jeudi 21 juin 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (seizième partie).



 Le système immunitaire de notre organisme.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci.

Voici le résumé de ce livre.

Si nous n'exerçons pas de contrôle, si l'organisme n'est pas dirigé par des ordres, comment sommes-nous capables de fonctionner ? Comment peut se réaliser la coopération de ces milliards de cellules ? Comment sont-elles capables de pourvoir à leur subsistance et aux autres exigences de la vie ? Si nous rejetons même la dichotomie esprit/corps, quel pouvoir miraculeux nous anime ?

Avons-nous en nous un dictateur qui prend les décisions ? Un conseil qui décide à l'unanimité, un gouvernement doté du pouvoir exécutif ? Y a-t-il un inconscient, ou des émotions, ou un cerveau électronique faisant le boulot ? Y a-t-il un Dieu, une âme imprégnant le corps et prenant à son compte toutes ses exigences et ses buts avec une sagesse infinie ?

Nous ne savons pas ! Nous ne pouvons que faire des suppositions, des modèles, des plans, des hypothèses de travail, et vérifier à chaque seconde leur exactitude et leur fiabilité. Et même si nous savions, à quoi cela nous avancerait-il ?

Aucune théorie n'est valide, si elle admet une seule exception. Si nous trichons, si nous dissimulons les preuves, nous sommes non pas des scientifiques mais des manipulateurs, des hypnotiseurs, des charlatans, ou du moins des propagandistes au service de notre propre importance.

Des brumes de l'ignorance, émerge-t-il des pierres qui permettent de bâtir une théorie fiable, complète, unifiée et applicable, de l'homme et de ses fonctions ?

Il y en a quelques-unes, pas très nombreuses encore, mais suffisantes pour nous donner une direction digne de confiance pour nos buts spécifiques.

J'ai fait de la conscience le centre de mon approche, reconnaissant que la phénoménologie est le premier pas indispensable vers la connaissance de tout ce qu'il y a à savoir.

Sans conscience il n'y a rien.

Sans conscience il y a le vide.

La moyenne des gens se méfie du néant. Elle le trouve étrange et inquiétant. Il lui paraît absurde qu'on puisse avoir recours à lui et s'en servir en philosophe.

Il y a plusieurs existants : les choses, les êtres, les substances chimiques, l'univers, les journaux, et ainsi de suite, à l'infini. Nous ne les classons certainement pas tous dans la même catégorie.

Je ne vois pas beaucoup de catégories de néant, et je crois qu'il vaut la peine, qu'il est indispensable même pour notre propos, de parler de quelques-unes d'entre elles. Prenons comme exemple l'histoire de la création.

D'après tout ce que nous savons, le temps est infini, sans commencement ni fin. Nous apprenons déjà à compter en milliards d'années. L'homme n'a pu tolérer l'idée qu'il n'y ait « rien » au commencement. Alors il a inventé des histoires sur la façon dont fut créé le monde, histoires qui varient selon les différentes cultures et qui fort à propos laissent dans l'ombre le problème de la création du créateur. Ces histoires remplissent un néant que nous pourrions appeler un vide, une vacance, d'une étrangeté inquiétante.

Parfois le néant prend un aspect désirable, comme quand il est vécu dans le contexte de la peine, de la détresse ou du désespoir. Shalom, le salut hébreu, est paix, absence de conflit. Le Nirvana est la cessation de la difficulté de vivre. Le Léthé, c'est l'état d'oubli, l'effacement de l'intolérable.

Parfois le néant est le résultat de la destruction, et, en psychanalyse, du refoulement : l'annihilation de choses, personnes ou souvenirs indésirables.

On peut aussi opposer le néant, dans le sens occidental du terme, à l'idée orientale du néant : no-thing-ness, le « ne-rien-être ». Les choses n'existent pas, chaque événement est un processus, la chose est simplement une forme transitoire d'un processus éternel. Parmi les philosophes pré-socratiques, c'est Héraclite qui soutenait les mêmes idées : Panta rhei, tout est « en fluence », nous ne mettons jamais les pieds deux fois dans le même fleuve.

Dire à une femme qu'elle a la tête vide est pour nous une insulte. Pour un Oriental, cela peut être un grand compliment : sa tête n'est pas obstruée, mais disponible.

Ma première rencontre philosophique avec le néant a été le rien sous la forme du zéro. Je l'ai découvert sous le nom de l'indifférence créatrice, grâce à Sigmund Friedlander.

Je reconnais trois gourous dans ma vie. Le premier était Sigmund Friedlander, qui se donnait lui-même pour néo-kantien : j'ai appris de lui la signification de l'équilibre, centre-zéro des extrêmes. Le deuxième est Selig, notre sculpteur et architecte de l'Institut d'Esalen. Je sais qu'il serait furieux de savoir que je parle de lui. Il s'agit d'une véritable intrusion dans sa vie privée. Ecce homo ! Voici vraiment un « Mensch », un être humain absolument dépourvu de prétention, sage, humble, plein de savoir-faire. En tant que citadin, je n'ai pas eu beaucoup de contacts avec la nature. A le regarder, à voir ses relations et sa compréhension des êtres humains, des animaux et des plantes, à comparer sa discrétion et sa confiance avec mon émotivité et mes airs de prima donna, à sentir enfin la présence d'un être qui m'est cent fois supérieur, et, pour finir, le sentiment de respect mutuel et d'amitié qui s'est fait jour, j'ai appris à surmonter presque tout ce qu'il y a de pompeux chez moi et d'affecté.

Mon dernier gourou a été Mitzie, une magnifique chatte blanche, qui m'a appris la sagesse de l'animal.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


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