Frederick Perls.
Des amis m’ont demandé d’apporter des
approfondissements sur la gestalt-thérapie, la psychothérapie que je préfère
actuellement. J’ai déjà abordé ce sujet à plusieurs reprises dans ce blog. En
voici quelques exemples :
Cet article est la suite de celui-ci.
Le livre de référence sur le sujet
est Gestalt-thérapie, nouveauté,
excitation et développement de Frederick Perls, Paul Goodman
et Ralph Hefferline. Je vais, pour que vous compreniez bien la démarche de la
Gestalt, vous citer une partie de son introduction.
Le thérapeute freudien dit à son patient
de se relaxer et de ne pas se censurer. Mais c'est précisément ce qu'il ne peut
pas faire. Il a « oublié » comment il s'inhibe. L'inhibition est devenue
routine, comportement stéréotypé, exactement comme nous oublions comment
s'épellent les mots lorsque nous lisons. Là, il semble que nous ne soyons guère
plus avancés que Reich. D'abord, nous étions inconscients de ce qui était
réprimé ; maintenant, nous sommes largement inconscients de la manière dont
nous réprimons. Le thérapeute actif semble indispensable. Il devra soit
interpréter, soit secouer le patient.
Là encore, le point de vue gestaltiste
vient à notre secours. Dans un livre précédent (Perls, Le moi, la faim et l’agressivité), nous avions avancé la théorie
suivante. Dans la lutte que l'organisme mène pour survivre, le besoin le plus
pertinent devient figure et organise le comportement d'un individu jusqu'à ce
que ce besoin soit satisfait, puis il se fond dans le contexte (équilibre
temporaire) et cède la place à un autre besoin important dans l'immédiat. Chez
l'organisme sain, ce changement de priorité constitue la meilleure chance de
survie. Dans notre société, ces besoins dominants, par exemple la morale,
deviennent souvent chroniques et empêchent l'autorégulation subtile de
l'organisme humain.
Nous avons à nouveau un principe
unitaire avec lequel nous pouvons travailler. Selon le point de vue du névrosé
(même s'il paraît stupide de l'extérieur), pour survivre, il faut qu'il se
contracte, qu'il se censure, qu'il triomphe de l'analyste, etc. C'est son
besoin dominant, mais comme il a oublié comment il l'organise, il est devenu
routinier. Ses intentions de ne pas se censurer sont aussi efficaces que les
résolutions de ne plus boire prises le jour de l'an par un alcoolique. Ce qui
est routine doit redevenir besoin pleinement conscient, nouveau, excitant, pour
retrouver la capacité de régler les situations inachevées.
Au lieu de tirer des ressources de
l'inconscient, nous travaillons en surface. Le problème, c'est que le patient
(et trop souvent le thérapeute lui-même) prend cette surface comme allant de
soi. La manière dont le patient parle, respire, bouge, se censure, méprise,
cherche des causes, etc., tout cela est pour lui évidence, constitution,
nature. Mais, en fait, c'est l'expression de ses besoins dominants,
c'est-à-dire vaincre, être le meilleur, impressionner. C'est précisément dans
l'évident qu'on trouve la personnalité inachevée. Et ce n'est qu'en s'attaquant
à l'évident, en détruisant le pétrifié, en faisant la différence entre le bla-bla-bla
et les véritables préoccupations, entre l'obsolète et les activités créatrices,
que le patient peut retrouver la vivacité de la relation figure/fond. Dans ce
processus, qui est le processus de croissance et de maturation, le patient expérimente
et développe son « self » (« moi »), et nous voulons montrer
comment il parvient à ce self (« moi ») par les moyens dont il dispose : sa
capacité de prendre conscience dans des situations expérimentales.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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