Un des livres où j'ai commencé à apprendre la magie des cartes.
Un peu de nostalgie. Je vous raconte la deuxième
manipulation de cartes que j’ai apprise quand j’étais enfant (précisément à
l’âge de 8 ans) : le saut de coupe d’une main. Robert-Houdin dit
dans « Comment on devient sorcier, les secrets de la
prestidigitation et de la magie » : « La coupe d'une seule main
sert rarement dans l'exécution des tours de cartes, et n'a généralement d'autre
but que de montrer la dextérité des doigts. C'est pour cette raison que je l'ai
placée dans le chapitre des principes brillants. ». Ce n’est pas du tout l’avis de Camille
Gaultier dans son livre « La prestidigitation sans appareils », paru
en 1914, qui affirme : « Nous ne partageons pas cette manière de voir. ».
Le saut de coupe était expliqué dans un des premiers livres que j’ai ai acheté
sur le sujet : « Manuel complet des sorciers, ou la magie blanche
dévoilée » (J’ai appris par la suite que le livre était paru en 1833 ! Il
faisait partie des manuels Roret. Les manuels Roret ont été publiés de 1822 à
1939. Riche de près de 400 titres, cette collection éditoriale constituait une
encyclopédie des savoir-faire et des techniques professionnelles de l’époque).
Cependant, la première description d’un
saut de coupe d’une seule main se trouvait déjà dans l’ouvrage d’Henri Decremps
paru en 1785 « Testament de Jérôme Sharp, professeur de physique amusante ».
Je trouve que le saut de coupe d’une
main est très bien expliqué dans un
livre pour les tricheurs et les cartomanes qui s’intitule « L’expert aux
cartes » publié en 1902. Curieusement, on n’en connaît pas l’auteur qui
l’a signé sous le pseudonyme de S.W. Erdnase (sans doute une anagramme
d’Andrews). Ce qui est certain, c’est qu’il était certainement à la fois un
tricheur et un magicien. Voici donc un extrait de cet ouvrage expliquant
comment effectuer un saut de coupe d’une main :
Le saut de coupe Erdnase : méthode à une main.
« La méthode suivante est le résultat d'efforts
obstinés pour inventer un saut de coupe qui peut être utilisé avec la plus
grande probabilité de succès à la table de jeu. Elle est de loin supérieure
pour cet usage, parce que l'action se fait juste avant que la main droite ne
saisisse le jeu, ce qui couvre naturellement l'action et la réalise en fait
juste avant le moment où on l'attendra. Ce saut de coupe est extrêmement rapide
et sans bruit, et les deux paquets se déplacent un minimum en changeant de
position. Le problème vient du fait qu'il est très difficile à réaliser à la
perfection. Il faut de nombreuses heures de travail pour acquérir l'habileté
requise — mais il convient de se rappeler que si la manipulation des cartes
était facile à réaliser, il n'y aurait aucun intérêt ni profit à le faire.
Tenir le jeu dans la main gauche, l'auriculaire sur le
petit bord intérieur, l'index et le majeur sur le grand bord, le pouce en
diagonale sur le dessus du jeu avec la première articulation appuyé contre le
petit bord extérieur, et l'annulaire courbé contre le dessous du jeu. Le bout
du majeur tient un break sur le côté afin de repérer la coupe ou séparer les
deux paquets qu'il faut inverser.
En serrant le
paquet du dessous entre le majeur et la paume, et en tenant le paquet du dessus
entre le pouce et l'auriculaire sur les petits bords, on découvre qu'il est possible
de bouger les deux paquets de façon indépendante. Pour les inverser, tenir le
paquet du dessus fermement en appuyant avec le pouce, ouvrir les deux paquets
au break, et retirer le paquet du dessous avec le majeur et l'annulaire — le
majeur tire vers le bas et l'annulaire appuie vers le haut, jusqu'à ce que le
bord intérieur du paquet du dessous se libère du bord extérieur du paquet du
dessus.
Puis appuyer le
paquet du dessous pour qu'il glisse vers le haut et sur le dessus. Quand on
sort le paquet de dessous en le séparant du paquet de dessus, il faut le
tourner un peu avec l'annulaire, afin que le coin près de l'auriculaire
apparaisse en premier. L'auriculaire aide à l'inversement en appuyant vers le
bas sur le paquet du dessus au moment où le paquet du dessous fait son
apparition sur le côté.
Il est probable que les premières tentatives fassent
croire à l'étudiant que c'est une manipulation impossible. La position très
inhabituelle des doigts semble neutraliser toute possibilité de contrôle du
jeu. Toutefois, il est incontestable que l'on puisse tenir les paquets avec la
fermeté d'un étau pendant toute l'opération - ou même les tenir de façon très
détendue — dans les deux cas, l'opération peut être réalisée soit très
lentement, soit très vite.
La plus grande difficulté vient du fait qu'il faille
retirer le paquet de dessous de telle façon qu'il ne s'échappe pas des doigts.
Il ne doit surtout pas sauter en se séparant du paquet du dessus, mais doit
glisser le long du paquet, monter, et se poser dessus en un seul mouvement
continu.
Bien sûr, pendant la réalisation de ce saut de coupe à
la table de jeu, il faut amener la main droite par-dessus le jeu juste au
moment de l'action, et l'opération peut être grandement facilitée en permettant
au paquet du dessous de rebondir légèrement contre la paume droite — mais
l'opérateur compétent n'utilisera la main droite que pour couvrir, elle ne
prendra aucune part dans l'action. Une main plus longue ou plus large pourra
probablement faciliter l'opération, mais l'astuce peut être réalisée
efficacement même avec une très petite main une fois que l'on aura appris le
tour. »
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous !
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