jeudi 22 décembre 2016

Compte rendu de « Gestalt thérapie » de Frederick Perls, Paul Goodman et Ralph Hefferline, première partie.



Paul Goodman, un des créateurs de la Gestalt thérapie


Je vais aborder à présent une des méthodes les plus actuelles de psychothérapie, la Gestalt thérapie, à travers le livre de Frederick Perls, Paul Goodman et Ralph Hefferline, Gestalt thérapie

Considérons un cas particulier de bavardage : l’expérimentation de l’association libre telle qu’elle est pratiquée par la psychanalyse orthodoxe. Ce sur quoi nous voulons mettre l’accent, c’est sur la différence entre le comportement du patient dans cette technique et celui du thérapeute. Le patient fait des associations libres et le thérapeute les interprète. En réalité, le patient ne produit pas mécaniquement ce flux d’associations mais sans en être conscient, exprime certaines tendances, revient cycliquement sur certains besoins émotionnels et essaye de compléter une figure inachevée. C’est, bien sûr, une preuve capitale de l’existence de l’inconscient mais la question qui demeure, c’est plutôt de savoir si c’est utile pour la psychothérapie

Remarquez bien que c’est le thérapeute qui se concentre sur ce flux et crée à partir de cela des figures complètes (les découvre et les crée). C’est lui qui devient ainsi conscient de quelque chose à propos du patient, c’est-à-dire du comportement du patient qui, lui, est en état de non-conscience. Mais le but de la psychothérapie n’est pas que le thérapeute devienne conscient de quelque chose sur son patient mais que le patient devienne conscient de lui-même. 

Il faut donc entreprendre un processus selon lequel le thérapeute explique au patient ce qu’il sait désormais à son sujet. Le patient acquiert ainsi une connaissance ample et intéressante à son propos. Mais reste la question de savoir si oui ou non il augmente ainsi sa connaissance immédiate de lui-même. Car la « connaissance-à-propos-de » possède un certain degré d’abstraction, elle n’est pas très intéressante. Et c’est à nouveau dans le contexte habituel de l’introjection (injection de l’extérieur, par exemple par une autorité, dans l’intérieur d’une personne) de la sagesse d’une autorité qu’elle se constitue. S’il parvenait à se reconnaître lui-même (et pas la parole du thérapeute) en tant qu’objet de connaissance (ce que l’on sait et qu’on ne savait pas ce que l’on savait), alors cette sorte de connaissance serait intime et pleine d’intérêt. Le but de la thérapie, c’est de permettre au patient de reconnaître cela.

Le problème, c’est qu’au cours de cette activité dans lequel il est engagé, le patient a été amené à prononcer un flot de mots qui avaient peu de sens pour lui. Cette activité n’a pas spécialement ajouté quoi que ce soit à son expérience ; au contraire, ce n’était qu’un simple fac-similé de son expérience habituelle : il se connaît bien dans ce rôle. La règle de « Ne pas censurer » le dégage de la responsabilité des mots, ce qui n’est pas une attitude inhabituelle pour beaucoup de gens. Il peut finalement penser : « Simplement, je vais aller mieux pour faire plaisir à mon psychothérapeute qui est un peu fou. »

Le risque de cette technique, c’est qu’en mettant entre parenthèses la partie consciente de la personne qui est responsable, se sent concernée et prend des décisions, le patient acquière, seulement par le thérapeute, figure paternelle ou d’autorité, une nouvelle connaissance de son inconscient et de son artificielle mise en mots, alors qu’il devrait l’acquérir par lui-même. Ainsi, au lieu de guérir de son clivage psychique, la technique de l’association libre pourrait le rendre encore plus confus.

Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.

« N’être qu’une présence » dans le chapitre « Prendre conscience, une attitude mentale » de « Méditer jour après jour » de Christophe André (quatrième partie).





Un détail du tableau


D’abord, on tombe en émerveillement devant le tableau de George de La Tour, La Madeleine pénitente, mélange d’obscurité et d’une lumière vive sur le personnage de Marie-Madeleine, lumière qui émane d’une chandelle dédoublée dans un miroir. 

Ensuite, il y a une superbe citation de Nietzche (comme d’habitude !) : « J’ai cessé de croire aux « grands évènements » qui s’accompagnent de hurlements et de fumée. Et crois-moi, je te prie, cher vacarme d’enfer, les plus grands évènements, ce ne sont pas nos heures les plus bruyantes, mais les heures de plus grand silence. »

Ce tableau nous invite à ressentir trois qualités de la méditation : 1) Le recueillement (reprise de contact avec soi-même), 2) Le dépouillement de certains automatismes psychiques, 3) L’attention sans aucun objet.

1) Il y a, dans la méditation, la nécessité de se recueillir. Se recueillir, c’est se recentrer, se réhabiter, reprendre contact avec soi-même, là où précisément beaucoup de nos actes et de nos environnements nous coupent de nous-mêmes. Ou du moins nous accaparent et écartent de notre esprit ces moments où l’on se sent exister où l’on se sent « être », parce qu’on s’est arrêté de faire.

Certains environnements facilitent ces moments de recueillement : les églises ou les lieux de prières, ou alors la nature (l’atmosphère y est en général pleine de calme, de lenteur et de continuité qui sont de bonnes « nourritures » pour notre esprit).

Mais on peut aussi se recueillir au cœur du tumulte de la vie, décider de s’arrêter, de prendre un peu de recul, essayer de trouver un moment et un lieu pour méditer. J’aime sur ce sujet la métaphore de port et de la tempête : quand nous nous retirons un peu de la tempête de notre existence, soit par une brève prise de conscience, soit par une courte méditation, nous sommes comme un navigateur qui regarde la tempête, réfugié dans un port. Il voit toujours la tempête mais il en est beaucoup moins affecté : il n’est plus ballotté par la mer, voire malade, il vaque à ses occupations, mais il est quand même conscient de l’existence de cette tempête.

Christophe André nous dit qu’il faudrait « Inviter le recueillement dans nos journées. Sortir des « mots », des « pensées », des « objectifs », des « actes », quitter le « faire » pour l’ « être ». Se désengager de toute forme de réflexion ou d’action pour quelques instants. Ne plus faire qu’«exister» ici et maintenant. Prendre juste conscience que nous sommes là, vivants. » 

Je continuerai à développer ces idées dans un prochain article. Amitiés à tous.