samedi 26 mars 2016

Raison et émotion dans la vie spirituelle : émotion parfaite, compte rendu de l’ouvrage « Vision et transformation » de Sangharakshita (deuxième partie)



Sangharakshita, l'auteur de Vision et transformation, le créateur de la Communauté Bouddhiste Triratna

L’aspect négatif de l’Émotion parfaite consiste en trois points : le non-désir (naishkramya), la non-haine (avyapada) et la non-cruauté (avihimsa).


1)      Le non-désir (naishkramya)

Naishkramya signifie non-désir, renoncement, abandon, don. On l’a vu, l’Emotion parfaite suit la Vision parfaite. Un des aspects de celle-ci est une vue pénétrante de la nature insatisfaisante de notre existence conditionnée ou de la vie telle que nous la vivons habituellement. Par sa propre nature, cette sorte de vue pénétrante devrait aboutir à quelque résultat pratique. Le non-désir est ce résultat pratique. Il représente une diminution de notre avidité, qui résulte de notre vision de la véritable nature des choses conditionnées. Nous voyons combien elles sont inadéquates et ainsi nous y devenons moins attachés et en sommes moins avides. Notre forte prise sur les choses du monde, habituellement si convulsive, commence à se relâcher.

Le désir étant l’état malsain de base, nous devrions nous examiner sous cet aspect, et nous poser avec beaucoup de pertinence la question suivante : « Depuis que j’ai commencé à prendre le bouddhisme au sérieux à quoi ai-je renoncé ? » Si notre vie n’a pas changé, cela signifie qu’il n’y a même pas eu un éclair de Vision parfaite et que notre intérêt, jusqu’à présent, aussi sincère soit-il, n’est pas plus qu’un intérêt intellectuel, théorique.

Il n’y a pas de schéma de renoncement uniforme. Personne n’a le droit de dire que, puisque quelqu’un n’a pas renoncé à telle ou telle chose, il n’a donc pas de Vision parfaite et n’est pas un bouddhiste pratiquant. Des personnes différentes renoncent en premier lieu à des choses différentes, mais le résultat final doit être le même : rendre la vie plus simple et moins encombrée. La plupart d’entre nous avons tant de choses dont nous n’avons pas vraiment besoin. Si vous preniez un morceau de papier et faisiez une liste de toutes les choses non nécessaires que vous possédez, ce serait probablement une très longue liste. Mais vous réfléchiriez profondément longtemps avant de donner la première d’entre elles.

Parfois, les gens pensent en terme de sacrifice : avec un déchirement douloureux, on abandonne quelque chose. Mais cela ne devrait pas être ainsi. Dans le bouddhisme, il n’y a vraiment pas de place pour un tel renoncement. D’un point de vue bouddhique ce qui est demandé n’est pas tant de renoncer que de progresser. Renoncer à ses jouets d’enfant n’est pas un sacrifice pour un adolescent. D’une façon similaire, renoncer aux jouets avec lesquels les gens s’amusent habituellement ne devrait pas être un sacrifice pour une personne spirituellement mûre ou pour une personne approchant la maturité spirituelle.

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. 

Vous pouvez acheter le livre de Sangharakshita Vision et Transformation au Centre bouddhiste Triratna de Paris.
La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines actuelles.
Amitiés à tous.