Le livre de Jean-Malfatti.
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celui-ci .
La Kabbale fut très souvent mal
vue par les milieux rabbiniques officiels. De ce point de vue, la Synagogue qui
rejette les kabbalistes ressemble à l'Eglise qui exclut les cathares. (La
Synagogue, avouons-le, elle, ne brûla pas ses hérétiques.) En tout cas, les
kabbalistes dégageaient une odeur de soufre parce qu'ils voulaient percer le
mystère de la divinité. L'enseignement exotérique se contente de croire, tandis
que la recherche ésotérique pousse plus loin.
L'homme est fait à l'image de
l'univers, dit la Kabbale, mais l'homme et l'univers sont faits à l'image de
Dieu. Dieu « en-soi » reste, certes, inconnaissable, et les
kabbalistes l'appellent alors l'En-Soph, mais il y a ses manifestations (les Sephirot)
qui, elles, sont susceptibles d'être comprises.
A vrai dire, la manifestation
principale des Sephirot, c'est le triangle. On retrouve cette loi dans les
groupes:
— Soleil,
Lune, Terre,
— Osiris,
Isis, Horus,
— Brahma,
Vishnou, Siva,
— Père,
Fils, Saint-Esprit.
Ils se concrétisent sous la forme
de trois Sephirot : Hokhmah (la sagesse), Binah (l’intelligence), Kether (la
couronne). Ces trois premières Sephirot représentent l'Esprit de Dieu (Esprit
incommensurable et très mystérieux). Quant au corps de Dieu, c'est l'univers,
dit la Kabbale. Curieuse conception: Dieu a un corps ! Cela rejoint le
matérialisme cosmique d'un Giordano Bruno, philosophe italien brûlé à la
Renaissance. De ce fait, la Kabbale n'est ni tout à fait juive (le judaïsme
n'admet pas que Dieu ait un corps) ni même tout à fait chrétienne (pour le
christianisme, Dieu ne s'est revêtu que d'un corps humain et non de l'univers).
On ne retrouve de telles spéculations que dans les hérésies chrétiennes, tel le
catharisme.
Dieu est donc inconnaissable dans
son essence, mais il est connaissable dans ses manifestations. Et ce point de
vue rejoint la tradition primordiale et les traditions particulières de
nombreux peuples. Il rejoint ainsi les conceptions hindoues qui, elles aussi,
se fondent sur une base rappelant les Sephirot. Le Dr jean Malfati de
Montereggio, un ésotériste du XIX ème siècle, dans son livre Etudes sur la Mathèse ou Anarchie et Hiérarchie de la Science avec une Application spéciale de la Médecine, remarquait que « le premier
acte en soi de révélation de Brahma fut celui de la « Trimurti ».
Or
la Trimurti est le principe ternaire procédant à l'acte créateur de la
divinité. Cette Trimurti qui représente la création, la conservation et la
destruction, sous le nom de Brahma, Vishnou et Siva équivaut à l'évocation des
trois Sephirot : Hokhmah, Binah, Kether." Bien plus, dit le D' Malfati :
« Cette première Trimurti passe alors dans une révélation extérieure et
dans celle des sept puissances précréatrices, ou dans celle du développement
septuple personnalisé par Maïa : Oum, Haranguerbehah, Porsh, Parad
Pradiapat, Prakrat, Pran. » Bref, nous avons une stricte équivalence entre
les personnifications de l'hindouisme et les Séphirot de la Kabbale. Cela ne
nous étonne pas, nous qui sommes maintenant familiarisés avec la notion de
tradition primordiale.
Enseignement de la Kabbale sur l'homme.
Comme l'alchimie et toutes les
disciplines occultes, mais avec une science très consommée, la Kabbale dit que
l'homme contient en raccourci tout l'univers. De là son nom de
« microcosme ». Remarquons en passant que lorsque l'ésotérisme dit
que l'homme est comme l'univers, que le haut est comme le bas, il ne fait pas
allusion à une égalité, mais à une analogie. L'homme et le monde ne sont pas
semblables et encore moins égaux, mais analogues. D'après les sciences
occultes, les objets qui se conforment à la même loi dans l'univers sont
analogues aux organes humains. La nature montre des êtres de constitutions
variées (minéraux, végétaux, etc.) qui se groupent pour former des planètes,
lesquelles se groupent à leur tour pour former des systèmes solaires. Les
planètes et leurs satellites donnent naissance à la vie de l'univers comme le
jeu des organes donne naissance à la vie humaine. Les organes et les planètes
ont donc beau être des grandeurs absolument incomparables, ils agissent en
fonction de la même loi et sont analogues.
D'après la Kabbale, l'homme
primordial est composé de trois éléments essentiels :
— d'un élément inférieur, Nefesh (ou Nefesch);
— d'un
élément supérieur, l'étincelle divine Neshamah (ou Neschamah);
— d'un
élément médian, Ruah (ou Ruach).
L'homme primordial n'est pas
encore matériel au sens où nous l'entendons. Il n'acquerra son corps de matière
très grossière qu'après la chute.
L'élément supérieur de cet homme
primordial s'appelle le Neshamah. Nefesh et Neshamah sont d'essences vraiment
différentes, absolument opposées. C'est le Ruah qui les met en accord, qui leur
permet de coexister pacifiquement.
Au commencement du monde, l'homme
(l'Adam Kadmon) est émané de Dieu à l'état d'esprit pur. Bien plus, comme Dieu
constitué en Hokhmah en Binah, il est à
la fois mâle et femelle. Il forme un seul être symbolisé par l'Androgyne. Adam
et Eve ne sont pas encore des êtres distincts. La biologie montre que c'est la
différenciation sexuelle qui a apporté la mort. Au début, la vie était
éternelle, mais elle était incapable de plaisir et de reproduction. La Kabbale
tient compte de la sexualité : le plus grand péché, disent les kabbalistes, est
pour un homme de rester sans femme. La Kabbale a-t-elle développé, comme le
yoga tantrique, des techniques érotiques de rétention du sperme et de
transformation de l'instinct sexuel en présence de la lumière? Les textes ne
sont pas tout à fait explicites à ce sujet. Mais il y aurait fort à parier que
la tradition kabbalistique n'échappe pas à la règle de la prise en compte du
phénomène sexuel.
Sous l'influence de la chute,
l'être unique, originel, l'Adam Kadmon, se divise et se matérialise en homme et
femme (Adam et Levé). La psychologie moderne rejoint ici l'enseignement
traditionnel : l'homme n'est jamais entièrement homme, ni la femme entièrement
femme. Ils contiennent chacun une part de sexe opposé : la sensibilité
(féminine) pour l'homme (anima de Jung) mais aussi les mamelons qui ne lui
servent à rien physiologiquement, l'activité virile (masculine) (animus de
Jung) pour la femme. C'est le refus de la sensibilité, la peur de
l'homosexualité, les préjugés, la virilité exacerbée, qui sont cause de
nombreuses maladies psychiques, comme le montrent Sigmund Freud et la
psychanalyse.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.