Vincent Godbout.
Cet article est la suite de celui-ci.
Q : Tu avais prévu la
maladie de Donald Trump pour la fin du mois de septembre. Comment as-tu
procédé ? Détaille-moi la méthode astrologique que tu as utilisée.
R : Le 14 juin 2020, sur
la base du modèle avec lequel je travaille, j'ai fait sur Facebook une
prédiction sur la santé de Donald Trump. J'ai donné 3 dates critiques pour son avenir.
J'ai vu cela parce que, comme beaucoup d'astrologues, je me penchais sur la
question des élections américaines. J'ai pensé : "Peut-être que Trump n'y
arrivera pas parce que je vois la possibilité qu'il meure avant". Mais je
n'ai jamais écrit cela. J'ai écrit "problèmes de santé". J'ai donné 3
dates : le 2 août, le 17 août et le 28 septembre. Tel qu’abordé
précédemment, le système expert de Mastro génère des Courbes Prévisionnelles
basées sur des combinaisons de transits et de mi-points auxquelles des scores
sont attribués selon un modèle probabiliste. Je n'ai pas l'espace ici pour
expliquer en détail comment cela fonctionne.
Pour revenir à ma prédiction,
le 2 août, il ne s'est rien passé mais il y a eu une sorte de rumeur disant que
Trump était à l'hôpital et qu’il avait une blessure à la main possiblement
provoquée par un cathéter ; mais ce n'était pas officiel et cela pouvait
être une fausse nouvelle. Le 16, son frère est décédé, Donald Trump était très
proche de son frère qui était censé être son meilleur ami, donc il a
probablement été très affecté par ce deuil. La dernière date était le 28
septembre et c'est à ce moment-là qu'il a attrapé la Covid. C'était ma principale
prédiction car elle était également soutenue par l'arc solaire et les
progressions secondaires.
Si rien ne s'était passé à aucune
de ces dates, j'aurais simplement admis que c'était un échec.
Un astrologue m’a écrit que la
mort du frère "n'était pas la réalisation d'une prédiction à propos de
Trump lui-même" ; je prétends que c’est à propos de lui parce que je pense
que nous ne prédisons pas des "événements objectifs" mais nous
prédisons plutôt ce que j'appelle des "événements de conscience". Or,
nous pouvons sûrement dire que dans votre conscience la mort est vraiment
présente si votre frère et ami décède. J'ai beaucoup d'exemples pour illustrer
ce principe. En voici un que je donne souvent. J'étais dans un avion qui
atterrissait à Bruxelles. Nous avions déjà engagé la descente, lorsque le
commandant de bord a annoncé que nous n'allions pas atterrir à cet aéroport
parce qu'il y avait deux incendies. En réalité, il s’agissait de ce grand
attentat terroriste à Bruxelles le 22 mars 2016 qui a fait 18 morts et 92
blessés. Ce jour-là, j'avais dans mes Courbes Prévisionnelles un pic maximal indiquant
la mort. L'attentat s'est produit près du comptoir d'Air Canada qui était ma
compagnie aérienne. Je n'ai pas besoin de vous expliquer à quel point j'ai
pensé toute cette journée à la mort à laquelle j’avais peut-être échappé.
R : Bien faite, l’astrologie va beaucoup plus loin que le "cold reading" et ne repose pas seulement sur l’effet Barnum. Démontré en 1948 par le
psychologue Bertram Forer, l’effet Barnum désigne un processus selon lequel un
individu se reconnaît spontanément dans ce qu'il croit être une description
spécifique de lui-même. Dans l’expérience de Forer, tous les sujets lisent la
même description et ils trouvent qu'elle les décrit avec une cote
d’appréciation supérieure à 70%. Ils ne réalisent pas que le texte pourrait
tout aussi bien décrire quelqu’un d’autre.
Dans le contexte de l’astrologie, bien
souvent, par exemple, les astrologues pensent naïvement que la soi-disant
satisfaction de leur client contribue à établir la validité de l’astrologie. Et
pourtant, comme le suggère l’effet Barnum, il semble futile d’essayer démontrer
la validité de l’astrologie par la validation subjective de sujets interprétés.
La satisfaction des clients démontrerait simplement au mieux que l’astrologue
fait un bon travail de persuasion. Les sceptiques nous disent avec raison que
les nombreuses validations subjectives de l’astrologie ne sont pas pertinentes
pour juger de sa valeur. Selon eux, l’effet Barnum permettrait d’expliquer en
partie la "persistance de pseudo savoirs tels que l'astrologie". En
résumé et en gros, ils pensent que si n'importe qui peut se reconnaître dans
n'importe quoi, alors tout ça c'est de la foutaise.
À ce sujet, en 2017, j’ai présenté aux
Sceptiques du Québec à Montréal un spectacle mentaliste suivi d’une conférence
qui furent très bien accueillis. Dans ma conférence intitulée Au-delà de
l’effet Barnum, je proposais une réflexion critique sur le protocole de
Forer. Sans en expliquer tous les secrets, j’utilisai, entre autres, dans mon
spectacle justement des techniques de "cold reading".
Lors de ma conférence, je posai la question
suivante : « Serait-il possible que le protocole de Forer soit incomplet,
donnant ainsi la fausse impression que les gens manquent de jugement ?» C’est précisément
ce que j’essayai de démontrer aux sceptiques. Mon objectif n’était pas
d’établir la validité de l’astrologie, mais bien de détruire la prétention de
ceux qui offrent l’effet Barnum comme preuve de son ineptie.
L'effet Barnum pose à toute tentative de
validation expérimentale de l’astrologie un problème semblable à celui que pose
l’effet placebo à la médecine. Ne pourrait-on pas dépasser l'effet Barnum et
démontrer que ce serait son protocole incomplet qui donnerait l'impression que
les gens manquent de jugement ? Je suis magicien-mentaliste et j'utilise
régulièrement l'effet Barnum avec succès en dehors de tout contexte
astrologique. Or, je pense que l’astrologie fait appel à quelque chose d'autre
que l'effet Barnum. Je pense que les énoncés astrologiques peuvent être
différents des énoncés du "cold reading". Mais comment démontrer que
des descriptions astrologiques pourraient être meilleures que les énoncés du "cold
reading " ? Peut-être en
essayant de montrer que les descriptions astrologiques collent davantage aux
sujets concernés qu'aux autres...
Voici l’idée du protocole de ma recherche.
D’abord, dans le but d’identifier un
certain nombre de traits de personnalité qui collent astrologiquement à un
sujet, il faudrait analyser son thème astrologique et noter les mots-clefs qui
lui sont associés. La sélection des mots-clefs se fait à l'ordinateur à l'aide du
système-expert de Mastro. Avec ces mots-clefs, on élabore un questionnaire de
personnalité. Le sujet ainsi que les répondants du groupe-contrôle remplissent
le questionnaire en évaluant dans quelle mesure ils possèdent ces trait de
personnalité en leur attribuant des cotes de 1 à 9. Par exemple : parmi les 24
traits de personnalité d’un questionnaire, 12 correspondent à la description astrologique
automatisée d’un sujet et les 12 autres sont leurs antonymes (donc selon
l’astrologie ils n’appartiennent pas au sujet). L'enjeu est de montrer qu'un
sujet ayant une certaine configuration astrologique va coter la moyenne des 12
traits de cette configuration significativement beaucoup plus haut que la
moyenne des 12 antonymes. Par "significativement beaucoup plus haut",
on entend que l’écart entre ses deux moyennes doit être statistiquement plus
élevé que pour les sujets du groupe contrôle.
C’est nettement ce qui arriva et cette
recherche a donc donné les résultats significatifs escomptés.
Voici un témoignage que j’ai reçu.
J’ai beaucoup apprécié la présentation
de Vincent Godbout sur l’effet Barnum. La première partie est un spectacle
professionnel de mentalisme qui permet à l’auditoire d’être victime de l’effet
en question. Sans nous expliquer ses secrets, M. Godbout nous fait comprendre
qu’il utilise une technique de "cold reading" qui fonctionne selon ce
principe qui consiste à dire des énoncés dans lesquels tous peuvent se reconnaître.
Il en rajoute encore en montrant une courte vidéo du mentaliste Derren Brown
illustrant l’effet sur des groupes de personnes de différents pays. Tous se
reconnaissent dans une description qui leur est présentée comme personnelle
mais qui est en fait la même pour tout le monde. Nous voilà convaincus… l’effet
existe bel et bien et est quantifiable (entre 70% et 80%). Le reste de la
présentation, sans réussir à me convaincre de la validité de l’astrologie (ce
n’en était pas le but), détruit la prétention des sceptiques qui offrent
l’effet Barnum comme une preuve de l’ineptie du discours astrologique…Il va
falloir trouver autre chose !
Edward Valentine, sceptique et
mathématicien.
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