mercredi 26 août 2015

Christianisme et réincarnation (deuxième partie)


Jean-Claude Cardot, un professeur de philosophie qui avait concilié dans sa vie la foi chrétienne et la foi bouddhiste ( à voir son magnifique blog).

Voici deux  autres récits des Evangiles qui viennent, à mon avis, encore corroborer l’idée que Jésus et ses compatriotes croyaient à la réincarnation.

3) Le summum se trouve donc dans l’exemple 3 où une théorie du karma tout à fait hindouiste est développée dans l’Evangile selon Saint Jean, chapitre 9, versets 1 et suivants :
 « En passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. »
Incroyable, ceux qui entouraient Jésus croyaient au karma !

4) Un dernier exemple pour bien enfoncer le clou. Dans l’Evangile selon Saint Matthieu, chapitre 11, versets 7 et suivants, Jésus révèle au peuple que Jean-Baptiste est en fait le prophète Elie réincarné !
 « Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau secoué par le vent ? Non ! Alors, qu’êtes- vous allés voir ? Un homme habillé de vêtements élégants ? Certainement pas ! Ceux qui ont de beaux vêtements habitent dans les palais des rois. Alors quoi ? Un prophète ? Oui, vous-dis-je, et même plus qu’un prophète ! En effet, Jean-Baptiste est celui que les Livres Saints ont annoncé quand Dieu dit : “Moi, je vais envoyer mon messager devant toi. Il préparera le chemin pour toi.” Et Jésus poursuit son discours sur Jean-Baptiste en disant : « Et si vous voulez l’entendre, c’est lui l’Elie qui doit venir. Ecoutez bien, si vous avez des oreilles. »

Bien entendu, les chrétiens ne se laissent pas faire sur cette question de la réincarnation dans les Evangiles et ne veulent même pas prendre en considération ces citations. J’ai lu leurs réponses et elles me semblent très faibles, inacceptables pour un esprit critique. Je vous donne l’adresse d’un site orthodoxe qui tente d’argumenter sur le sujet mais qui rame un peu, comme on dit maintenant.

Il arrive finalement quelque chose d’absurde comme dans beaucoup de controverses religieuses, personne ne s’écoute et le sujet ne progresse pas. La situation est très bien décrite par André Couture dans un de ses excellents livres sur cette difficile question, La Réincarnation, dans la collection Bref des éditions du Cerf (un éditeur catholique !!!). Il explique que le marché de la réincarnation se partage entre deux types de librairies et il faut fréquenter les deux pour pouvoir enfin être objectif. « Les librairies d’ésotérisme et même les librairies populaires - attirées par les nouvelles idées - ne sont portées à garder que ce qui favorise l’option réincarnationniste. A l’opposé, les librairies chrétiennes renoncent souvent aux ouvrages qui se prononcent en faveur de la réincarnation. Il s’ensuit une certaine polarisation entre des catégories de livres et de lieux de distribution. D’un côté, on défend la réincarnation comme s’il s’agissait d’une vérité première ; de l’autre figurent des travaux apologétiques qui visent à caricaturer l’adepte de la réincarnation et à le déclarer incapable d’une pensée claire et précise. Cette situation en couloirs séparés fait qu’on assiste à un débat de sourds. On trouve deux catégories de livres qui ne se vendent pas aux mêmes librairies, deux catégories de lecteurs qui ne lisent finalement que ce qui les renforce dans leur propre conviction. »


Voilà. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Amicales salutations.

Christianisme et réincarnation (première partie)


André Couture, un universitaire reconnu qui travaille sur la réincarnation




J’ai toujours été intéressé par la comparaison entre les religions, sans doute un souvenir du temps de mon enfance où je lisais avec passion la collection « Contes et légendes » de Fernand Nathan ! Comme je vous l’ai dit précédemment, j’ai adoré les livres de Frédéric Lenoir et Odon Vallet, respectivement Socrate, Jésus, Bouddha et Jésus et Bouddha. Pour couronner le tout, je suis allé par curiosité à la conférence d’un astrologue indien Stephen Quong  (Umananda) le dimanche 17 mai : « Astrologie védique et réincarnation ». Je suis passionné en général par la philosophie orientale mais je pensais en sortir totalement indemne de toute nouvelle idée : l’astrologie m’a toujours un peu rebuté, l’hindouisme n’était connu de moi que par le biais du bouddhisme (c’est-à-dire peu) et je n’avais jamais vraiment cogité sur les rapports entre le christianisme et la réincarnation. Eh bien, je ne sais pas si Stephen Quong m’a hypnotisé, je ne sais pas comment il a procédé, mais j’ai changé d’avis sur les trois sujets dans la même soirée.

Aujourd’hui, je vais seulement parler de la notion de réincarnation, telle qu’on peut la voir dans les Evangiles, si l’on y est quelque peu attentif. Et ce n’est pas un seul passage que je citerai, ce qui pourrait passer pour un caprice du hasard, une inattention, mais quatre (là on peut vraiment se poser des questions !). Comme d'habitude, pour des raisons de confort sur Internet, je diviserai cet article en deux parties.

Stephen Quong explique au début de sa conférence que, jusqu’au sixième siècle après Jésus-Christ, jusqu’au concile de Constantinople, un des dogmes des Chrétiens était la réincarnation. Les prêtres ont alors eu peur parce qu’ils ont pensé que les gens prendraient plusieurs vies pour se convertir et s’améliorer.

1) Le premier passage qui me paraît criant d’évidence est celui dit de l’entretien avec Nicodème dans l’Evangile selon Saint Jean, chapitre trois, verset 1 et suivants :
« Mais il y eut un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : « Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui. Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. »
Nicodème lui dit : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? »
Jésus répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit.
Ne t’étonne pas que je t’aie dit : « Il faut que vous naissiez de nouveau. »
Le vent souffle ou il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va.
Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’esprit. »
Nicodème lui dit : « Comment cela peut-il se faire ? »
Jésus lui répondit : « Tu es le docteur d’Israël, et tu ne sais pas ses choses ! En vérité, en vérité, je te le dis, nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ; et vous ne recevez pas notre témoignage.»

2) Encore un exemple que je trouve particulièrement frappant dans l’Evangile selon saint Matthieu, chapitre 16, versets 13 à 19, (La foule prend Jésus pour un prophète ressuscité, Elie, Jérémie, Jean le Baptiste ou d’autres) :
« Jésus arrive dans la région de Césarée-de-Philippe, et demande à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils lui répondent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demande : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prend la parole : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Jésus lui répond : « Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas : c’est mon Père qui est aux cieux qui te l’a révélé. Et moi, je te le déclare : tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux.»


Voilà. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Dans la deuxième partie, je citerai principalement l’anecdote de l’aveugle-né mais aussi je développerai d’autres remarques inspirées pour beaucoup par Frédéric Lenoir. Amicales salutations.