dimanche 9 juillet 2017

Compte rendu de « Comment développer une mémoire extraordinaire » de Dominic O’Brien (dixième partie), « La méthode du parcours ».


Un kit avec des cartes de mémoire.

Pour faire suite à mes trois articles sur la mnémotechnie sur le site Virtual Magie et à mon étude Introduction au mentalisme,à l'hypnose et à la mnémotechnie, je vais écrire un compte rendu détaillé du livre qui est pour moi le meilleur des ouvrages actuels sur le sujet, Comment développer une mémoire extraordinaire de Dominic O’Brien, huit fois champion du monde de mémoire et qui était un élève à la fois lent et inattentif.

Dans le chapitre 7, « La méthode du parcours  », Dominic O‘Brien nous montre comment il a exploité et développé une vieille technique, celle des « lieux ».

La méthode du parcours.

« Cette technique a révolutionné ma vie mais, dans sa forme initiale, elle était loin d’être parfaite. Après un éclair de génie, j’ai mis ma théorie du positionnement à l’épreuve : j’ai créé un parcours jalonné de vingt arrêts distincts. Je savais que ce trajet devait m’être familier (je n’avais pas envie de réfléchir à la séquence des étapes), et que les liens entre les codes de carte et les étapes devaient être très solides. Il m’a donc semblé naturel d’axer mon premier parcours sur une balade dans mon village.

En voici les 5 premières étapes.
1.            Porte de ma maison
2.            Maison du voisin
3.            Arrêt d’autobus
4.            Boutique
5.            Parking

Ensuite, j’ai codé de nouveau les cartes que je considérais auparavant comme des endroits ; j’en ai fait des objets. À défaut de procéder ainsi, il m’aurait fallu coupler deux lieux, et cela aurait pu engendrer de la confusion. Par exemple, le 3 de pique, qui représentait une forêt, est devenu une bûche ; le 8 de cœur, qui était un nuage, est devenu moi-même (j’ai toujours trouvé cette carte difficile à mémoriser ; en l’associant à moi-même, je créais un lien très fort). Maintenant que je disposais d’un parcours déterminé et de codes précis pour chaque carte, il ne me restait plus qu’à visualiser chaque objet au bon endroit le long du circuit.

Supposons que les cinq premières cartes soient le 6 de carreau, le 3 de pique, le 5 de trèfle, le 8 de cœur et le 4 de carreau. En m’aidant des cinq étapes initiales de mon parcours, je peux les mémoriser comme suit.

. Un avion (le 6 de carreau) est garé devant ma porte.
. Devant la maison de mon voisin, une bûche (le 3 de pique) est appuyée contre la clôture.
. À l’arrêt d’autobus, mon chien (le 5 de trèfle) bondit en jappant après les voitures qui passent.
. Dans la boutique, je me vois (le 8 de cœur) en train d’acheter un journal.
. Dans le parking, il y a de l’argent (le 4 de carreau) sur l’asphalte.

Cette fois, je ne pouvais plus me tromper : le parcours m’indiquait l’ordre de la séquence. Avec vingt cartes, j’ai fait un premier essai, qui a été couronné de succès. J’ai ensuite prolongé mon circuit : il partait de ma porte, traversait le village, passait devant le pub, croisait le terrain de cricket et suivait un sentier avec vue sur le terrain de pétanque. Il comptait 52 étapes, soit le nombre de cartes d’un jeu complet.

Après quelques balades mentales le long de ce nouveau circuit, j’ai pris mon paquet de cartes. Cette stratégie prometteuse s’avérerait-elle efficace ? Oui ! J’ai réussi à me souvenir des 52 cartes, sans erreur et en moins de 10 minutes. J’ai alors su qu’il me serait possible de répéter l’exploit de Carvello. Ce n’était qu’une question de temps.

L’inconvénient des « fantômes ».

Ma méthode était parfaite pour un jeu de cartes, mais certaines associations étaient si solides que, quand je tentais de répéter l’exploit, les « fantômes » des images précédentes polluaient mon esprit, si bien que celui-ci n’était plus capable d’associer les images au nouveau parcours. J’ai résolu ce problème en me servant de six parcours plutôt qu’un seul. Je les utilisais à tour de rôle et, quand je revenais à l’un d’eux, le souvenir des cartes que j’y avais mémorisées s’était effacé.

Le décor de mes parcours devait être assez familier et stimulant pour que je puisse me souvenir sans problème des étapes choisies. Je suis un passionné de golf ; il était donc naturel pour moi de choisir mes terrains préférés. J’ai aussi opté pour les maisons, les villes et les villages où j’avais habité.

Par tâtonnements, j’ai éliminé les parcours qui ne fonctionnaient pas. J’ai rejeté ceux dont les étapes étaient trop similaires, car il m’était difficile de les mémoriser. Par exemple, j’avais imaginé un circuit composé de 52 boutiques ; mais je devais faire un effort énorme pour me souvenir de l’ordre de ces magasins et les distinguer les uns des autres.

Pour qu’un parcours me convienne, il faut que ses étapes soient variées et contrastées. Par exemple, je saute un mur, je traverse un ruisseau, j’entre dans une cabine téléphonique, je consulte le menu d’un restaurant, je vais voir une statue, etc. Quand le parcours est intéressant, il s’ancre sans problème dans ma mémoire. Lorsque je l’ai suivi à plusieurs reprises, je l’évoque sans effort : je le parcours mentalement et j’en extrais les données.

L’inutilité des mises à jour.

Les gens me demandent souvent si je mets mes parcours à jour afin de tenir compte des changements réels. La réponse est non. Une fois qu’un circuit est bien ancré, il m’offre une piste qui me guide automatiquement d’une étape à l’autre. J’évite autant que possible de suivre mes parcours dans le monde réel. Je ne veux pas savoir si une boutique a modifié son enseigne, si des maisons ont été démolies ou si une cabine téléphonique a disparu. Je préfère utiliser mes parcours tels qu’ils existent dans mes souvenirs.

L’avantage des représentations humaines.

J’avais un autre problème : certains de mes codes étaient un peu flous, et j’avais tendance à les oublier. Je me suis rendu compte que les cartes codées sous forme de personnages étaient plus faciles à mémoriser que celles codées sous forme d’objets. En effet, les gens interagissaient le long de mes parcours, et leurs sentiments pouvaient transformer une scène abstraite en un tableau dramatique ou hilarant. Bref, l’intégration des émotions facilitait le processus de mémorisation. J’ai donc décidé de faire correspondre toutes les cartes à des personnages (ou, dans certains cas, à mes animaux préférés).
Souvenez-vous du 3 de pique. D’abord, il a correspondu à une forêt, puis à une bûche ; finalement, je l’ai associé à Malcolm, l’homme qui me livrait mon bois de chauffage. Le 6 de carreau, initialement lié à un avion, est devenu Tim, un ami travaillant pour une compagnie aérienne. Je me suis mis à l’ouvrage pour préciser mes codes, jusqu’à ce que j’aie obtenu une distribution qui s’ancrait bien dans mon esprit. Il ne s’agit pas seulement de gens que je connais ; mes codes comprennent aussi beaucoup de personnalités. Le 3 de cœur, par exemple, est symbolisé par les Beverley Sisters (un trio de chanteuses des années 1950 et 1960).

Quant au roi de trèfle, ce n’est plus Jack Nicklaus, mais Adolf Hitler (le trèfle, club en anglais, signifie aussi « massue », ce qui me fait penser à un agresseur). Aujourd’hui, trente ans plus tard, ma liste est en place, et j’en modifie rarement les termes. Une des cartes revêt un sens particulier pour moi, car son code n’a jamais changé : je suis fier de dire que le 5 de trèfle symbolise encore et toujours mon vieux chien. »


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Compte rendu de « Gestalt thérapie » de Frederick Perls, Paul Goodman et Ralph Hefferline, neuvième partie, «Quel est le sujet-objet de la psychologie ? » et « Contact et nouveauté » dans « La structure du développement ».


Sans commentaire.


Osho nous dit : "Je peux parler indéfiniment car je n'ai pas d'enseignement."

Je vais aborder à présent une des méthodes les plus actuelles de psychothérapie, la Gestalt thérapie, à travers le livre de Frederick Perls, Paul Goodman et Ralph Hefferline, Gestalt thérapie. Je commencerai par « Quel est le sujet-objet de la psychologie ? » et « Contact et nouveauté » dans « La structure du développement ».

Cet article fait suite à celui-ci.

Première partie : LE CONTACT, PREMIÈRE RÉALITÉ

1.            LA STRUCTURE DU DÉVELOPPEMENT

Troisième partie.             Quel est le sujet-objet de la psychologie ?

« L'expérience est, en dernière analyse, contact, fonctionnement de la frontière entre l'organisme et son environnement et toute fonction humaine est une interaction dans un champ organisme/ environnement, socioculturel, animal et physique.

Parmi les sciences sociales et biologiques qui, toutes, traitent des différentes interactions dans le champ organisme/environnement, la psychologie étudie l'opération de la frontière-contact dans le champ organisme/environnement. C'est un sujet-objet spécifique et on peut comprendre aisément pourquoi les psychologues ont toujours eu du mal à délimiter leur sujet. Lorsqu'on dit « frontière », on pense aussitôt à une « frontière entre » ; mais la frontière-contact où se situe l'expérience ne sépare pas l'organisme de son environnement ; au contraire, elle limite l'organisme, le contient et le protège, et en même temps touche l'environnement. En d'autres termes, qui pourront sembler étranges, la frontière-contact — la peau sensible, par exemple — n'est pas tant une partie de « l'organisme » qu'essentiellement l'organe d'une relation particulière de l'organisme et de l'environnement.

Fondamentalement, cette relation particulière, comme nous tenterons bientôt de le montrer, c'est le développement. Ce à quoi on est sensible, ce n'est pas à la condition de l'organe (ce serait alors la douleur), mais à l'interaction du champ. Le contact, c'est la conscience immédiate du champ ou la réponse motrice dans le champ. C'est pour cette raison que le contact en action, le fonctionnement de la simple frontière de l'organisme, peut néanmoins prétendre dire la réalité, quelque chose de plus que la pulsion ou la passivité de l'organisme. 

Comprenons bien que le contact en action, la conscience immédiate et la réponse motrice sont pris ici dans le sens le plus large, pour inclure l'appétit et le dégoût, l'approche et l'évitement, la sensation, le ressenti, la manipulation, le jugement, la communication, la lutte, etc., toutes sortes de relations vivantes qui se situent au niveau de la frontière dans l'interaction de l'organisme et de l'environnement. Tous ces contacts en action sont le sujet de la psychologie. (Ce qu’on appelle « conscience » (consciousness) semble être un certain type d’awareness, une fonction de contact lorsqu'il se produit des difficultés et des retards dans l'ajustement).

Quatrième partie.           Contact et nouveauté.

Si l'on considère un animal errant librement dans un environnement spacieux et varié, nous voyons que ses fonctions de contact doivent être nombreuses et diversifiées car, fondamentalement, un organisme vit dans son environnement en maintenant sa différence et, plus important encore, en assimilant l'environnement pour nourrir sa différence. C'est à la frontière que les dangers sont repoussés, les obstacles surmontés et que l'assimilable est choisi et approprié. Ce qui est sélectionné et assimilé est toujours nouveau ; l'organisme survit grâce à l’assimilation de la nouveauté, au changement et au développement. Les aliments par exemple, comme le disait Aristote, sont bien un élément « dissemblable » qui peut devenir « semblable ». Et, dans le processus d'assimilation, l'organisme est à son tour transformé. 

Fondamentalement, le contact, c'est la conscience (awareness) de la nouveauté assimilable et le comportement dirigé vers elle ; c'est aussi le rejet de la nouveauté inassimilable. Ce qui est envahissant, toujours semblable ou indifférent, n’est pas un objet de contact. (Ainsi, les organes eux-mêmes, quand ils sont sains, ne sont pas contactés, car ils sont de nature conservatrice.)»


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.