Sans commentaire !
Pour faire suite à mes trois
articles sur la mnémotechnie sur le site Virtual Magie et à mon étude Introduction au mentalisme, à l'hypnose et à la mnémotechnie, je vais écrire un compte
rendu détaillé du livre qui est pour moi le meilleur des ouvrages actuels sur le
sujet, Comment développer une mémoire
extraordinaire de Dominic O’Brien, huit fois champion du monde de mémoire
et qui était un élève à la fois lent et inattentif.
Dans le chapitre « Le pouvoir des
associations », Dominic O‘Brien, vous fait faire des exercices pour
développer votre créativité, qui sera un des qualités déterminantes dans votre
mémorisation. Cet article est la suite de celui-ci.
« Chapitre 4. Le pouvoir
des associations.
Les précédents exercices étaient
destinés à évaluer votre capacité à utiliser vos sens pour faire des
associations entre des notions a priori totalement différentes. Il s’agit là de
la première étape vers une mémoire parfaite. Cependant, pour que la démarche
soit vraiment efficace, vous devez être en mesure de tisser rapidement des
liens solides. Heureusement, votre cerveau est un outil puissant lorsqu’il est
question d’associations car il cherche sans cesse à établir des liens. Le
problème n’est donc pas d’ordre cérébral, il se rapporte plutôt aux
interférences qui vous empêchent de réfléchir librement, de jongler
mentalement, et qui vous font parfois « trébucher ».
Si ces interférences vous gênent
quand vous tentez de penser librement et de façon créative, vous devez
apprendre à lâcher prise. N’essayez pas de calmer votre cerveau, d’étouffer les
bruits intérieurs ou de donner un sens à la manière dont les associations se
créent. Dites-vous simplement qu’elles existent et donnez-leur libre cours.
Nous sommes conditionnés à
classer nos expériences selon des catégories particulières. Si je vous dis le
mot « fraise », vous avez probablement l’image mentale d’un petit fruit rouge
et pulpeux. En revanche, que se passe-t-il si vous laissez libre cours à votre
imagination ? L’image de la fraise apparaît, bien sûr, mais peut-être
pouvez-vous aussi la goûter, la sentir. Sa peau est-elle rugueuse ou lisse ? Le
fruit pousse-t-il sur un plant ou est-il dans un bol, avec d’autres fraises ?
Si vous laissez votre esprit vagabonder, les associations se multiplient et
s’enrichissent. Elles sont également plus vives. Peut-être vous
souviendrez-vous d’un pique-nique où vous avez mangé des fraises. Étiez-vous
avec un ami ? Les fraises étaient-elles trempées dans du chocolat ou de la
crème ? Comment était habillé votre ami et quels étaient vos sujets de
conversation ? Voilà, votre imagination a pris une nouvelle direction. Le
souvenir vous entraînera vers une suite inédite d’associations libres, jusqu’à
ce que vous soyez loin de votre point de départ. En fait, ce que vous imaginerez
à la fin n’aura sûrement plus rien à voir avec les fraises. L’œuvre romanesque
autobiographique de Marcel Proust, À la
recherche du temps perdu, découle d’un flot de souvenirs associés au goût
d’une madeleine trempée dans une infusion.
Bref, quand vous laissez votre
imagination s’exprimer librement, elle vous entraîne sur des territoires
inexplorés. Vous permettez ainsi à votre mémoire de faire rapidement des associations
avec précision et dynamisme. Ce sont les composantes essentielles d’une mémoire
parfaite.
Au-delà de la vitesse, voire de
l’instantanéité, des liens, l’œuvre de Marcel Proust et vos associations libres
sur les fraises vous enseignent que ces associations sont complexes et multidimensionnelles.
Tout d’abord, vos émotions entrent en ligne de compte. En général, avant même
de vous rappeler les détails d’un événement, vous vous souvenez de ce que vous
ressentiez à ce moment. Par exemple, quand je pense au jour où j’ai appris à
faire du vélo, la première chose qui me vient à l’esprit est le sentiment d’exultation
– et la petite inquiétude – que j’ai éprouvé en réalisant qu’il ne tenait qu’à
moi de rester en selle.
Une fois que les émotions ont
ravivé l’événement, les sens prennent la relève. L’odorat a un lien solide avec
les processus mnémoniques : le bulbe olfactif et certaines des parties du
cerveau, qui sont associées à la mémoire et à l’apprentissage, ont un lien
physiologique étroit. Par conséquent, si vous évoquez votre première expérience
du vélo, il est possible que vous vous souveniez d’abord des odeurs qui vous
entouraient quand vous pédaliez. Il se peut aussi que les sons vous reviennent
en premier (par exemple, le vent qui soufflait dans vos oreilles), ou encore,
certains éléments visuels : vous avez peut-être une image précise de la scène,
surtout si elle comportait quelque chose de mémorable, de puissant ou
d’inhabituel. En ce qui me concerne, je pense parfois à une chanson en
particulier qui me rappelle un événement et déclenche souvent un afflux
d’émotions.
Lorsque j’apprends à mes élèves à
faire des associations libres, je leur demande fréquemment de penser à leur
premier jour d’école. Tentez l’expérience. Vous avez peut-être un souvenir
vague du moment où vous vous êtes approché du bâtiment, ou une image fugace de
l’enseignant qui vous a accueilli. Cependant, je suis prêt à parier que l’état
dans lequel vous étiez est l’élément dont vous vous souvenez le mieux. Pour ma
part, j’étais excité, mais inquiet. J’avais envie d’y aller, mais je ne voulais
pas quitter la sécurité du foyer. Pourtant, une fois sur place, je me suis
senti heureux. Je me rappelle m’être amusé avec mes nouveaux amis. J’ai
également tout un éventail de souvenirs sensoriels : l’odeur du macadam dans la
cour de récréation, le bruit de la cloche nous convoquant à nos premiers cours,
le goût des yaourts de la cantine (qui semblaient plus riches et plus crémeux
que ceux de la maison). Je me rappelle aussi la sensation des briquettes de jus
de fruit et le bleu de la paille que nous utilisions pour percer leur couvercle
et boire leur contenu. Si vous aiguisez votre capacité à tisser des liens et à
donner vie à des épisodes de votre passé à l’aide de vos émotions, de vos sens,
de votre logique et de votre créativité, vous mémoriserez plus facilement les
nouvelles données. De plus, vous pourrez laisser votre esprit établir des liens
rapides et crédibles. Les associations instantanées constituent un aspect
important du développement de la mémoire. En fait, ces associations sont les
plus utiles.
Mes premiers souvenirs
Chaque fois que j’entends les
mots « lit d’enfant », je recule dans le temps jusqu’à mes tout premiers
souvenirs. Je devais avoir 2 ans ; je secouais les barreaux de mon lit et
j’appréciais la sensation que me procurait le fait de bondir avec énergie. D’après
ma mère, je me dégourdissais les muscles, comme un boxeur sur le ring. Il est
fascinant de constater jusqu’où le cerveau peut remonter quand on le laisse
errer librement dans les profondeurs de l’esprit.
Des associations en chaîne
Vous savez maintenant qu’un
simple mot peut pousser votre cerveau à vous immerger dans un flot de
souvenirs. Étape suivante : cherchez à déceler les liens entre des termes qui
n’ont en apparence aucun rapport. Si vous procédez ainsi et si vous combinez
vos trouvailles avec l’imagination et l’utilisation du souvenir, vous
disposerez de la clé de la compétence fondamentale en matière de mémorisation.
Sans point de référence, il vous
serait impossible d’établir des liens entre deux concepts, qu’il s’agisse de
mots, d’objets ou d’activités. Votre passé vous fournit ces jalons, sous la
forme d’apprentissages, que vous devez utiliser pour jeter des ponts entre les
choses. Dans votre vie, tout s’emboîte, comme les morceaux d’un casse-tête.
Pour établir des liens efficaces, vous devez employer le moins de morceaux
possible, c’est-à-dire repérer les associations les plus évidentes dans votre
banque de données. Voyons quelques exemples.
Supposons que je veuille
mémoriser les mots « mur » et « poule ». Dans le flot infini de souvenirs associés
à ces termes, je dois trouver le pont qui les relie. Le mot « mur » me fait
penser à l’album The Wall de Pink
Floyd, au mur que j’escaladais lorsque j’étais enfant, à celui que je
franchissais pour aller à l’école, et ainsi de suite. Les associations se
multiplient et, tout à coup, je tombe sur le lien le plus évident : la comptine
Une poule sur un mur. Eurêka ! Une poule est sur un mur, qui picore du pain
dur, picoti, picota, lève la queue et puis s’en va. Je donne vie à cette
association en évoquant le souvenir suivant : je suis un enfant et je récite
cette comptine. Le lien entre mon enfance et la comptine est assez puissant
pour créer un scénario logique. Cela semble laborieux mais, dans la pratique,
mon cerveau a tissé ces liens extrêmement vite.
Supposons maintenant que je
veuille établir un lien entre les mots « stylo » et « soupe ». Grâce à
l’association libre et à l’imagination, je trouve les possibilités suivantes :
j’utilise un stylo pour remuer la soupe, pour y faire des dessins, peut-être même
pour y écrire un mot ; je remplis un stylo de soupe, comme si c’était de
l’encre, pour écrire une lettre ; je me sers d’un stylo comme d’une paille pour
boire la soupe, etc. Les liens avec mon passé ne sont pas aussi évidents dans
cet exemple, mais toutes ces associations s’appuient sur mon expérience du
stylo et de la soupe. Bref, la mémoire est indissociable de l’association. »
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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