lundi 13 novembre 2017

Ce que la Kabbale enseigne sur la Divinité.





Le livre de Jean-Malfatti.


Cet article est la suite de celui-ci .

La Kabbale fut très souvent mal vue par les milieux rabbiniques officiels. De ce point de vue, la Synagogue qui rejette les kabbalistes ressemble à l'Eglise qui exclut les cathares. (La Synagogue, avouons-le, elle, ne brûla pas ses hérétiques.) En tout cas, les kabbalistes dégageaient une odeur de soufre parce qu'ils voulaient percer le mystère de la divinité. L'enseignement exotérique se contente de croire, tandis que la recherche ésotérique pousse plus loin.

L'homme est fait à l'image de l'univers, dit la Kabbale, mais l'homme et l'univers sont faits à l'image de Dieu. Dieu « en-soi » reste, certes, inconnaissable, et les kabbalistes l'appellent alors l'En-Soph, mais il y a ses manifestations (les Sephirot) qui, elles, sont susceptibles d'être comprises.

A vrai dire, la manifestation principale des Sephirot, c'est le triangle. On retrouve cette loi dans les groupes:

—           Soleil, Lune, Terre,

—           Osiris, Isis, Horus,

—           Brahma, Vishnou, Siva,

—           Père, Fils, Saint-Esprit.

Ils se concrétisent sous la forme de trois Sephirot : Hokhmah (la sagesse), Binah (l’intelligence), Kether (la couronne). Ces trois premières Sephirot représentent l'Esprit de Dieu (Esprit incommensurable et très mystérieux). Quant au corps de Dieu, c'est l'univers, dit la Kabbale. Curieuse conception: Dieu a un corps ! Cela rejoint le matérialisme cosmique d'un Giordano Bruno, philosophe italien brûlé à la Renaissance. De ce fait, la Kabbale n'est ni tout à fait juive (le judaïsme n'admet pas que Dieu ait un corps) ni même tout à fait chrétienne (pour le christianisme, Dieu ne s'est revêtu que d'un corps humain et non de l'univers). On ne retrouve de telles spéculations que dans les hérésies chrétiennes, tel le catharisme.

Dieu est donc inconnaissable dans son essence, mais il est connaissable dans ses manifestations. Et ce point de vue rejoint la tradition primordiale et les traditions particulières de nombreux peuples. Il rejoint ainsi les conceptions hindoues qui, elles aussi, se fondent sur une base rappelant les Sephirot. Le Dr jean Malfati de Montereggio, un ésotériste du XIX ème siècle, dans son livre Etudes sur la Mathèse ou Anarchie et Hiérarchie de la Science avec une Application spéciale de la Médecine, remarquait que « le premier acte en soi de révélation de Brahma fut celui de la « Trimurti ». 

Or la Trimurti est le principe ternaire procédant à l'acte créateur de la divinité. Cette Trimurti qui représente la création, la conservation et la destruction, sous le nom de Brahma, Vishnou et Siva équivaut à l'évocation des trois Sephirot : Hokhmah, Binah, Kether." Bien plus, dit le D' Malfati : « Cette première Trimurti passe alors dans une révélation extérieure et dans celle des sept puissances précréatrices, ou dans celle du développement septuple personnalisé par Maïa : Oum, Haranguerbehah, Porsh, Parad Pradiapat, Prakrat, Pran. » Bref, nous avons une stricte équivalence entre les personnifications de l'hindouisme et les Séphirot de la Kabbale. Cela ne nous étonne pas, nous qui sommes maintenant familiarisés avec la notion de tradition primordiale.

Enseignement de la Kabbale sur l'homme.

Comme l'alchimie et toutes les disciplines occultes, mais avec une science très consommée, la Kabbale dit que l'homme contient en raccourci tout l'univers. De là son nom de « microcosme ». Remarquons en passant que lorsque l'ésotérisme dit que l'homme est comme l'univers, que le haut est comme le bas, il ne fait pas allusion à une égalité, mais à une analogie. L'homme et le monde ne sont pas semblables et encore moins égaux, mais analogues. D'après les sciences occultes, les objets qui se conforment à la même loi dans l'univers sont analogues aux organes humains. La nature montre des êtres de constitutions variées (minéraux, végétaux, etc.) qui se groupent pour former des planètes, lesquelles se groupent à leur tour pour former des systèmes solaires. Les planètes et leurs satellites donnent naissance à la vie de l'univers comme le jeu des organes donne naissance à la vie humaine. Les organes et les planètes ont donc beau être des grandeurs absolument incomparables, ils agissent en fonction de la même loi et sont analogues.
D'après la Kabbale, l'homme primordial est composé de trois éléments essentiels :

—           d'un élément inférieur, Nefesh (ou Nefesch);

—           d'un élément supérieur, l'étincelle divine Neshamah (ou Neschamah);

—           d'un élément médian, Ruah (ou Ruach).

L'homme primordial n'est pas encore matériel au sens où nous l'entendons. Il n'acquerra son corps de matière très grossière qu'après la chute.

L'élément supérieur de cet homme primordial s'appelle le Neshamah. Nefesh et Neshamah sont d'essences vraiment différentes, absolument opposées. C'est le Ruah qui les met en accord, qui leur permet de coexister pacifiquement.

Au commencement du monde, l'homme (l'Adam Kadmon) est émané de Dieu à l'état d'esprit pur. Bien plus, comme Dieu constitué en Hokhmah en Binah, il  est à la fois mâle et femelle. Il forme un seul être symbolisé par l'Androgyne. Adam et Eve ne sont pas encore des êtres distincts. La biologie montre que c'est la différenciation sexuelle qui a apporté la mort. Au début, la vie était éternelle, mais elle était incapable de plaisir et de reproduction. La Kabbale tient compte de la sexualité : le plus grand péché, disent les kabbalistes, est pour un homme de rester sans femme. La Kabbale a-t-elle développé, comme le yoga tantrique, des techniques érotiques de rétention du sperme et de transformation de l'instinct sexuel en présence de la lumière? Les textes ne sont pas tout à fait explicites à ce sujet. Mais il y aurait fort à parier que la tradition kabbalistique n'échappe pas à la règle de la prise en compte du phénomène sexuel.

Sous l'influence de la chute, l'être unique, originel, l'Adam Kadmon, se divise et se matérialise en homme et femme (Adam et Levé). La psychologie moderne rejoint ici l'enseignement traditionnel : l'homme n'est jamais entièrement homme, ni la femme entièrement femme. Ils contiennent chacun une part de sexe opposé : la sensibilité (féminine) pour l'homme (anima de Jung) mais aussi les mamelons qui ne lui servent à rien physiologiquement, l'activité virile (masculine) (animus de Jung) pour la femme. C'est le refus de la sensibilité, la peur de l'homosexualité, les préjugés, la virilité exacerbée, qui sont cause de nombreuses maladies psychiques, comme le montrent Sigmund Freud et la psychanalyse.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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