Le Bouddha a trouvé l’Éveil en pratiquant la méditation sur le souffle
Lorsque nous avons des difficultés, nous tentons de les
résoudre. Nous tentons de les écarter, de le modifier ou de les fuir. Mais il y
a des difficultés pour lesquelles ces efforts ne marchent pas : si les
problèmes sont en nous (nos pensées ou nos émotions) ou s’ils sont
inaccessibles (certaines adversités) ou s’ils n’existent pas encore (nos
anticipations). Alors, parfois, il faut juste cesser de s’agiter ou de se
débattre.
Lorsque vous marchez dans l’eau sur un sol sablonneux, de
petits nuages de sable se soulèvent. Il n’a pas d’autre solution que de vous
arrêter, de permettre aux nuages de sable d’être là et d’attendre qu’ils
retombent. Les nuages de sable sont les expériences de la vie douloureuse. Le
bouddhisme et ses pratiques de méditation nous recommandent, pour y voir plus
clair, de nous arrêter de vouloir les contrôler et de juste les regarder se
déposer d’eux-mêmes au fond de l’eau.
Face aux souffrances et aux détresses, l’action n’est pas
toujours valable. La meilleur aide est de se concentrer sur sa respiration en
effectuant une méditation sur le souffle (anapana-sati).
En général, on préfère ruminer ou se tourmenter ; cela
paraît plus digne et plus réaliste ou plus efficace quand est dans ses soucis.
Quelque temps après, on comprend que c’était absurde, bien sûr, de s’être tant
inquiété. Mais trop tard ! Et quand viendront de nouveaux ennuis, nous
reproduirons les mêmes schémas de pensée.
La méditation sur la respiration va d’abord avoir un effet
émollient. Là où la rumination solidifie nos réflexions et émotions
désagréables, la méditation sur le souffle les ramollit, comme la flamme d’une
bougie ramollit la cire.
Mais surtout, lorsque nous nous arrêtons pour nous concentrer
sur notre souffle, même si tout est douloureux autour de nous, nous pouvons nous
sentir comme dans un refuge (« Soyez votre propre lampe, votre île, votre
refuge. Ne voyez pas de refuge hors de vous-même. » Bouddha). Comme si
nous étions un bateau abrité dans un port ou une baie au cours d’une tempête :
tout continue mais on est à l’abri, un abri imparfait et transitoire mais un
abri. En respirant, on comprend que l’on est vivant, que c’est l’essentiel, que
le reste peut attendre, au moins quelques instants, quelques jours.
Prendre refuge dans la méditation sur le souffle, ce n’est
pas avoir résolu le problème, ni trouvé une solution. Non, les problèmes
continuent et la solution ne jaillira pas de la méditation sur le souffle ;
encore faudrait-il qu’elle existe d’ailleurs. Les problèmes continuent mais
nous avons trouvé un lieu sûr d’où les observer, sans être obligé de nous
débattre par peur de finir submergé ou noyé.
Finalement, nous faisons en sorte de placer notre esprit dans un refuge
pour voir plus clair, pour laisser de l’espace à notre intelligence. Cette
intelligence innée nous dit que bientôt quelque chose changera, c’est certain.
Nous devons juste accepter (je sais que c’est dur car je l’ai vécu de
nombreuses fois !) de ne savoir ni quoi ni quand.
Voilà. C’est
tout pour aujourd’hui. Je continuerai la prochaine fois ce compte rendu du livre
de Christophe André Méditer, jour après jour.
Amitiés à tous.