Le livre en question.
Dans le cadre de mon projet de
publier un article chaque jour dans ce blog pour désennuyer les magiciens
confinés, j’ai écrit sur un sujet totalement différent : la
méditation (en plus abordée par un psychologue).
Lawrence LeShan est un des
premiers psychologues à avoir pensé qu’il y avait des facteurs psychiques dans
l’origine du cancer dans son livre « Vous pouvez lutter pour votre vie ».
« Méditer pour agir » est le premier ouvrage que j’ai lu sur la méditation.
Son titre m’avait fasciné : la méditation n’était pas quelque chose d’égoïste,
de nombriliste. Elle pouvait aboutir à ce qui semble son contraire, l’action.
Voici des extraits du début du livre :
« Il y a quelques années, je
m’étais rendu à une petite conférence de scientifiques qui, tous, pratiquaient quotidiennement
la méditation. Vers la fin de la session de quatre jours, au cours de laquelle
chacun d'entre eux avait expliqué plus ou moins longuement comment il méditait,
j'entrepris de leur poser la question : pourquoi méditez-vous ? Diverses
réponses furent données par différents membres du groupe, mais elles ne nous
satisfirent pas, car elles ne répondaient pas réellement à la question.
Finalement quelqu'un dit : «
C'est comme de rentrer chez soi. » Un silence s'ensuivit, et chacun hocha la
tête en signe d'assentiment. De toute évidence, il n'y avait pas à pousser plus
loin l'enquête.
Cette réponse à la question «
Pourquoi méditons-nous ? » traverse toute la littérature consacrée à la méditation
par ceux qui la pratiquent. Nous méditons pour trouver, recouvrer, revenir à quelque
chose de nous-même que nous avons un jour détenu obscurément, inconsciemment, et que
nous avons perdu sans savoir ce que c'était, ni où et quand s'effectua la perte.
Nous pouvons parler d'accéder plus amplement à nos potentialités humaines, de
nous rapprocher de nous-même et de la réalité, ou d'accroître notre capacité
d'amour et d'enthousiasme. Il peut s'agir de connaître plus intimement le fait
que nous sommes partie intégrante de l'univers, et que rien ne peut nous en
aliéner ou nous en séparer, ou d'être mieux en mesure de voir la réalité et d'y
fonctionner effectivement. Par l'entremise de la méditation, nous découvrons
que tous ces objectifs sont porteurs du même sens. Le psychologue Max
Westheimer se réfère à cet état perdu, que nous cherchons à retrouver lorsqu'il
définit l'adulte comme « un enfant détérioré ».
Le but de la méditation n'est
autre que notre pleine « humanité »,
l'entière jouissance de ce qu'être humain signifie. La méditation est une
discipline rigoureuse et difficile qui nous aide à nous diriger vers ce but. Ce
n'est l'invention d'aucun homme particulier ni d'aucune école spécifique. De
façon répétée, en beaucoup de lieux et d'époques différentes, des hommes, qui
ont exploré sérieusement la condition humaine, sont parvenus à la conclusion
que le potentiel d'être, de vie, de participation et d'expression dont
disposent les êtres humains excède la faculté qu'ils ont d'en user. Ces
chercheurs ont développé des méthodes d'entraînement pour aider autrui à
réaliser ce potentiel, et toutes ces méthodes (les pratiques de méditation) ont
beaucoup en commun. Elles se fondent toutes sur les mêmes intuitions, et posent
les mêmes principes, qu'elles se soient développées dans l'Inde ancienne, les
déserts de Syrie et de Jordanie entre le cinquième et le douzième siècle de
nomme ère, le Japon de l'époque de Kamakura, les monastères de l'Europe
médiévale, la Pologne et la Russie des XVIII ème et XIXe siècles, ou en
d'autres lieux et temps.
Toutes ces pratiques demandent du
travail. Il n'est point de route facile ni de voie royale vers le but que nous
recherchons. Bien plus, il n'est point de terme à la quête ; il n'est point de
position d'où l'on puisse s'écrier : « Maintenant je suis arrivé, je puis
cesser de travailler. » Comme nous travaillons, nous nous trouvons davantage
chez nous dans l'univers, plus à l'aise avec nous-même, mieux en mesure de nous
appliquer effectivement à nos tâches, plus proches de nos congénères, moins
inquiets et moins agressifs. Mais nous ne touchons aucun but. Comme à toute
chose importante — l'amour, l'appréciation de la beauté, l'efficacité —, il
n'est point de limite au potentiel du développement humain. Notre travail —
dans la méditation — fait partie d'un processus ; nous cherchons à atteindre un
but, le sachant à jamais inaccessible.
Un bon programme de méditation
ressemble sur beaucoup de points à un bon programme de culture physique. Tous
deux requièrent un travail rigoureux et répété. Le travail est souvent
fondamentalement assez stupide dans son aspect formel. Qu'y a-t-il de plus
frivole que soulever sans fin une paire d'haltères, sinon compter inlassablement
ses respirations jusqu'au nombre de quatre, ce qui est un exercice de
méditation ? Dans les deux cas, l'effet produit sur le sujet au travail importe
davantage que le soulèvement du poids ou le dénombrement des souffles. Le sujet
qui utilise ces programmes sait pertinemment qu'il n'existe pas un seul « bon »
programme, valable pour tous. Il serait absurde de prescrire le même programme
physique à deux individus différant notablement par la charpente, la condition
physique générale, et la relation qu'entretient le développement de l'appareil
respiratoire et circulatoire avec celui de l'appareil musculaire. Il est tout
autant dénué de sens de prescrire le même programme de méditation à deux
individus différant notablement par le développement des systèmes sensoriel,
émotionnel et psychique, et leur interrelation. L'une des raisons pour
lesquelles les écoles formelles de pratique de la méditation ont un tel
pourcentage d'échecs parmi leurs étudiants — ceux qui tirent peu de chose des
pratiques et qui ne tardent pas à abandonner complètement la méditation — est
que la plupart d'entre elles ont tendance à croire qu'il n'existe qu'une seule
façon juste de méditer pour quiconque,
et que, par une curieuse coïncidence, elles en sont détentrices.
Les programmes d'exercice physique
et de méditation ont tous deux pour
premier objectif de brancher et d’entraîner
le sujet de telle sorte qu’il soit à même de se mettre en mouvement vers ses
buts. »
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous !
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