lundi 6 juillet 2015

Etude détaillée du Noble Sentier Octuple proposé par le Bouddha (deuxième partie)


Rappelons-nous pour atténuer le caractère sérieux de cet article que le Bouddha est presque toujours représenté souriant !


La suite donc avec la discipline mentale :

4) L’Effort juste

L’effort juste est une volonté énergique de réaliser ces quatre actions :

a) Faire obstacle à l’apparition des états mentaux mauvais ou malsains.

b) Se débarrasser des états néfastes existant déjà chez l’être humain en général.

c) Faire apparaître des états mentaux bons et sains qui n’existent pas encore.

d) Développer et amener au plus haut point de perfection possible les états mentaux positifs qui sont déjà présents.

5) L’Attention juste
Pour le Bouddha, l’attention juste a été la source de l’Eveil. Dans le Satipatthana Sutta, sutta sur la pratique de l’attention, qu’il a prononcé juste après le sermon de Bénarès, il parle de quatre types d’attentions justes permettant de réaliser la voie bouddhiste :

a) Attention juste sur les activités du corps
La pratique de la concentration sur la respiration est un des exercices bien connus concernant le corps (que nous réalisons au Centre bouddhiste Triratna) et qui est effectué en vue du développement mental. Toute sa vie, le Bouddha a donné une très grande importance à cette pratique.

b) Attention juste sur les sensations et les émotions
L’attention aux sensations et émotions, qu’elles soient agréables, désagréables ou neutres, nous permet de les vivre pleinement afin de pouvoir les analyser de la façon la plus constructive possible. Il faut voir distinctement à quel moment elles arrivent, à quel moment elles disparaissent, en être hyper-conscient dans l’instant présent, pour mieux les gérer par la suite (cette méditation est devenue très à la mode ; elle est même utilisée par des psychiatres comme Christophe André qui a écrit un très beau livre sur le sujet ou Christine Mirabel-Sarron, sous la forme soit de la MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction), soit de la MBCTD (Mindfulness-Based Cognitive Therapy for Depression)).

c) Attention juste sur les activités de l’esprit
On doit se rendre compte si l’esprit est animé par l’avidité ou pas, par l’impulsivité ou non, s’il se laisse tromper par l’illusion. Attentif ainsi aux mouvements de l’esprit, on discernera la manière dont ceux-ci apparaissent ou disparaissent et on pourra réguler les activités de l’esprit.

d) Attention juste sur les idées, pensées et conceptions
Elle concerne en fait toutes nos pensées et c’est un domaine très vaste qui inclut même les pensées qui concernent les « Quatre Nobles Vérités ». Cette attention permet de ne pas s’attacher forcément aux pensées agréables ni de se détacher excessivement de celles qui ne le sont pas.

6) La concentration juste
Il y a à nouveau quatre étapes (!):

a) La première est celle pendant laquelle nous chassons de notre esprit toutes les émotions négatives que nous avons subies dans la journée comme l’avidité, la haine, le doute. Sont conservées les sentiments de joie, de bonheur ainsi qu’une certaine activité mentale.

b) Dans la deuxième, nous laissons tomber l’ensemble des ruminations mentales, tout ce qui est de l’ordre de la conscience personnelle qui n’arrête pas de penser. Nous ne sommes plus en train de réfléchir, de cogiter, de méditer (au sens traditionnel du terme) ; nous laissons passer les pensées comme des nuages filant dans le ciel : nous les percevons sans nous y attacher.

c) A la troisième étape, nous pouvons rencontrer un état de relative sérénité, de calme, qui déclenche une joie d’être dans la pratique. Cette joie, le Bouddha disait qu’il faut aussi la laisser passer : si nous nous accrochons à la joie de la pratique, alors ce sera une pratique qui va rester limitée à cela, c’est-à-dire que nous allons être tout le temps en train de rechercher cette joie de la pratique.

d) Finalement, nous aboutissons à un état d’équanimité, c’est-à-dire de grand calme intérieur, de sérénité, qui n’est perturbé ni par les émotions négatives de colère, de haine, de jalousie, d’impatience, ni par la joie ou le bonheur auxquels nous risquons de nous attacher et qui risquent de nous limiter.

Et finalement les deux étapes de la sagesse :

7) La pensée juste
La pensée juste prône les idées de renoncement, de détachement non-égoïste, les pensées d’amour et de non-violence étendues à tous les êtres. Il est intéressant de remarquer que cette pratique fait partie du groupe « Sagesse ». Cela montre clairement qu’une sagesse véritable doit être pourvue de ces qualités déterminantes et que toutes les pensées de désir égoïste, de malveillance, de haine, de cruauté sont le résultat d’un « manque de sagesse » dans toutes les sphères de la vie, individuelle, sociale ou politique.

8) La compréhension juste
Elle consiste à comprendre les choses telles qu’elles sont. Cela signifie donc appréhender l’existence à la manière du Bouddha, c’est-à-dire avec ses souffrances et leurs causes, mais aussi avec la résolution possible de ces souffrances par la compréhension de la méthode, de la voie pour y parvenir.

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro. Amicales salutations.