vendredi 23 juin 2017

Le chapelet, compte rendu du livre « Chaos, l’apparence du hasard » de Martin Joyal, Vue d’ensemble des systèmes (5), le système "Huit rois", (vingtième partie).



Capricornian Tales de Christian Chelman.


Pour moi, un des livres qui décrit au mieux les possibilités des chapelets d’une façon analytique est l’ouvrage d’un prestidigitateur de langue anglaise Martin Joyal, Chaos, l’apparence du hasard paru en France en 2010 (il est sorti en anglais sous le titre The Six-Hour Memorized Deck en 1997).
D’abord pour distinguer les différents chapelets existants, l’auteur nous propose une terminologie précise. Il les divise en « arrangements » (traités dans le chapitre 2), « systèmes » (présentés dans le chapitre 3) et « jeux mémorisés » (dont le chapitre 4 donne une vue d’ensemble : neuf jeux vus en détail qui correspondent à ce que nous appelons les jeux apériodiques).

LE SYSTEME « HUIT ROIS »

Ce chapelet est très vieux. Il est mentionné depuis 1805 dans The Expositor de William Frederick Pinchbeck.

Il s'agit d'un chapelet mnémotechnique basé sur la phrase anglaise « Eight kings threatened to save ninety-five ladies for one sick knave. » La ligne suivante montre la correspondance entre les syllabes et les valeurs des cartes : « Eight (8) kings (roi) threa- (3) -tened (10) to (2) save (7) ninety- (9) five (5) ladies (dame) for (4) one (as) sick (6) knave (valet). »

Quant aux familles, elles suivent un ordre prédéterminé, tel que par exemple l'ordre pique, cœur, trèfle, carreau.

La répétition des familles et des valeurs, ainsi que l'alternance des couleurs, pourront attirer l'attention. Les cartes peuvent être étalées faces en l'air, en prenant soin de faire un étalement irrégulier, certaines faces restant cachées. Ce chapelet est cyclique. Il comporte treize cycles de quatre familles, quatre cycles de treize valeurs et un cycle de cinquante-deux cartes.

Il existe de nombreux systèmes semblables au « huit rois », basés sur différentes phrases. L'auteur anonyme de The Magician's Own Book (1857) et de The Secret Out (1859) suggère « The sixty-fourth regiment beats the seventy-fifth ; up start the king, with eight thousand and three men and ninety-two women », correspondant aux valeurs : 6, 4, 1, 7, 5, R, 8, 10, 3, V 9, 2, D.
Corinda, dans Thirsteen steps to Mentalism (p. 74), donne une variante « Eight kings threaten to save vine fair ladies for one sick knave », correspondant aux valeurs : 8, R, 3, 10, 2, 7, 9, 5, D, 4, 1, 6, V.

Plus récemment, Christian Chelman a proposé une autre phrase pour son tour « Brainstorm », dans Capricornian Tales (1993, p. 86), et Claude Rix fait de même dans Claude Rix et ses 52 partenaires (1995, p. 12). Theodore Annemann, dans Le livre sans nom (1931), fournit un moyen rapide pour monter les cartes en séquence « huit rois ».

Des phrases similaires peuvent bien sûr être trouvées dans d'autres langues, telle, par exemple en français : « Huit (8) rois (rois) très (3) discrets (10), de (2) cette (7) neuvième (9) sainte (5) dame (dame) Katryn (4), assistent (as - 6) le valet (valet). » À noter que Robert-Houdin utilisait la phrase suivante pour un jeu de trente-deux cartes : « Le roi (roi) dix-huit (10 - 8) ne (9) valait (valet) pas (as) ses (sept) dames (dames). » Dans Comment on devient sorcier (1858), il cite même une phrase mnémotechnique en latin.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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