Mnémosyne, la déesse de la mémoire et ses neufs filles, les Muses.
Récemment est paru en livre de
poche L’art et la science de se souvenir de tout qui est en fait le même livre
que l’ouvrage en grand format Aventures au cœur de la mémoire (tous les deux la
traduction de Moonwalking with Einstein).
Aventures au cœur de la mémoire
est un livre référence dans le monde de la mémoire. Il y est question de
l’histoire de la mémoire et de la mnémotechnie, de la naissance des Mémoriades,
les Championnats du monde de mémoire, en 1991, mais surtout de la manière dont
un journaliste indépendant, Joshua Foer, est devenu champion de mémoire des
États-Unis en 2006 alors qu’il ne savait même pas ce qu’était une technique de
mémorisation un an auparavant ! Cet article est la suite de celui-ci.
Joshua Foer décrit cette scène
dans le chapitre 11 « Le championnat de mémorisation des Etats-Unis »:
« Après nos quinze minutes de mémorisation, donc, nous nous avançâmes tour à
tour au centre de l’estrade pour clamer les mots de la liste dans leur ordre
d’apparition : « sarcasme », « icône », « lasso »
et ainsi de suite. Erin Luley, après avoir mémorisé le matin même davantage de
vers de poésie qu’aucun athlète mental américain ne l’avait jamais fait, craqua
au vingt-septième mot.
Je savais très bien, comme les quatre autres sans doute,
que ce mot était « engourdi », mais elle ne le voyait pas. Elle se laissa
retomber dans son fauteuil, secouant la tête. Neuf mots plus loin, Paul Mellor
confondit « opération » et « opérateur » — une erreur classique. La plupart des
participants à cette brillante performance, en particulier les producteurs
d'HDNet qui en assuraient la retransmission télévisée, s'étaient préparés à une
guerre d'usure dévastatrice — mais pas avant le centième mot au minimum !
Nous
avions du mal à comprendre comment l'épreuve pouvait s'être conclue si vite.
Même les mnémonistes débutants qui viennent tout juste de découvrir les
principes du palais de mémoire sont en général capables de mémoriser au moins
trente ou quarante mots dès la première tentative. Je songeai qu'Erin et Paul
avaient mal jugé leurs adversaires et tenté d'en faire trop. Grâce à cette
faute directe, en tout cas, Ram, Chester, Maurice et moi restions dans la
course. Ce qui signifiait que je n'étais plus qu'à une « fête » de la finale du
Championnat des États-Unis de mémorisation.
Une grande brune en robe d'été
monta sur l'estrade et se présenta : « Salut, je m'appelle Diana Marie
Anderson. Je suis née le 22 décembre 1967 à Ithaca, ville de l'État de New York
dont le code postal est 14850. Mon téléphone professionnel — mais s'il vous
plaît, ne m'appelez pas, hi-hi-hi —, c'est le 929-244-6735, poste 14. J'ai un
animal domestique, une chienne labrador sable qui s'appelle Karma. J'ai aussi
quelques passe-temps préférés : aller au cinéma, faire du vélo et tricoter.
J'aimerais avoir une voiture de collection, la Ford T de 1927. Un repas idéal,
pour moi, c'est une pizza, des Dragibus et de la glace à la menthe. »
Ram, Chester, Maurice et moi
l'écoutâmes les yeux fermés, peignant à toute vitesse des images dans nos
palais de mémoire. Pour la date de naissance de Diana, le 22/12/67, je vis une
nonne (22) qui pêchait le thon (12) tout en buvant un milk-shake (67) et plaçai
cette image dans une baignoire à pieds de lion de la salle de bains de mon
palais victorien. Pour son lieu de naissance et son code postal, je me dirigeai
vers la penderie et imaginai un stand de tir (14) quelque part dans les
célèbres gorges d'Ithaca, tenu par deux très jolies filles (850). Et la scène
continua sur cette lancée, quatre autres invités se succédant sur l’estrade
pour nous lire leurs biographies.»
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous !