samedi 17 octobre 2020

Aperçus sur l'écrivain de science-fiction américain Roger Zelazny (troisième partie).

 


Le premier recueil de nouvelles que j'ai lu de Roger Zelazny

 

  

En ces temps troublés, pour échapper à la morosité ambiante, j'ai décidé de publier des textes que j'avais rédigés sur celui qui est pour moi le plus grand des auteurs de science-fiction (à égalité avec Philip K. Dick), Roger Zelazny.

 

Biographie : de la Sécurité sociale à la science-fiction lyrique (suite)

 

 

 D’abord, il reçoit de nombreuses lettres de rejet pour ses nouvelles, jusqu'à ce qu'en mars 1962 arrive un mot de Cele Goldsmith annonçant qu'elle prenait Le mystère de la Passion.

Roger Zelazny vient de rencontrer celle qui va l'imposer au public par une politique intensive de publication. Cele Goldsmith dirige à cette époque la plus ancienne revue de science-fiction au monde, Amazing, l'ancêtre créé en 1926 par Hugo Gernsback qui a sombré au fil des ans dans le populaire racoleur de très bas étage. II est heureux pour Zelazny qu'Amazing, après une longue période de publication de pseudo science-fiction, soit entrée dans une période de rénovation avec l'arrivée de Cele Goldsmith au poste de rédacteur en chef. Elle réussit à s'imposer en décidant de vieux auteurs endormis à écrire pour elle (Fritz Leiber reprend son cycle de Lankhmar, Robert F. Young, Edmond Hamilton, Daniel Galouye reviennent aux récits courts) et surtout impose de nouvelles vedettes : Harlan Ellison, Thomas Disch, Keith Laumer. Elle voit sans doute en Roger Zelazny son meilleur poulain et lui fait occuper quelques temps (1962‑1965) dans la revue la meilleure position : celle de l'auteur maison dont on présente chaque mois un texte dans l'une ou l'autre des revues du groupe d'édition — Amazing ou Fantastic. Et la force de travail de notre auteur se révèle telle que même deux débouchés mensuels ne lui suffisent pas. Goldsmith trouve donc un pseudonyme à Zelazny, Harrison Denmark, et publie les récits deux par deux.

Le travail de Zelazny à la sécurité sociale dure jusqu'en 1969, quand il démissionne pour écrire à plein temps. Il trouve quand même le moyen d'employer cette expérience pour emmagasiner des ressources pour son écriture : « J'ai regardé les mains et les gestes des personnes, comment ils se comportaient. J'ai étudié leurs visages, me suis interrogé sur leur habillement, leurs bijoux, leurs cicatrices. J'ai écouté leurs mensonges et leur ai demandé ce qu'ils pensaient être la vérité. » Il devint également expert permanent en matière de coutumes chinoises de mariage.

Par ailleurs, le protagoniste sans nom des histoires rassemblées dans L’homme qui n’existait pas doit beaucoup à une conversation sur les enregistrements centralisés d’identité que Zelazny eut avec Bill Spangler, avec qui il travailla au bureau de sécurité sociale de Baltimore. Dans Lewis Briggs, le fonctionnaire de L’île des morts, Zelazny parodie les règles compliquées et les règlements de la bureaucratie du gouvernement. En 1963, Zelazny eut également un travail à temps partiel comme professeur à l'université de Fenn, maintenant Cleveland State, en tant qu'instructeur d’anglais pour les étudiants de première année. Mais il trouva rapidement que l'enseignement lui prenait trop de temps et d’énergie pour son écriture en plus de son travail à temps plein et arrêta après un semestre, refilant le poste à son ami, Ron Dobler, qui à l’époque était professeur de lycée ; maintenant, comme Carl Joke, il est devenu professeur d’anglais à l’université.

L'année 1964 est particulièrement difficile pour Zelazny. En automne, lui et sa fiancée, Sharon Steberl, ont un accident d'automobile à côté de Mansfield dans l’Ohio. Zelazny n'est pas été trop sévèrement touché mais Sharon est blessée assez sérieusement pour retarder leur mariage jusqu’à la fin de l’année. Le 25 novembre, le père de Zelazny meurt brutalement. Bien qu’ayant du mal à supporter ce choc, Zelazny se marie le 5 décembre. Le mariage ne fonctionne pas et il se sépare de son épouse à la fin de l'été 1965 ;  ils divorceront en 1966.

Après sa séparation de Sharon Steberl, Zelazny accepte une promotion comme spécialiste de contentieux social et revient à Baltimore. Une fois installé, il continue à écrire chaque soir. Ses histoires sont à présent régulièrement nominées pour différentes récompenses. En 1966, il gagne son premier Hugo pour Le Voyage infernal et ses premiers Nebulas pour Le Façonneur dans la catégorie nouvelle et pour Les portes de son visage, les lampes de sa bouche dans la catégorie novelette. Plus tard, dans la même année, il publie ses deux premiers romans, Toi l’immortel et Le Maître des rêves. Tous les deux sont des versions augmentées d’œuvres plus courtes qui ont reçu des prix ; Toi l’immortel avait été raccourci pour la publication en magazine et Zelazny allonge Le Façonneur sur une suggestion de l'auteur et éditeur Damon Knight. L'année 1966 est également marquée par un événement positif indépendant de son écriture : le 20 août, il épouse Judith Alene Callahan, avec qui il travaille à l'administration de sécurité sociale.

 

Voilà. C'est tout pour le moment. Amitiés à tous.