La roue de la vie bouddhiste et ses douze nidanas
Christophe André s’avère un bon connaisseur du bouddhisme
dans le chapitre « Affûter son esprit ». Il explique qu’il existe
deux voies dans la méditation bouddhiste. Celle de l’apaisement, appelée
shamatha, et celle de la « vision pénétrante », nommée vipassana. La
première voie (un de ses exercices est la méditation sur le souffle) est nécessaire pour que la seconde s’exerce pleinement. L’esprit
agité et dispersé ne peut poser sur le monde un regard lucide. Il reste dans
une représentation du monde, mais il ne voit pas la réalité du monde. La méditation de
la vision pénétrante
a fait émerger dans l’esprit du bouddha et de ceux qui ont suivi sa voie
plusieurs concepts fondamentaux sur cette réalité. Citons-en trois : l’impermanence, la
vacuité et l’interdépendance de toutes choses.
1) L’impermanence (anitya) nous apprend que rien n’est
destiné à durer, que tout ce qui advient est affaire de compositions et
décompositions, organisations et désorganisations, toutes transitoires et éphémères.
Tout élément sur terre d’abord naît, puis se transforme et meurt. L’impermanence
est source de souffrance car ces phénomènes comme la naissance, l’existence et
la mort sont eux-mêmes porteurs de douleur. Elle est une des trois
caractéristiques de l’existence (trilakshanas) selon le bouddhisme avec la douleur
(duhka) et le Non-Soi (anatman).
2) La vacuité (shunyata) est un concept bouddhiste qui a
généré beaucoup de malentendus. La vacuité ne signifie pas que les choses n’existent
pas, mais seulement qu’elles ne sont rien d’autres que des apparences. Elle
signifie qu’aucun concept, aucune formulation, y compris l’expression « Non-être »
n’est en mesure de traduire la vraie nature du monde. La vacuité, c’est la
conscience de cette réalité impossible à saisir pour notre esprit non éveillé.
3) L’interdépendance ou coproduction conditionnée
(pratitya-samutpada).
Rien dans ce monde n’a d’existence absolue en tant qu’entité
fixe et autonome : je dois ma survie à une infinité d’autres humains et à
bien d’autres phénomènes naturels encore. Ces liens de dépendance sont
également des liens d’interdépendance : je suis moi-même le point de
départ d’élans et d’initiatives qui, à leur tour, vont exercer leur influence
autour de moi. En prenant véritablement conscience de cela, en l’acceptant, j’évite
les pièges de l’ego et de l’orgueil. Cette acceptation ne doit pas me pousser
au fatalisme mais à l’humilité.
Cette théorie signifie aussi que tous les phénomènes sont
dans une relation de dépendance qui s’exprime autant dans la simultanéité que
dans la succession temporelle (voir les douze nidanas, les douze maillons de l’existence selon le bouddhisme).
Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Je continuerai la
prochaine fois ce compte rendu du livre de Christophe André Méditer, jour après jour.
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