mercredi 13 juin 2018

Compte rendu du livre « La thérapie adaptative » de Michel Lamy (dixième partie) (Comment gérer les moments en dehors de votre travail, de votre action ?).




Un livre d'Abraham Maslow.

Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « La thérapie adaptative »  de Michel Lamy. L’auteur y décrit une méthode pour progresser dans différents domaines de la vie, non pas en imitant les autres mais en devenant la meilleure version de soi-même.

Cet article est la suite de celui-ci.

Voici le résumé de ce livre.

Comment gérer les moments en dehors de votre travail, de votre action ?

C’est un point qui n’est jamais abordé dans les manuels de savoir écrire ou de savoir vivre : comment gérer les moments où vous ne travaillez pas, où vous n’écrivez pas. Supposons que vous ayez écrit pendant sept heures, ce qui est déjà beaucoup, vous vous retrouvez à présent dans le vide. C’est là que les doutes, la fatigue, la dépression vous assaillent. Vous vous demandez si vous allez pouvoir continuer, si vous aurez toujours des idées, si vous allez pouvoir terminer votre livre. Si nous avions la possibilité d'arrêter et de démarrer automatiquement les états psychiques, tout serait d’une grande facilité. Nous passerions de la contraction à la décontraction sur un signe, sur un geste. Malheureusement, ce n’est pas le cas.

Il est nécessaire d’abord de se replier sur les choses simples de la vie quotidienne : ranger votre maison, jeter les affaires inutiles, s’allonger sur votre lit sans rien faire. Ce n’est pas évident car vous êtes encore surexcité. Mais comment procéder pour lutter alors contre les doutes qui vous envahissent. Se raconter des histoires motivantes peut être une bonne solution. Narrez-vous l’histoire de vos réussites. Personnellement, je récapitule les livres que j’ai écrits. Naturellement, vous pouvez dans ce moment déprécier ces succès et penser que vous auriez pu agir plus ou mieux. Rappelez-vous alors ce principe de la PNL qu’à tout moment, nous entreprenons le maximum que nous pouvons, étant donné notre situation. C’est une idée très consolante.

Il faut aussi opérer des récapitulations. De véritables récapitulations, non des regards plaintifs ou angoissés en direction de votre passé, ce qui serait très mauvais. J’ai développé, pour m’aider à accomplir ce travail psychique, deux métaphores empruntées l’une à la Bible, l’autre à la mythologie illustrant le principe de ne pas se tourner vers son passé. La première est celle de la femme de Loth : la femme de Loth est transformée en statue de sel pour avoir voulu se retourner sur le spectacle de l’anéantissement de Sodome et de Gomorrhe malgré l’interdit de Dieu. La deuxième est celle d’Orphée et d’Euridyce : le dieu des enfers rendit Euridyce à Orphée à condition qu' Orphée ne regarde pas sa femme avant d'être arrivé à la surface de la terre. Mais Orphée, inquiet de savoir si sa bien-aimée était toujours là, tourna sa tête vers celle-ci avant d'arriver sur la terre ferme. A ce moment-là, elle disparut soudainement. Ces deux métaphores signifient que, pour agir, pour écrire, il ne faut pas se retourner derrière soi. Ne relisez pas votre texte avant la fin de votre travail. C’est seulement une fois votre travail terminé que vous aurez tout loisir pour corriger les fautes d’orthographe, enlever les répétitions, changer les expressions trop lourdes.

Donc j’appelle récapituler, vous arrêter et réfléchir à l’endroit où vous en êtes, sauvegarder vos fichiers, imprimer le travail effectué, amasser les réalisations construites progressivement. Vous pouvez avoir un objet qui symbolise cette récapitulation. Ce peut être n’importe quoi, une écharpe, un foulard, simplement quelque chose que vous avez associé à cette nécessaire récapitulation. Regardez-le de manière automatique quand vous désirez récapituler
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Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (huitème partie).



 Wilhelm Reich.

Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.


Cet article est la suite de celui-ci.

Voici le résumé de l’ouvrage.

De nombreux amis me critiquèrent pour mes rapports polémiques avec Freud. « Vous avez tant à dire. Votre position est fermement fondée sur le réel. Pourquoi cette agressivité continuelle envers Freud ? Laissez-le en paix et occupez-vous de vos oignons. »

C'est une chose dont je suis incapable. Freud et ses théories, son influence ont beaucoup trop d'importance pour moi. Mon admiration, mon embarras, mon caractère vindicatif sont très forts. Je suis profondément ému par ses souffrances et son courage. Je reste béat d'admiration devant tout ce qu'il a pu accomplir, pratiquement seul, avec des instruments intellectuels inadéquats, mélange de psychologie associative et de philosophie d'inspiration mécaniste. Je lui suis profondément reconnaissant de tout ce que j'ai réussi à développer parce que je lui ai tenu tête.

On tombe parfois sur une phrase qui, sous le choc de la reconnaissance, illumine comme un éclair les ténèbres de notre ignorance. Adolescent, j'ai connu cette « illumination ». Schiller, contemporain et ami de Goethe, que l'on tend à sous-estimer, a écrit :

Und so lange nicht Philosophie
Die Welt zusammen haelt
Erhaelt Sie das Getriebe
Durch Hunger und durch Liebe.

(« Et tant que le monde ne sera pas guidé par la philosophie, celui-ci sera dirigé par la faim et par l'amour. »)

Freud écrivit plus tard, dans le même sens : « Nous sommes vécus par les forces qui sont à l'intérieur de nous-mêmes. » Mais c'est alors qu'il fit une gaffe impardonnable pour sauver son système orienté vers la libido. Pour lui, la bouche d'un nourrisson a une énergie qui ne se différencie pas encore entre la zone libidinale et les fonctions de nutrition. Pratiquement, il laissa tomber la deuxième fonction et prit position à l'opposé de Marx. Marx estime que la subsistance est la pulsion directrice de l'homme. Freud met la libido au premier rang. Or, il n'est pas question de l'une ou de l'autre, mais des deux à la fois. Car si la fonction de nutrition est plus importante pour la survie de l'individu, le sexe l'est pour celle de l'espèce. Mais n'est-il pas artificiel de préférer l'une à l'autre ? Est-ce que l'espèce peut survivre sans la subsistance de l'individu, et l'individu existerait-il sans le sexe de ses parents ?
Tout cela est tellement évident. Je suis même plutôt gêné d'en faire tant soit peu état. Et je ne le ferais pas, n'étaient les implications que la question recèle pour les marxistes comme pour la philosophie freudienne.

Wilhelm Reich avait essayé d'allier les deux. Il commit l'erreur de tenter de relier l'une à l'autre les deux Weltanschauungen à un haut degré d'abstraction, alors qu'il fallait le faire au niveau des tripes. Le résultat fut qu'il se fit rejeter et traiter de tous les noms. Les communistes le rejetèrent parce qu'il était analyste et les analystes parce qu'il était communiste. Au lieu d'être assis sur un trône élargi, il se retrouva entre deux chaises.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (septième partie).



Un de mes livres où il est question de Gestalt.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

 Cet article est la suite de celui-ci .


Voici le résumé de l’ouvrage.

Autre obstacle : les 200 livres exigées pour l'immigration. Mais, par miracle, la chose s'arrangea. Bientôt nous reçûmes un prêt qui couvrit le montant de la garantie et du voyage.

Le dernier obstacle était celui de la langue. A part le latin, le grec et le français, j'avais étudié un peu d'anglais en classe. Mais, si j'aimais le français et le possédais à fond, jamais je n'avais éprouvé de sympathie pour la langue anglaise. Maintenant il fallait l'apprendre, et vite. J'ai utilisé une approche multiple : pendant les trois semaines de voyage sur le Balmoral Castle j'ai lu toutes les histoires faciles et amusantes qui me tombaient sous la main, comme des romans policiers. Je lisais sans m'inquiéter des détails, devinant par le contexte ce qui se passait. J'étudiais aussi la grammaire et le vocabulaire à l'aide de la méthode Langenscheidt.

J'ai aussi surmonté ma timidité en engageant la conversation avec l'équipage et les passagers. Plus tard, j'allai au cinéma, restant voir le même film plusieurs fois de suite. Je n'ai jamais perdu mon accent allemand, ce qui m'a longtemps gêné, mais je n'ai jamais pris de leçons de diction. Plus tard, aux Etats-Unis, j'ai été souvent dérouté par la différence entre l'accent américain et l'accent britannique. Comme on voit affiché dans certains magasins parisiens : « On parle anglais, on comprend l'américain. »

Nous avons été très bien reçus. Je me suis fait une clientèle et j'ai créé l'Institut sud-africain de psychanalyse. En l'espace d'un an, nous sommes devenus propriétaires d'une maison de style « Bauhaus », dans un quartier chic, avec un court de tennis et une piscine, et avons engagé une nurse (nous avions un deuxième enfant), une gouvernante et deux domestiques indigènes.

Les années suivantes, j'ai pu me consacrer à mes violons d'Ingres : tennis et ping-pong. J'obtins mon permis de pilotage. Mes amis aimaient voler avec moi, bien que Lore n'ait jamais eu confiance. Mon plus grand plaisir était d'être seul dans l'avion, de couper le moteur et de me laisser redescendre en vol plané dans ce silence et cette solitude magnifiques.

Nous avions aussi une très grande patinoire. Comme j'aimais danser sur la glace ! Les larges courbes, la grâce et l'équilibre de ce sport ne peuvent se comparer à rien d'autre. J'ai même gagné une médaille dans un concours.
Des randonnées jusqu'à la mer, la nage dans les vagues chaudes de l'océan Indien, tant et tant d'animaux sauvages à observer, tourner des films d'une envergure modeste, mettre en scène des pièces de théâtre (j'avais étudié avec Max Reinhardt) et faire donner le meilleur d'eux-mêmes à des amateurs, rendre visite à des sorciers guérisseurs, faire quelques inventions, apprendre l'alto, réunir une importante collection de timbres-poste, vivre quelques aventures amoureuses satisfaisantes, d'autres moins, créer quelques amitiés chaleureuses et durables, quelle différence avec notre vie précédente ! J'avais toujours réussi à gagner de quoi vivre, toujours eu maintes occupations, mais rien de comparable avec cette explosion d'activité, cette façon de gagner et de dépenser de l'argent. Lore me traitait de mélange de prophète et de fainéant. Et je courais le risque de cesser d'être l'un et l'autre.

J'étais coincé par les tabous rigides de la psychanalyse : les séances de cinquante minutes, pas de contact physique, visuel et social, pas d'engagement personnel (contre-transfert !). J'étais pris au piège de tous les ornements du citoyen honnête et respectable : famille, maison, serviteurs, et toujours plus d'argent que je n'en avais besoin. Pris dans la dichotomie du travail et du jeu ; lundi à vendredi s'opposant au week-end. Je me suis tiré de là par ma fureur, par ma révolte pour éviter de devenir un cadavre calculateur comme la plupart des analystes que je connaissais.

La première rupture se produisit en 1936, année de grandes espérances et de sombres désillusions. Je devais faire une communication au Congrès international de psychanalyse qui se tenait en Tchécoslovaquie. Je voulais faire mon petit effet, non seulement avec mon topo, où Freud était dépassé, mais en faisant moi-même les 4 000 miles à travers l'Afrique aux commandes d'un avion à moi, en solitaire : le premier analyste volant. Je trouvai un avion d'occasion, un Gypsy Moth qui pouvait voler à 160 à l'heure. Il coûtait 200 livres, mais quelqu'un me le souffla au dernier moment. La chose était donc exclue et je dus partir en bateau.

Ma communication portait sur « les résistances orales », toujours écrite dans le jargon freudien. Elle rencontra une vive opposition. Le verdict : « Toutes les résistances sont anales », me laissa pantois. Je voulais contribuer à la théorie psychanalytique, mais je ne me rendais pas compte, à l'époque, à quel point ce texte était révolutionnaire, ni combien il pouvait ébranler et même raser certaines bases fondamentales de la théorie du Maître.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.