lundi 6 juin 2016

«Affûter son esprit» dans « Méditer jour après jour » de Christophe André (cinquième partie)





La roue de la vie bouddhiste et ses douze nidanas


Christophe André s’avère un bon connaisseur du bouddhisme dans le chapitre « Affûter son esprit ». Il explique qu’il existe deux voies dans la méditation bouddhiste. Celle de l’apaisement, appelée shamatha, et celle de la « vision pénétrante », nommée vipassana. La première voie (un de ses exercices est la méditation sur le souffle) est nécessaire pour que la seconde s’exerce pleinement. L’esprit agité et dispersé ne peut poser sur le monde un regard lucide. Il reste dans une représentation du monde, mais il ne voit pas la réalité du monde. La méditation de la vision pénétrante a fait émerger dans l’esprit du bouddha et de ceux qui ont suivi sa voie plusieurs concepts fondamentaux sur cette réalité. Citons-en trois : l’impermanence, la vacuité et l’interdépendance de toutes choses.

1) L’impermanence (anitya) nous apprend que rien n’est destiné à durer, que tout ce qui advient est affaire de compositions et décompositions, organisations et désorganisations, toutes transitoires et éphémères. Tout élément sur terre d’abord naît, puis se transforme et meurt. L’impermanence est source de souffrance car ces phénomènes comme la naissance, l’existence et la mort sont eux-mêmes porteurs de douleur. Elle est une des trois caractéristiques de l’existence (trilakshanas) selon le bouddhisme avec la douleur (duhka) et le Non-Soi (anatman).

2) La vacuité (shunyata) est un concept bouddhiste qui a généré beaucoup de malentendus. La vacuité ne signifie pas que les choses n’existent pas, mais seulement qu’elles ne sont rien d’autres que des apparences. Elle signifie qu’aucun concept, aucune formulation, y compris l’expression « Non-être » n’est en mesure de traduire la vraie nature du monde. La vacuité, c’est la conscience de cette réalité impossible à saisir pour notre esprit non éveillé.

3) L’interdépendance ou coproduction conditionnée (pratitya-samutpada).

Rien dans ce monde n’a d’existence absolue en tant qu’entité fixe et autonome : je dois ma survie à une infinité d’autres humains et à bien d’autres phénomènes naturels encore. Ces liens de dépendance sont également des liens d’interdépendance : je suis moi-même le point de départ d’élans et d’initiatives qui, à leur tour, vont exercer leur influence autour de moi. En prenant véritablement conscience de cela, en l’acceptant, j’évite les pièges de l’ego et de l’orgueil. Cette acceptation ne doit pas me pousser au fatalisme mais à l’humilité.

Cette théorie signifie aussi que tous les phénomènes sont dans une relation de dépendance qui s’exprime autant dans la simultanéité que dans la succession temporelle (voir les douze nidanas, les douze maillons de l’existence selon le bouddhisme).

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Je continuerai la prochaine fois ce compte rendu du livre de Christophe André Méditer, jour après jour.

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