Cycle d'une Gestalt.
Je viens de lire un livre que
j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je
voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit
de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls.
Cet article est la suite de
celui-ci.
Voici le résumé de ce livre.
Mon dernier gourou a été Mitzie,
une magnifique chatte blanche, qui m'a appris la sagesse de l'animal.
Deux fois dans ma vie, j'ai été
furieux de rater une photo. La première fois quand un membre de mon groupe fit
une expérience de déjà vu avec transes et petit mal (une crise épileptique
mineure). La vidéo fonctionnait et je jouissais d'être le seul peut-être à
posséder l'enregistrement unique de ce symptôme. Bien que j'eusse clairement
marqué « Ne pas effacer », la bande fut effacée et réutilisée.
L'autre événement concerne
Mitzie. Un matin, en m'éveillant, je vis mon sombrero (70 centimètres de
diamètre) s'avancer vers mon lit. Je le soulevai et trouvai dessous Mitzie qui
berçait un oiseau entre ses pattes de devant. Cela me fit un choc. Trois semaines
auparavant, j'avais trouvé mon salon parsemé de plumes, ce qui signifiait
clairement que Mitzie avait attrapé et mangé un oiseau. Je lui pris l'oiseau,
elle avait le regard triste. L'oiseau n'avait aucun mal et put s'envoler au
bout de dix minutes après avoir recouvré ses forces. Comment aurais-je pu
supposer que Mitzie était simplement affectueuse ? Qui a jamais entendu parler
d'un chat qui cajole un oiseau ? Sans mon émotion, j'aurais pu prendre une
photo et montrer avec orgueil un événement aussi rare.
Je sais comment j'ai eu Mitzie.
Je me rappelle le regard gentiment critique de Selig lors de nos premières
rencontres. Mais Friedlander, lui, est plutôt noyé dans la brume. Le jour où ma
mère me parla des colis de nourriture que je lui avais envoyés, j'en fus
surpris. J'avais totalement oublié. Ces colis, c'était en 1922.
La dévaluation du mark allemand
s'accélérait, bien qu'il ne fût pas encore tombé. La nourriture, surtout la
viande, était rare. Ma capacité de voir les choses en perspective était un
atout à l'époque, de même que plus tard, lorsque je sus éviter les dangers du
camp de concentration et le tumulte de la Seconde Guerre mondiale, de même je
fus plus fort que l'inflation.
La trouille que provoquent les
dangers actuels d'inflation aux États-Unis me fait sourire. L'inflation ! Vous
n'avez pas idée de ce que ça signifie ! Si l'argent porte un intérêt, disons de
quatre pour cent, cela veut dire, en vertu de la loi de l'équilibre, qu'il perd
par an le même pourcentage de sa valeur. C'est à peu près le niveau de votre
inflation.
J'ignore si l'inflation allemande
était artificiellement créée afin d'éponger les dettes de guerre, mais j'y
crois assez. Le fait est que le dollar est passé rapidement de 4 marks à 20,
puis à 100, puis à 1 000 et finalement à pas mal de fois 1 000, pour grimper à plusieurs
millions avant d'atteindre plusieurs milliards de marks. La valeur du mark
tendit vers zéro. J'ai une collection historique de timbres allemands, de
l'époque des royaumes éparpillés à l'empire en passant par le Troisième Reich
jusqu'à la division du pays en trois : Allemagne de l'Ouest, Berlin et
Allemagne de l'Est. Les timbres du temps de l'inflation couvrent plusieurs
pages.
Il fallait transporter les
billets de banque dans des sacs. Les gens couraient le soir acheter quelque
chose avec l'argent qu'ils avaient gagné le jour même, parce que le lendemain
matin il était déjà dévalué de cinquante pour cent. Les hypothèques ne valaient
pas le papier sur lequel elles étaient inscrites.
Deux malades me sauvèrent
alors... ainsi que ma présence d'esprit, de cette situation critique. L'un
était banquier. Je ne savais rien de ce qu'étaient la Bourse et ses
manipulations. Un jour, le banquier me suggéra d'acheter des actions qui
représentaient près de cent fois le montant de mes revenus mensuels. Je lui dis
qu'il était fou, mais il se contenta de sourire : « Vous pouvez me faire
confiance ! Je vais prendre le risque moi-même. Vous achetez les actions
maintenant et les payez dans quatre semaines. » Ce que je fis, ne les payant au
bout d'un mois que le cinquième de leur valeur. Je recommençai ; puis cela
devint inutile. Le salut était venu d'une autre source, un patient qui était
boucher à Bremerhaven.
Voilà. C’est tout pour le moment
comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du
dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.
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