mardi 8 novembre 2016

« Vie de Marcel Proust » dans « Atteindre l’excellence » de Robert Greene, chapitre 6, quatrième partie.



Du côté de chez Swann, le premier livre que j'ai lu de Proust


Je n’ai jamais vu de description de l’existence de Marcel Proust aussi exacte et aussi parlante que celle de Robert Greene dans son livre Atteindre l’excellence. Cet article est la suite de celui-ci.

En 1899, Proust était accablé de découragement. Il en avait assez des salons et de la société des riches. Il n’avait pas de situation pour se nourrir. A près de 30 ans, il vivait toujours chez ses parents et dépendait d’eux pour son entretien. Il s’inquiétait en permanence de sa santé, sûr d’être condamné à mourir jeune. Tous ses camarades de classe occupaient des postes importants et avaient fondé une famille. Il avait donc le sentiment d’être un raté. Ce à quoi il était arrivé, c’était à publier quelques articles dans des journaux concernant la haute société et un livre qui avait fait de lui la risée du Tout-Paris. La seule chose sur laquelle il pouvait encore compter, c’était le dévouement de sa mère.

Dans son désespoir, une idée lui vint. Il dévorait depuis plusieurs années les œuvres d’un penseur anglais qui était aussi critique d’art, John Ruskin. Il décida d’apprendre l’anglais et de traduire Ruskin en français. Cela exigeait qu’il y consacre plusieurs années de recherche sur les thèmes favoris de Ruskin, telle l’architecture gothique. Cela lui prendrait du temps, il lui fallait différer son projet de roman, mais cela prouverait à ses parents qu’il voulait vraiment gagner sa vie et choisir son métier. Agrippé à ce dernier espoir, il se plongea dans ce travail de toute son énergie.

Au bout de plusieurs années de labeur, il publia quelques-unes de ses traductions de Ruskin. Ce fut un triomphe. Les présentations de ces traductions le débarrassèrent enfin de la réputation de dilettante oisif qui le poursuivait. On le considérait désormais comme un intellectuel sérieux. Grâce à ce travail, il améliora sa plume ; en intégrant l’œuvre de Ruskin, il devint capable d’écrire des dissertations précises et réfléchies. Il avait enfin acquis de la discipline, ce sur quoi il pouvait se construire. Mais au beau milieu de ce modeste succès, son réseau de soutien affectif vacilla, puis disparut. Il perdit son père en 1903, puis son inconsolable mère deux ans plus tard. Ils n’avaient pratiquement jamais été séparés et Proust redoutait depuis son enfance le moment de leur mort. Il se sentit dans une solitude totale et craignit d’avoir perdu toute raison de vivre.

Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.

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