dimanche 5 juillet 2015

Etude détaillée du Noble Sentier Octuple proposé par le Bouddha (première partie)


Une représentation circulaire du Noble Sentier Octuple : à noter que les huit pratiques représentées chaque fois par une flèche mènent toutes au nibbana (qui est le terme pali pour le mot sanskrit Nirvana).



D’abord, je voulais dire à tous mes amis mentalistes qui ne s’intéressent pas ou peu au bouddhisme que je vais encore consacrer quelques articles à ce sujet. Qu’ils n’hésitent pas à m’envoyer un email pour se désinscrire pendant la période où je traiterai cette thématique, je les réinscrirai quand je reviendrai à ce qui les concerne directement.

Pour bien comprendre le bouddhisme, il faut détailler les huit points du noble sentier octuple qui est la quatrième noble vérité que le Bouddha exposa dans son premier sermon à Sarnath près de Bénarès (« mise en route de la Roue de la Loi »: Dhammacakkappavattana Sutta in Samyutta Nikāya qui fait partie du Sutta Pitaka, lui-même deuxième recueil du Tripitaka, l’ensemble des textes canoniques de ce qu’on appelle « le petit véhicule », le bouddhisme theravada) (c’est compliqué, n’est-ce pas ? Vous n’avez pas besoin de retenir ces références pour suivre la voie bouddhiste !). De nombreux érudits ont écrit à ce sujet mais je préfère citer deux livres très simples et cependant très complets qui ont pour thématique essentielle le noble sentier octuple : L’enseignement du Bouddha d’après les textes les plus anciens de Walpola Rahula et Vision et transformation de Sangharakshita, le fondateur de la Communauté Bouddhiste Triratna.

Attention, pour une lecture, plus agréable sur Internet, je vais publier cet article en deux fois. Ce texte est la première partie.

Les commentateurs ont classé de plusieurs façons, suivant diverses thématiques, le noble sentier octuple mais celle que je préfère est celle-ci :

A) Conduite éthique
1) Parole juste
2) Action juste
3) Moyens d’existence justes
B) Discipline mentale
4) Effort juste
5) Attention juste
6) Concentration juste
C) Sagesse
7) Pensée juste
8) Compréhension juste

Je voudrais préciser certains points au sujet de ce noble Sentier Octuple. Je pense que, depuis des milliers d’années, personne n’a réussi à en réaliser les huit aspects de manière adéquate, à part bien sûr le Bouddha et les Bodhisattvas. L’ensemble pour moi est un modèle qu’il faut essayer de réaliser mais qu’on n’atteint jamais vraiment, parfaitement et totalement.

J’aurai par rapport à toute religion, même si elle est passionnante comme le bouddhisme et l’hindouisme, l’attitude d’un des plus grands psychothérapeutes du vingtième siècle, Fritz Perls, créateur de la Gestalt-Thérapie, auteur entre autres de Le moi, la faim, l’agressivité. Il écrivait que les idées sont comme les aliments, il faut les goûter. Cette idée a mauvais goût pour moi, donc je ne la prends pas ; cette idée me paraît délicieuse, je la garde et je l’adjoins à ma conception du monde et de mon Salut. Il peut en être ainsi pour les préceptes du noble sentier octuple : je tenterai de pratiquer ceux qui me parlent, me plaisent, ont le meilleur goût pour moi. Peut-être, dans le futur, pourrai-je réaliser d’autres pratiques de ce sentier : il faut cueillir le fruit quand il est mûr. 

Ma professeure de Yoga, Malati, développe un principe similaire : chacun fait son Yoga, dit-elle, c’est-à-dire que chaque personne réalise les postures qu’elle est capable de faire ou celles qui lui plaisent particulièrement, évitant celles qui lui font mal, celles où elle n’est pas à l’aise ou celles tout simplement qu’elle ne comprend pas, qu’instinctivement elle n’aime pas. Cette conception n’empêche pas le fait de tenter le maximum sur chaque posture, de réaliser le plus de postures possibles, de penser que l’on va progresser, mais la séance de Yoga se fait alors sans culpabilité, sans contraintes asphyxiantes pour l’esprit et le corps. Je vais peut-être choquer certaines personnes mais il en est de même selon moi pour le bouddhisme : je pense que chacun doit faire son bouddhisme, prenant dans le noble Sentier Octuple les éléments qu’il peut réaliser ici et maintenant et ce n’est déjà pas si mal que ça : l’élève bouddhiste, même s’il progresse à son rythme qui peut être lent, comprend et réalise petit à petit de plus en plus de concepts, d’attitudes de vie et de méditations.

Voici maintenant détaillées les huit prescriptions du noble sentier octuple.

1) La Parole juste.

Elle se décline sur quatre modalités différentes :
a) L’abstention du mensonge.
b) L’arrêt de la médisance, de la calomnie et de toutes paroles susceptibles de causer la haine, la désunion, la disharmonie entre individus ou groupes de personnes.
c) Le non-emploi de tout langage dur, brutal, impoli ou injurieux.
d) L’élimination des bavardages oiseux, futiles, vains et sots.
En résumé, on doit employer des mots amicaux et bienveillants, agréables et doux, qui aient du sens et qui soient utiles. Il ne faut jamais parler négligemment mais au moment et au lieu convenables. Si l’on n’a rien d’utile à dire, il vaut mieux tout simplement garder le silence !

2) L’Action juste.

Elle vise à promouvoir une conduite morale honorable et pacifique. Nous sommes exhortés à nous abstenir de détruire la vie, du vol, de transactions malhonnêtes et à aider les autres à mener une vie honorable et pacifique.

3) Les Moyens d’existence justes

Cela signifie qu’on devra s’abstenir de gagner sa vie dans une profession nuisible aux autres, comme le commerce des armes ou la mise à mort des animaux, et que l’on doit vivre d’une profession qui ne puisse pas nuire aux autres. Il est donc clair que le bouddhisme s’oppose fermement à toute forme de guerre puisqu’il pose comme principe que le commerce d’armes ou d’instruments meurtriers est un moyen d’existence mauvais et injuste.



Voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro. Amicales salutations.