jeudi 6 juillet 2017

Compte rendu de «Comment développer une mémoire extraordinaire» de Dominic O’Brien (septième partie), « Le pouvoir des associations ».





Sans commentaire !


Pour faire suite à mes trois articles sur la mnémotechnie sur le site Virtual Magie et à mon étude Introduction au mentalisme, à l'hypnose et à la mnémotechnie, je vais écrire un compte rendu détaillé du livre qui est pour moi le meilleur des ouvrages actuels sur le sujet, Comment développer une mémoire extraordinaire de Dominic O’Brien, huit fois champion du monde de mémoire et qui était un élève à la fois lent et inattentif.

Dans le chapitre « Le pouvoir des associations », Dominic O‘Brien, vous fait faire des exercices pour développer votre créativité, qui sera un des qualités déterminantes dans votre mémorisation. Cet article est la suite de celui-ci.


« Chapitre  4. Le pouvoir des associations.

Les précédents exercices étaient destinés à évaluer votre capacité à utiliser vos sens pour faire des associations entre des notions a priori totalement différentes. Il s’agit là de la première étape vers une mémoire parfaite. Cependant, pour que la démarche soit vraiment efficace, vous devez être en mesure de tisser rapidement des liens solides. Heureusement, votre cerveau est un outil puissant lorsqu’il est question d’associations car il cherche sans cesse à établir des liens. Le problème n’est donc pas d’ordre cérébral, il se rapporte plutôt aux interférences qui vous empêchent de réfléchir librement, de jongler mentalement, et qui vous font parfois « trébucher ».

Si ces interférences vous gênent quand vous tentez de penser librement et de façon créative, vous devez apprendre à lâcher prise. N’essayez pas de calmer votre cerveau, d’étouffer les bruits intérieurs ou de donner un sens à la manière dont les associations se créent. Dites-vous simplement qu’elles existent et donnez-leur libre cours.

Nous sommes conditionnés à classer nos expériences selon des catégories particulières. Si je vous dis le mot « fraise », vous avez probablement l’image mentale d’un petit fruit rouge et pulpeux. En revanche, que se passe-t-il si vous laissez libre cours à votre imagination ? L’image de la fraise apparaît, bien sûr, mais peut-être pouvez-vous aussi la goûter, la sentir. Sa peau est-elle rugueuse ou lisse ? Le fruit pousse-t-il sur un plant ou est-il dans un bol, avec d’autres fraises ? Si vous laissez votre esprit vagabonder, les associations se multiplient et s’enrichissent. Elles sont également plus vives. Peut-être vous souviendrez-vous d’un pique-nique où vous avez mangé des fraises. Étiez-vous avec un ami ? Les fraises étaient-elles trempées dans du chocolat ou de la crème ? Comment était habillé votre ami et quels étaient vos sujets de conversation ? Voilà, votre imagination a pris une nouvelle direction. Le souvenir vous entraînera vers une suite inédite d’associations libres, jusqu’à ce que vous soyez loin de votre point de départ. En fait, ce que vous imaginerez à la fin n’aura sûrement plus rien à voir avec les fraises. L’œuvre romanesque autobiographique de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, découle d’un flot de souvenirs associés au goût d’une madeleine trempée dans une infusion. 

Bref, quand vous laissez votre imagination s’exprimer librement, elle vous entraîne sur des territoires inexplorés. Vous permettez ainsi à votre mémoire de faire rapidement des associations avec précision et dynamisme. Ce sont les composantes essentielles d’une mémoire parfaite.
Au-delà de la vitesse, voire de l’instantanéité, des liens, l’œuvre de Marcel Proust et vos associations libres sur les fraises vous enseignent que ces associations sont complexes et multidimensionnelles. Tout d’abord, vos émotions entrent en ligne de compte. En général, avant même de vous rappeler les détails d’un événement, vous vous souvenez de ce que vous ressentiez à ce moment. Par exemple, quand je pense au jour où j’ai appris à faire du vélo, la première chose qui me vient à l’esprit est le sentiment d’exultation – et la petite inquiétude – que j’ai éprouvé en réalisant qu’il ne tenait qu’à moi de rester en selle.

Une fois que les émotions ont ravivé l’événement, les sens prennent la relève. L’odorat a un lien solide avec les processus mnémoniques : le bulbe olfactif et certaines des parties du cerveau, qui sont associées à la mémoire et à l’apprentissage, ont un lien physiologique étroit. Par conséquent, si vous évoquez votre première expérience du vélo, il est possible que vous vous souveniez d’abord des odeurs qui vous entouraient quand vous pédaliez. Il se peut aussi que les sons vous reviennent en premier (par exemple, le vent qui soufflait dans vos oreilles), ou encore, certains éléments visuels : vous avez peut-être une image précise de la scène, surtout si elle comportait quelque chose de mémorable, de puissant ou d’inhabituel. En ce qui me concerne, je pense parfois à une chanson en particulier qui me rappelle un événement et déclenche souvent un afflux d’émotions.

Lorsque j’apprends à mes élèves à faire des associations libres, je leur demande fréquemment de penser à leur premier jour d’école. Tentez l’expérience. Vous avez peut-être un souvenir vague du moment où vous vous êtes approché du bâtiment, ou une image fugace de l’enseignant qui vous a accueilli. Cependant, je suis prêt à parier que l’état dans lequel vous étiez est l’élément dont vous vous souvenez le mieux. Pour ma part, j’étais excité, mais inquiet. J’avais envie d’y aller, mais je ne voulais pas quitter la sécurité du foyer. Pourtant, une fois sur place, je me suis senti heureux. Je me rappelle m’être amusé avec mes nouveaux amis. J’ai également tout un éventail de souvenirs sensoriels : l’odeur du macadam dans la cour de récréation, le bruit de la cloche nous convoquant à nos premiers cours, le goût des yaourts de la cantine (qui semblaient plus riches et plus crémeux que ceux de la maison). Je me rappelle aussi la sensation des briquettes de jus de fruit et le bleu de la paille que nous utilisions pour percer leur couvercle et boire leur contenu. Si vous aiguisez votre capacité à tisser des liens et à donner vie à des épisodes de votre passé à l’aide de vos émotions, de vos sens, de votre logique et de votre créativité, vous mémoriserez plus facilement les nouvelles données. De plus, vous pourrez laisser votre esprit établir des liens rapides et crédibles. Les associations instantanées constituent un aspect important du développement de la mémoire. En fait, ces associations sont les plus utiles.

Mes premiers souvenirs
Chaque fois que j’entends les mots « lit d’enfant », je recule dans le temps jusqu’à mes tout premiers souvenirs. Je devais avoir 2 ans ; je secouais les barreaux de mon lit et j’appréciais la sensation que me procurait le fait de bondir avec énergie. D’après ma mère, je me dégourdissais les muscles, comme un boxeur sur le ring. Il est fascinant de constater jusqu’où le cerveau peut remonter quand on le laisse errer librement dans les profondeurs de l’esprit.

Des associations en chaîne

Vous savez maintenant qu’un simple mot peut pousser votre cerveau à vous immerger dans un flot de souvenirs. Étape suivante : cherchez à déceler les liens entre des termes qui n’ont en apparence aucun rapport. Si vous procédez ainsi et si vous combinez vos trouvailles avec l’imagination et l’utilisation du souvenir, vous disposerez de la clé de la compétence fondamentale en matière de mémorisation.
Sans point de référence, il vous serait impossible d’établir des liens entre deux concepts, qu’il s’agisse de mots, d’objets ou d’activités. Votre passé vous fournit ces jalons, sous la forme d’apprentissages, que vous devez utiliser pour jeter des ponts entre les choses. Dans votre vie, tout s’emboîte, comme les morceaux d’un casse-tête. Pour établir des liens efficaces, vous devez employer le moins de morceaux possible, c’est-à-dire repérer les associations les plus évidentes dans votre banque de données. Voyons quelques exemples.

Supposons que je veuille mémoriser les mots « mur » et « poule ». Dans le flot infini de souvenirs associés à ces termes, je dois trouver le pont qui les relie. Le mot « mur » me fait penser à l’album The Wall de Pink Floyd, au mur que j’escaladais lorsque j’étais enfant, à celui que je franchissais pour aller à l’école, et ainsi de suite. Les associations se multiplient et, tout à coup, je tombe sur le lien le plus évident : la comptine Une poule sur un mur. Eurêka ! Une poule est sur un mur, qui picore du pain dur, picoti, picota, lève la queue et puis s’en va. Je donne vie à cette association en évoquant le souvenir suivant : je suis un enfant et je récite cette comptine. Le lien entre mon enfance et la comptine est assez puissant pour créer un scénario logique. Cela semble laborieux mais, dans la pratique, mon cerveau a tissé ces liens extrêmement vite.

Supposons maintenant que je veuille établir un lien entre les mots « stylo » et « soupe ». Grâce à l’association libre et à l’imagination, je trouve les possibilités suivantes : j’utilise un stylo pour remuer la soupe, pour y faire des dessins, peut-être même pour y écrire un mot ; je remplis un stylo de soupe, comme si c’était de l’encre, pour écrire une lettre ; je me sers d’un stylo comme d’une paille pour boire la soupe, etc. Les liens avec mon passé ne sont pas aussi évidents dans cet exemple, mais toutes ces associations s’appuient sur mon expérience du stylo et de la soupe. Bref, la mémoire est indissociable de l’association. »


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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