant en médecine. Le conseil de révision me certifia « apte » pour la territoriale, ce qui est même au-dessous de la réserve. J’étais plutôt voûté, avec le cœur petit, une élongation. J'avais du mal à soutenir l'effort requis par les sports violents et je leur préférais tous les types de sports d'équilibre.

Je n'avais aucune intention de devenir un soldat et un foutu héros sanguinaire. Aussi je m'offris comme volontaire pour la Croix-Rouge, afin de servir hors de la zone des combats. Je passais une grande partie de mon temps à Berlin, où je continuais mes études. Après un voyage de quatre semaines jusqu'à Mons sur la frontière franco-belge, j'en eus marre et rentrai à Berlin sans permission ; mais, convaincu que la Croix-Rouge était un organisme semi-privé, je me croyais en règle. Quand je fus pris, je déclarai avoir mal à la jambe et me mis à boiter plutôt en amateur. Je fus envoyé au professeur Schleich, que j'admirais comme un des rares qui, même avant Groddeck, s'intéressaient à la médecine psychosomatique. Il me fit une piqûre subpéritonéale si douloureuse que je n'en contestai pas l'efficacité.

Je repartis vers Mons par un train poussif qui devait sans cesse s'arrêter pour laisser passer les trains de troupes et de munitions. Rien à manger. J'étais si épuisé et je m'endormis si profondément qu'il me fallut plusieurs minutes pour m'orienter lorsqu'on me réveilla. Quelle sensation bizarre ! Je regardai fixement les gens, les parois du wagon ; j'étais complètement dépersonnalisé, j'avais perdu tout sentiment, tout semblait absurde.

A Mons, j'étais de service à la gare, je servais le café et d'autres rafraîchissements aux blessés qui revenaient du front. Quand je voulus donner un peu d'eau aux soldats britanniques blessés, les blessés allemands m'en empêchèrent. Ce fut mon premier contact avec l'inhumanité de la guerre, mon premier choc.

Une jeune fille belge tomba amoureuse de moi et brava le mépris de ses compatriotes. Elle était passionnée et me suppliait : « N'allez pas dans la guerre, chéri, n'allez pas » (en français dans le texte). A l'époque, je me débrouillais bien en français et servis souvent d'interprète, mais cela m'arriva surtout plus tard, dans l'armée.

En 1916, les fronts étaient gelés. De plus en plus d'hommes étaient mobilisés. J'avais un ami. Il me faudra, par la suite, parler plus longuement de lui. Pour l'instant, je ne me souviens pas de son prénom. Son nom de famille était Knopf. Nous décidâmes de nous engager dans l'armée avant l'appel. Il choisit l'intendance et fut tué dans un accident. Je choisis le bataillon Luftschiffer où l'on s'occupait des zeppelins qui, à vrai dire, jouèrent un rôle négligeable dans la guerre.

Le sergent de mon peloton m'avait à la bonne. Je l'impressionnais parce que j'étais étudiant en médecine : « De toute manière, vous ne serez pas longtemps ici, vous allez être transféré dans le service de santé. » Mais je lui en imposais davantage par mes capacités de tireur. Quand le capitaine vint nous inspecter, il me fit mettre en position de tir. A vrai dire, si, en position couchée avec appui, je suis bon tireur, en revanche je manque de stabilité en position debout.

La chose la plus désagréable se produisit avec notre lieutenant. Pour aider à financer la guerre, l'empereur avait lancé un slogan : « J'ai donné de l'or pour avoir de l'acier. » On nous promit un jour de permission pour chaque pièce d'or que nous apporterions. Je finis par réunir quatre pièces d'or de 10 Marks. Quand je demandai ma permission, on me renvoya au lieutenant qui me répondit : « Pas d'impertinence, espèce de cochon ! Vous devriez être heureux de servir la mère patrie ! Demi-tour ! Marche ! » J'ai eu plusieurs rencontres de ce genre avec des officiers allemands. Il n'y a aucune race au monde qui puisse égaler cette arrogance à monocle.

Je trouve cette histoire de guerre fatigante et rasoir. Si seulement quelque chose d'intéressant pouvait surgir ! Un peu de théorie, un peu de poésie, mais je m'en tiens à ma promesse de n'écrire que ce qui se présente. Après tout, personne ne peut déterminer l'ordre dans lequel sa merde va sortir.

Cependant, il y a une loi et un ordre dans la nature. Les excréments proviennent de l'accumulation des surplus inutilisés ou inutilisables de notre nourriture, et ils sortent plus ou moins dans le même ordre qu'à l'ingestion. La différence entre ce qui est consommé et ce qui est expulsé est utilisée par l'organisme pour se nourrir. Elle a été assimilée : elle est devenue partie du Soi. La transition de la Z.E. à la Z.M. a été accomplie.

L'une des raisons qui font que le système freudien ne peut fonctionner, c'est l'omission du fait de l'assimilation. Freud ne sort pas de la mentalité des cannibales qui s'imaginent que manger un guerrier brave va leur donner du courage.

Freud a une zone orale et une zone anale, et rien entre.


Je me suis levé tôt, je relis ce dernier passage. « Ça » ne me plaît pas. C'est rasoir à lire comme un devoir de classe : zone orale et anale — rasoir, rasoir, rasoir ! Pourquoi ne pas dire simplement : « Freud, vous avez une bouche et un trou du cul. Et une grande gueule ! Et moi aussi. Et vous êtes un trou-du-cul, et moi aussi. Quels cons nous sommes à nous prendre tellement au sérieux ! Comme si l'humanité attendait après nos belles théories ! »


Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.


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