dimanche 17 juin 2018

Compte rendu du livre « 50 exercices de Gestalt » de Catherine Clouzart (première partie).



 Catherine Clouzart.

Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « 50 exercices de Gestalt » de Catherine Clouzard.


Cet article est la suite de celui-ci. 

Voici le résumé de l’ouvrage.

J'apprivoise ma colère.

Il peut arriver que l'on soit en colère au point de ne pas savoir la gérer. On peut se mettre « hors de soi », tout comme on peut enfouir cette colère au plus profond jusqu'à ce qu'elle se retourne contre soi. Il est préférable d'apprivoiser sa colère et de la canaliser.

Il est nécessaire pour apprivoiser sa colère de suivre ces instructions :

1) Je me centre sur ma colère, qu'elle soit en train de monter ou déjà bien installée.

2) Je prends le temps de préciser les sensations et les images qu'elle provoque :

          Quel est mon agacement ? Léger, petit, moyen, grand ?
          Est-ce une petite, une moyenne, une grosse ou une énorme colère ?
          Est-ce que je ressens de la rage, de la violence ?
          De quelle « couleur » est ma colère ?
          Où se situe-t-elle dans mon corps ?

Par exemple : je suis dans une colère noire ! Je bouillonne en repensant au moment où mon patron m'a dit qu'il me licenciait. Si je ne me contrôlais pas, je casserais quelque chose ! J'ai une boule au ventre.

3) Je remets ma colère dans son contexte.

·           Comment est apparue cette colère ? Par exemple : quand mon patron, le même qui m'a fait déménager pour ce poste il y a deux mois, m'a dit qu'on allait devoir supprimer mon emploi.
·           Depuis quand ai-je conscience d'être en colère ? Par exemple : je n'ai pas très bien compris ce qui se passait sur l'instant. Elle est montée petit à petit.
·           Comment évolue-t-elle dans la durée ? Par exemple : ça ne fait qu'empirer.
·           Est-ce une colère qui s'est déplacée ? Par exemple : oui, je suis particulièrement sensible à toutes les critiques, mêmes les plus anodines en ce moment.
·           Est-ce une colère qui me semble légitime ? Par exemple : oui, car c'est une façon de procéder très grossière !

4) Je fais le point sur ce que me dit ma colère et j'identifie la manière dont je peux l'exprimer de manière constructive.

·           Que me dit cette colère au sujet d'un territoire, qu'il soit personnel, physique, matériel, psychique ou symbolique, qui serait envahi ? Par exemple : j'ai le sentiment de m'être fait avoir et de me faire « jeter » de mon travail !
·           Qu'est-ce qui m'empêche d'exprimer ma colère ou qu'est-ce qui fait que je l'exprime de façon inadaptée ? Par exemple : ça reste mon supérieur hiérarchique et de plus je suis surpris !
·           Comment exprimer, ou transformer, cette colère-là de façon acceptable ? Par exemple : demander un entretien et le préparer.
·           Qu'est-ce que je peux mettre en place concrètement afin de faire respecter les limites de mon « territoire », dans cette situation-là ? Par exemple : faire valoir mes droits fermement et calmement, demander un dédommagement.

Commentaire.

Cet exercice vous permet d'accueillir et de préciser ce sur quoi porte votre colère. Vous prenez conscience de ce qui vous dérange, vous l'exprimez et vous agissez afin d'y remédier. La colère comprise appelle une agressivité saine et légitime de défense ajustée qui a toutes les chances d'être entendue. Une colère qui n'est pas entendue ou mal canalisée peut se dégrader en violence : violence contre l'autre ou contre soi-même.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


Pause dans le blog avec Osho (vingtième partie) (Si vous voulez voir la vérité, n'ayez aucune opinion pour ou contre).




Osho.



Osho au départ ne s’appelait pas Osho. Il est né sous le nom de Rajneesh Chandra Mohan Jain. Puis il s’est fait connaître dans les années 70 et 80 en se présentant comme Bhagwan Shree Rajneesh. Il publie en 1974 The book of secrets (Le livre des secrets), un livre au titre mystérieux mais au contenu passionnant. Osho est pour moi un des écrivains qui a le mieux parlé de la spiritualité et de la méditation. Il a fait scandale avec la révélation de sa grande fortune personnelle (il possédait plusieurs voitures de luxe). Il y a plusieurs ouvrages de lui que j’ai beaucoup aimés (par exemple Être en pleine conscience, une présence à la vie et Autobiographie d’un mystique spirituellement incorrect).

Cet écrit est une traduction d’un texte du blog de Osho.

Il est la suite de cet article.

La vérité n'est pas entre les mains des prêtres, des pasteurs ou des enseignants. Elle se trouve juste à l'intérieur de vous. Attendant que vous la réveilliez et profitiez de sa plénitude. Vivez sans opinion. Vivez nu, sans vêtements, sans opinions sur la vérité, parce que la vérité déteste toutes les opinions. Abandonnez toutes vos philosophies, théories, doctrines, écritures ! Abandonnez toute cette merde! Vivez en silence, sans choisir, avec vos yeux simplement désireux de voir ce qui est là, ne vous attendez pas à voir vos souhaits remplis. Ne vous chargez pas avec des vœux.

On dit que la route vers l'enfer est pleine de désirs, de bonne volonté, d'espoirs, de rêves, d'arcs-en-ciel, d'idéaux. La route vers le paradis est absolument vide. Débarrassez-vous de tous les fardeaux ! Si  vous voulez beaucoup obtenir, vous devrez vous faire plus léger. Si vous voulez gravir l'Himalaya, vous devrez quitter toutes vos charges. Finalement, quand vous arriverez à Gurisankar, sur l’Everest, vous devrez tout quitter. Vous devrez cheminer complètement nu, parce que plus vous serez élevé, plus vous devrez être léger. Et toutes les opinions sont lourdes. Elles n’ont pas d'ailes. Il ne faut pas d'avis, pas de préférence... Si vous voulez contempler la vérité, ne gardez aucune opinion pour ou contre. Si vous voulez connaître la vérité, ne soyez pas croyant ou athée. Ne dites pas: « Dieu existe » ou « Dieu n'existe pas », parce que tout ce que vous dites deviendra un désir profond. Et vous projetez tout ce qui est caché derrière votre désir.

Si vous voulez voir Dieu comme un Krishna avec une flûte sur ses lèvres, un jour vous le verrez; non pas parce que Krishna est là, mais seulement parce que vous avez une graine de désir que vous projetez sur l'écran du monde. Si vous voulez voir Jésus crucifié, vous le verrez. Ce que vous voulez sera projeté, mais ce n'est qu'un monde de rêves ; vous ne vous approchez pas de la vérité. Ne plantez pas de graines dans votre monde intérieur: vivez sans opinion, sans aucune pensée pour ou contre, sans philosophie.

Vois juste ce qu'il y a. N’apporte pas d'esprit avec toi. Vis sans esprit. Si vous voulez voir la vérité, n'ayez aucune opinion pour ou contre. La lutte entre ce que vous aimez et ce que vous n'aimez pas est la maladie de l'esprit. C'EST LA MALADIE DE L'ESPRIT : Ce que vous aimez et ce que vous n'aimez pas, pour et contre. Pourquoi l'esprit est-il divisé ? Pourquoi ne peux-tu pas être un? Vous l'aimeriez, vous souhaitiez être un, mais vous continuez à nourrir les divisions, les préférences, le « j'aime ça » et le « je ne l'aime pas ». Il faut ne pas avoir de préférence pour cette route ou pour celle-là. Juste aller l’esprit vide. Aller juste sans aucune opinion. Voir simplement en étant  disponible, réceptif.

Un professeur est là pour vous aider à quitter vos opinions, à abandonner votre esprit. Et si l'enseignant lui-même devient votre choix, il deviendra également lui aussi une barrière. Cette fois encore vous avez choisi, cette fois encore vous avez utilisé l'esprit. Et plus vous utilisez l'esprit, plus il devient fort, plus il se renforce.

Ne l'utilisez pas. C'est difficile, parce que vous direz: «Et qu'adviendra-t-il de notre amour ? Quel sera notre engagement ? Quelles seront nos croyances ? Qu'adviendra-t-il de notre religion, de notre Église, de notre temple? ». Ce sont vos charges. Libérez-vous d'eux et laissez-les se débarrasser de vous. Ils vous gardent ici, enracinés, et la vérité veut vous libérer. Libéré, vous aurez comme des ailes vous serez comme sans poids.

La lutte entre ce que vous aimez et ce que vous n'aimez pas est la maladie de l'esprit.   Comment guérir? Y at-il un moyen de surmonter cette maladie? Non, il n'y a aucun moyen. Il faut simplement la comprendre. Il suffit de regarder le fait en soi. Il suffit de fermer les yeux et de regarder dans sa propre vie ; observez-la. Et vous sentirez la vérité. Et quand vous sentez la vérité, la maladie disparaît. Il n'y a pas de remède, car si on vous donne un remède, ce remède commencera à vous plaire. Alors vous oublierez la maladie mais vous commencerez à aimer le remède. Et ce même remède deviendra la maladie. Et personne d'autre que vous n’a créé cette maladie. C'est la maladie de votre esprit : préférer, choisir. Il ne faut décider. Il est nécessaire d’accepter la vie dans son intégralité. Il faut voir l'ensemble : la vie et la mort ensemble, l'amour et la haine ensemble, l'érotisme et l’ésotérisme ensemble, le bonheur et le malheur ensemble, la spiritualité et la sexualité ensemble, l'agonie et l'extase ensemble. Si vous les voyez ensemble, que restera-t-il à choisir?   

Si vous voyez qu'ils sont un, alors où iront vos choix ? Si vous voyez que l'agonie n'est que de l'extase et l'extase de l’agonie ; si vous pouvez voir que le bonheur n'est rien d'autre que le malheur; cet amour n'est rien d'autre que la haine et la haine l'amour; Alors où choisir? Comment choisir? Alors le choix disparaît. Ce n'est pas que tu l’abandonnes. Si vous êtes celui qui l’abandonne, cela deviendra un choix; C'est le paradoxe. Ne supposez pas que vous devez le quitter, parce que si vous le quittez, cela signifie déjà que vous avez choisi pour et contre. Maintenant, votre choix est le tout. Vous êtes en faveur du tout et contre la division, mais la maladie est entrée. C'est très subtil. Comprenez simplement, parce que la compréhension fait disparaître le choix. Tu ne la quittes jamais. Tu ris tout simplement ...

Voilà. C'est tout pour le moment. Amitiés à tous !




Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (douzième partie).



Fritz Perls.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls.

 Cet article est la suite de celui-ci.

Je suis toujours aussi peu disposé à revenir en arrière et à parler de Vienne en 1927. D'où me vient une telle phobie ? Y a-t-il quelque chose de particulier dont j'aie honte ? Je suis revenu à plusieurs reprises à Vienne depuis dix ans. J'aime le théâtre, l'opéra, les cafés, la bonne chère.

Le brouillard commence à se lever. Malgré leur réputation, die Wiener Mäderln, les demoiselles viennoises, ne m'attiraient pas spécialement. Je n'ai jamais eu d'aventures sentimentales à Vienne. Il n'y avait là pas grand-chose en dehors des extrêmes du puritanisme bourgeois et de la prostitution. Et la liberté sexuelle que j'avais si bien connue à Berlin et à Francfort était absente.

Je pris un poste d'assistant à l'hôpital psychiatrique où Wagner-Jauregg, célèbre pour son traitement de la syphilis cérébrale par la malaria, et Paul Schilder étaient mes patrons. Schilder était intelligent et avait une compréhension parfaite des relations de structure et de fonction de l'organisme. Pendant ses cours, je me sentais mal à l'aise. Sa voix de fausset et ses gesticulations me crispaient. Et pourtant il y avait chez lui quelque chose d'aimable et d'honnête. Un autre psychanalyste qui fit sur moi grosse impression fut Paul Federn, surtout une phrase qu'il prononça au cours d'une conférence. Imaginez un digne patriarche en train de dire : Man kann gar nicht genug vögeln (« Pas moyen de baiser tout son saoul »), et cela dans un milieu où l'on n'estimait en général que la masturbation intellectuelle.

Quand je le rencontrai plus tard à New York, nous eûmes beaucoup de discussions sur la nature du Moi. Il considérait le Moi comme une réalité ; pour moi le « Je » est simplement un symbole d’identification. Ce que cela veut dire, je n'ai pas envie d'en parler maintenant.

J'avais comme directeurs Hélène Deutsch et Hirschman, qui était un homme facile à vivre et chaleureux. Lorsque je lui demandai un jour ce qu'il pensait des différentes écoles para-freudiennes qui fleurissaient, il me répondit : « Elles font toutes de l'argent. » Hélène Deutsch, d'autre part, me semblait très belle et très froide. Un jour je lui fis un cadeau et, en guise de remerciement, elle me gratifia d'une interprétation.

Le Maître était là, quelque part à l'arrière-plan ; le rencontrer aurait été trop présomptueux. Je n'avais pas encore mérité un tel privilège.

En 1936, je crus que ça y était. N'étais-je pas à l'origine de la création d'un de ses instituts et n'avais-je pas fait 6 500 kilomètres pour venir à son congrès ? (Ça me démange d'écrire Son congrès.)
Je pris rendez-vous, je fus reçu par une femme d'un certain âge (sa sœur, je crois) et attendis. Puis une porte s'ouvrit sur environ deux pieds de large, et le Maître apparut à mes yeux. Je trouvais curieux qu'il ne quittât pas l'embrasure de la porte, mais à ce moment-là je ne savais rien de ses phobies.

« Je suis venu d’Afrique du Sud faire une communication au Congrès et vous voir. »
« Ah bon, et quand repartez-vous ? » dit-il. Je ne me souviens plus du reste de la conversation, qui dura peut-être quatre minutes. J'étais atterré et déçu.

Un de ses fils fut délégué pour m'emmener dîner. Nous mangeâmes de l'oie rôtie, mon plat favori.
Je m'attendais à être « blessé » au vif, mais j'étais seulement abasourdi. Puis lentement, les phrases classiques me vinrent aux lèvres : « Me faire ça, à moi ! C'est comme ça que tu me récompenses de ma loyauté dans mes discussions avec Kurt Goldstein ? Eh bien, tu vas voir ! »

Même ces dernières années, avec un esprit beaucoup mieux équilibré, cette rencontre reste l'une des quatre choses principales de ma vie que je n’ai pas pu mener à bien. Je ne chante pas très juste, bien que je fasse des progrès. Je n'ai jamais sauté en parachute. Je n'ai jamais fait de plongée sous-marine (bien que j'aie découvert une école de plongée à Monterey ; et j'apprendrai peut-être encore à le faire). La dernière, mais non la moindre, c'est de n'avoir pu avoir avec Freud une rencontre d'homme à homme et lui montrer les erreurs qu'il avait commises.

Ce grand besoin a surgi brusquement, à mon étonnement, pendant une séance de thérapie digne d'un cirque, il y a quelque temps, avec un stagiaires, séance qui, comme des centaines d'autres, fut filmée en vidéo et, comme certaines, repiquée en 16 mm.

Ma rupture avec Freud et son école fut définitive quelques années plus tard, mais le fantôme n'a jamais  été complètement exorcisé.
— Repose en paix, Freud, génie têtu, saint et démon.

Voilà donc l'histoire de mes quatre déceptions de l'an de grâce 1936.

Le voyage en Europe de 1936 ne fut pas que déception, loin de là, tout le monde ne se tourna pas contre moi, même si mes partisans furent peu nombreux. Je reçus l'approbation, par exemple, d'Ernest Jones, qui m'avait proposé pour le poste en Afrique du Sud. Il manifesta même quelque enthousiasme au sujet de certaines remarques que je fis lors d'une discussion sur l'angoisse.

Après le congrès, nous passâmes quelques jours en Hongrie, à la montagne. Au cours d'une partie d'échecs, il me dit : « Comment peut-on être aussi patient ? » Compliment que je serrai précieusement dans le creux de ma poitrine.

Je ne me rappelle pas comment je revins à Johannesburg.
Probablement par bateau, puisque dans ce coin du monde il n'y avait pas encore de ligne aérienne régulière. Mon amour-propre en avait pris un coup et, en même temps, je me sentais libre. Entre les pôles de mon peu de valeur et de mon arrogance naissait quelque chose comme un noyau de confiance. Non, ce n'est pas vrai. Cette confiance était souvent là, mais non reconnue. Le plus souvent, je tenais pour établi que je savais ce que je voulais. J'avais un choc quand une intuition impressionnante et comme divine, me prenant par surprise, me laissait à ma petitesse et à mon humilité. Cela pouvait venir de l'empereur, ou d'un Freud ; être le fait d'une grande actrice, ou d'une pensée inspirée ; une action héroïque, un crime audacieux, ou une langue que je ne comprends pas provoquent chez moi l'admiration, et la prière.

Pendant le voyage, les passagers, tous étrangers et qui le restèrent pendant trois semaines, me nommèrent intendant des sports. Et le dernier jour du voyage ils me fêtèrent en chantant « Auld Lang Syne ». Je n'avais rien fait pour mériter cela. Je fus ému jusqu'à la moelle, courus à ma cabine et pleurai toutes les larmes de mon corps. Bohémien solitaire, pleurant son manque d'attaches.

C'est merveilleux de voir à quel point cela m'aide d'écrire. J’avais essayé de faire de la psychanalyse ma maison spirituelle, ma religion. Si ma réserve était grande vis-à-vis de l’approche de Goldstein, ce n’était pas par loyauté envers Freud, mais par peur d’être une fois de plus privé de soutien spirituel.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.