Le mentaliste Eric
Bertrand.
Selon moi, « Douceurs mentales 2 » de Fabien
ARCOLE et Eric BERTRAND est un des meilleurs ouvrages écrits sur le mentalisme
(techniques, tours et réflexions) par des mentalistes de langue française.
Voici un effet de mentalisme proposé par
Eric Bertrand à la suite de sa prestation en live sur le site « Virtual Magie ».
ARTISTE MENTAL
" Cette routine, très simple dans sa structure, constitue une
démonstration élémentaire de pouvoir télépathique. Elle est pratiquement
impromptue et peut être exécutée devant un participant unique, un petit groupe
ou même sur scène. C’est le b.a.-ba du mentalisme.
Techniquement, elle repose sur deux changes de billets et un
« peek », ce dernier étant particulièrement facile à réaliser
secrètement, comme on le verra plus loin.
EFFET
Le mentaliste propose de réaliser une expérience de
transmission de pensée faisant appel à la capacité artistique d’un membre de
l’audience (ou du groupe, s’il s’agit d’une prestation impromptue devant un
groupe d’amis par exemple).
Un volontaire se présente. Le mentaliste lui tend un morceau
de papier pré plié en quatre et un stylo et lui explique : « Dans un instant, je vais vous demander de
concevoir mentalement un dessin assez simple et de le dessiner sur ce morceau
de papier. Le dessin peut être n’importe quoi. Quelque chose d’abstrait, ou au
contraire de concret. Un simple symbole ou quelque chose de représentatif.
Vraiment ce que vous voulez. Vous pouvez faire preuve de créativité, mais
limitez-vous à quelque chose de simple s’il vous plaît. Vous avez quelque chose
en tête ? Parfait. Retournez-vous, que je ne puisse rien voir de ce que
vous dessinez, faites votre dessin puis repliez le papier et revenez vers moi.
Merci. »
Pendant que le participant s’exécute (le dos tourné), le
mentaliste explique : « Si je
vous demande de dessiner quelque chose sur ce papier, c’est pour deux raisons.
D’abord, cela vous oblige à vous concentrer sur ce que vous avez en tête, à
focaliser vos pensées précisément sur la forme que vous dessinez. Ensuite,
parce que ce papier nous servira de preuve en fin d’expérience, pour juger du
degré de réussite de cette dernière. »
Pendant qu’il délivre cette courte explication, le mentaliste
sort de sa poche un autre stylo doté d’un capuchon avec un clip. Il le tient en
main gauche.
Quand le participant refait face au mentaliste, ce dernier
s’empare du papier du volontaire et le coince très ouvertement sous le clip du
stylo qu’il tient à la main. Il peut ensuite montrer l’ensemble « stylo +
papier coincé sous le clip » à l’ensemble de l’audience, et ce, sous tous
les angles. De toute évidence, le papier est toujours plié et l’information
qu’il contient est parfaitement inaccessible.
Le mentaliste dépose le tout sur la table. Il explique :
« Pour réussir cette petite
expérience, je vais devoir m’appuyer sur la psychologie. Rassurez-vous, rien de
bien compliqué. Je vais simplement vous demander de m’indiquer votre chiffre
préféré, entre 1 et 9 ?
n Le 6, répond le participant.
n Et maintenant, votre couleur préférée ?
n Le bleu. »
Le mentaliste se concentre quelques instants, puis annonce quelque
chose du genre : « Très bien,
merci. Voilà ce que vous allez faire. Je vais me retourner et placer mon dos
face à vous. Vous allez vous approcher de moi, en restant dans mon dos et vous
allez reproduire dans mon dos, sans le toucher, le dessin que vous avez en
tête. J’insiste : vous ne devez pas toucher mon dos, mais imaginer qu’il
s’agit d’un chevalet et que vous allez peindre un tableau dessus. Du bout de
l’index, vous reproduisez votre dessin, en grande taille, sur la surface de mon
dos, mais encore une fois, sans jamais toucher mon dos. Vous avez bien
compris ? »
Le mentaliste se retourne et baisse la tête. Il demande au
participant de commencer la reproduction de son dessin. Au bout de quelques
secondes, il demande : « Vous
avez terminé, je crois ? » Quand le volontaire confirme avoir terminé,
le mentaliste lui demande : « Recommencez
le dessin, s’il vous plaît. Je crois que j’ai l’idée générale, mais il me
manque des détails, il me semble. »
Le volontaire s’exécute et le
mentaliste le remercie. Ce dernier se retourne et fait de nouveau face à son
audience. Il explique :
« Comme
je vous le disais tout à l’heure, pour cette expérience je m’appuie sur des
données d’ordre psychologique. Laissez-moi vous dire comment je vous perçois,
sur la base de vos choix.
Le
6, c’est le chiffre de l’Adulte et de l’Harmonie. Vous devez être quelqu’un
d’assez équilibré, qui sait donner confiance à son entourage. Vous êtes
probablement prêt à mettre de l’eau dans votre vin afin de préserver des
conditions de vie harmonieuses autour de vous. Et vous avez choisi le
Bleu, la couleur de l’eau. Un choix qui dénote probablement une certaine
intuition, une ouverture aux autres au plan émotionnel… Globalement, je pense
donc que votre dessin doit être plutôt rond, avec de nombreuses lignes courbes.
Un dessin plutôt sympathique, qui reflète votre nature cordiale. Je dirais…
Probablement un chat, assez stylisé. Laissez-moi vérifier. »
Sur ce, le mentaliste reprend le
stylo qui était resté visible sur la table à ses côtés. Il retire le papier du
clip et l’ouvre. Il sourit. Il le tend à un spectateur et lui demande de
vérifier ce que le volontaire a dessiné. Ce dernier confirme qu’il s’agit bien
d’un chat !
MODUS
OPERANDI
Comme indiqué en introduction,
cette routine simple et directe repose sur l’utilisation de deux changes de
papier et d’un peek.
Le premier change est effectué au moment de la récupération du papier
rempli par le participant. Ce papier est changé contre un « dummy »
(un papier vierge, plié de la même manière, que le mentaliste avait en sa
possession dès le départ).
Le « Microphone switch »
de Bob Cassidy est particulièrement pratique pour réaliser ce change. Ce change
est explicité entre autres dans Black Box
Cinema (vidéo de Bob Cassidy), dans The
Natural Billet Switch de Richard Osterlind (que l’on trouve dans son fameux
opuscule The Perfected Center Tear)
ou bien encore dans la routine B2 de
Philipp Gangelberger). Ce change particulier est justifié par le fait que l’on
va coincer le billet du volontaire sous le clip du stylo. Tout est donc
parfaitement naturel dans ce mouvement.
Le mentaliste avait le
« dummy » dans sa poche gauche, accompagné du second stylo. Quand il
sort le stylo de sa poche, en main gauche, il sort en réalité le « dummy »,
placé à l’empalmage des doigts gauches, et le stylo tenu le capuchon vers le
haut. Evidemment, seul le stylo est visible. Le papier du volontaire est
récupéré en main droite, le change a lieu dans le mouvement de placer le papier
sous le clip. En réalité, c’est le « dummy » qui finit sous le clip
et le billet contenant le dessin est secrètement conservé en main droite. La
consultation des sources indiquées dans le paragraphe précédent devrait rendre
tout ceci clair comme de l’eau de roche…
Comme le lecteur l’aura
certainement compris, la lecture du
papier – et donc la prise de connaissance du dessin – se fait pendant que
le mentaliste a le dos tourné (ce qui est parfaitement justifié par la
chorégraphie de l’effet). Les coudes bien conservés contre les côtés du corps,
il est facile d’ouvrir le papier, de prendre connaissance du dessin, puis de
replier le billet. C’est là l’affaire de quelques secondes seulement, et c’est
parfaitement indétectable.
Quand le mentaliste refait face à
l’audience, le papier du volontaire est de nouveau à l’empalmage des doigts
droits et donc invisible.
On notera que ce n’est qu’à ce
moment-là que le mentaliste délivre son court « cold reading ». Bien
évidemment, comme il connaît alors le dessin, il est facile de produire un
reading qui correspond, au moins partiellement, au style du dessin… Et donc
d’apparaître particulièrement intuitif !
Le second change est effectué sous le prétexte de vérifier le dessin
effectué par le participant. Plusieurs possibilités s’offrent au mentaliste.
Par exemple :
Ø Effectuer le change en faisant
glisser le papier (« dummy ») conservé sous le clip. A la fin du
mouvement, c’est le vrai papier (avec le dessin) qui est ouvert, puis rendu
(ceci peut être vu comme une adaptation du CT
Billet Switch de Christopher Taylor dans The Poor Mage’s Billet System) ;
Ø Dégager le « dummy » du clip
et effectuer le change dans l’action de tendre le papier à l’audience pour
vérification. Là encore, il n’y a aucune difficulté (n’importe quel change, à
une ou deux mains, pourra être utilisé).
Dans
les deux cas, le « dummy » finit en main droite, empalmé, et il est
déposé dans la poche avec le stylo. Ni vu, ni connu… Le mentaliste finit les
mains vides et peut recevoir librement les applaudissements de l’audience.
Une
routine simple et directe, avec un peu de « cold reading » pour
justifier ou au moins vaguement expliquer la performance de l’artiste. Et rien
de compliqué. Deux changes de base et une lecture secrète qui ne peut être
repérée, puisqu’effectuée le dos tourné."
Cet article peut être considéré comme la
suite de celui-ci de
ce blog.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous !
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