jeudi 9 novembre 2017

Aleister Crowley et la magie moderne (troisième partie).



Le dieu égyptien Horus dont s'inspira Aleister Crowley.



Cet article est la suite de celui-ci

Selon moi, jamais personne n’avait parlé aussi bien d’Aleister Crowley et de son œuvre magique que Kenneth Grant dans son livre La renaissance magique, l'oeuvre inaugurale des Trilogies TyphoniennesJe m’inspirerai de certains des passages de cet ouvrage pour rédiger cet article.

En 1933, Aleister Crowley écrivit des séries d'articles pour un journal quotidien dans lequel il dénonçait la magie noire en des termes non équivoques :

« Pour pratiquer la magie noire vous devez violer tous les principes de la science, de la décence et de l'intelligence. Vous devez être obsédé par une idée folle de l'importance de l'objet mesquin de vos désirs misérables et égoïstes.

J'ai été accusé d'être un « magicien noir ». Aucun jugement à mon égard n'a été plus stupide. Je méprise la chose à tel point que je peux difficilement croire en l'existence de personnes si avilies et idiotes pour la pratiquer.

À Paris et même à Londres, il y a des personnes malavisées qui abusent de leurs précieux dons spirituels pour obtenir des avantages mesquins et temporaires grâce à ces pratiques.

La « Messe Noire » est une affaire totalement différente. Je ne pourrais pas la célébrer même si je le voulais, car je ne suis pas un prêtre consacré de l'Église Catholique. »

Cet  article par exemple répondait à ceux, nombreux, qui l'accusaient non seulement d'être un magicien noir mais aussi de célébrer des messes noires et des rites pervertis.

La calomnie injustifiée continue et le nom de Crowley — plus de soixante ans après sa mort — est toujours associé à de sinistres sorcelleries et diableries. Cette idée fausse n'est pas facile à rectifier, en partie à cause de l'ignorance massive au sujet de l'ésotérisme et en partie à cause de préjugés provenant d'un traitement erroné.

Pour un individu vivant il y a cinq mille ans — longtemps avant que la version biblique de la Genèse n'ait été écrite — le Culte de Satan, ou Shaitan tel qu'il était alors appelé, par Crowley n'aurait évoqué aucune impression de perversité ou de culpabilité.

Tant que nous n'appréhendons pas ce sujet avec un esprit d'enquête impartiale, nous échouerons à comprendre l'œuvre de Crowley et la nature réelle de la renaissance magique qu'il a contribué à faire advenir.

Les anciens concepts et symboles étaient déjà dans leur déclin avant que le christianisme ne porte un coup final à leur vitalité. La confusion des concepts ésotériques et la décadence des symboles ont rarement été aussi clairement exposées que dans l’Apocalypse de saint Jean, où seuls des fragments des anciens mystères sont présentés sans une pleine connaissance de leur signification intérieure. Soit le (ou les) scribe était un non-initié, soit il a volontairement dénaturé l'ancienne sagesse. Ou encore, plus probablement, son œuvre a été retravaillée par d'autres mains.

L’oblitération des anciens symboles dans les catacombes ne sont rien en comparaison de  la destruction systématique qui a été en vigueur pendant des siècles dans les sanctuaires du judaïsme et de la chrétienté dans lesquels des documents ont été massacrés, les textes mutilés et délibérément déformés pour ouvrir la voie au culte de cette suprême anomalie dans l'histoire des religions — un « Sauveur » historique qui mourut et ressuscita dans sa chair.

Hormis certains textes gnostiques paradoxalement préservés par les premiers pères chrétiens, les monuments et les textes funéraires de l'Ancienne Égypte demeurent pour témoigner de la vraie gnose de la lumière.

Avant que la renaissance magique actuelle puisse donc être comprise, nous devons savoir ce qu'est la magie et ce que l’on a exactement renouvelé.

Ce fut Aleister Crowley qui déclara le premier que le « monde est détruit par le feu » en 1904. Crowley était au Caire au moment de cet événement. C'est là qu'il reçut Le Livre de la Loi — la Nouvelle Gnose, le dernier Tantra — de la part d'une Intelligence invisible et inconnue dénommée Aiwaz,  un messager de ce dieu le plus ancien dont l'image est vénérée dans les déserts sous le nom de Shaitan et longtemps auparavant en tant que Seth, l'âme ou le double d'Horus.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !

« Le Livre de la Loi » d’Aleister Crowley (deuxième partie).


Sans commentaire.


Cet article est la suite de celui-ci .

Beaucoup de lecteurs m’ont demandé, depuis que j’ai publié mon article sur « Vision de la Qabale par l’AA dAleister Crowley », de parler du Livre de la Loi d’Aleister Crowley.

Cela va être à nouveau le propos de cet article :

En 1907, lorsque Crowley était parvenu au sommet de son œuvre portant sur ses expériences mystiques, il écrivit le livre Konx Om Pax (une formule dérivée des mystères d’Eleusis). Il écrit dans sa troisième partie :

« Mais considérons l’homme parfait... Il vit (certes) dans Kether (Kether est le premier Sephiroth dans la Qabale, la couronne), mais son esprit et son corps, aussi parfaits soient-ils, fonctionnent, en quelque sorte, automatiquement, à leur propre niveau. En ce moment je suis relativement inconscient des battements de mon cœur ; et ce n’est pourtant pas une illusion ! Et pourtant cela reste toujours en relation avec d’autres types d’illusions. Ainsi, sans aucun doute, l’adepte est-il relativement inconscient des actes et pensées qu’il met en œuvre, des actes et des pensées qui semblent supposer une volition consciente. »

Ce qu’il faut en déduire ici, c’est que l’Adepte peut faire un grand nombre de choses sans y porter l’attention qu’elles méritent. Il dispose d’un ensemble de véhicules formés et entraînés qui continuent d’opérer, chacun à sa manière et chacun à son propre plan, sans nécessiter une attention consciente de sa part. En d’autres termes, Crowley en tant qu’homme a très bien pu être l’un de ces véhicules, fonctionnant plus ou moins bien, un véhicule d’Aïwass, son Saint Ange Gardien ou selon l’autre théorie de la réincarnation du prêtre égyptien Ankh-f-na-Khonsu. L’écriture du Livre de la Loi ne nécessitait qu’une attention éphémère de la part du scribe Aleister Crowley, pour que celui-ci puisse s’aligner avec ce que faisait Aïwass à un autre niveau, le niveau psycho-spirituel.

En parlant du Livre de la Loi, il y a deux choses qu’il ne faut pas oublier :

1. Après l’illumination vécue au Sri Lanka, Crowley a plus ou moins abandonné tout type de pratiques occultes.

À partir de son mariage avec Rose (en arabe Ouarda) ou plus précisément à partir du moment où il atteint Dhyana au Sri Lanka quelques années auparavant (Dhyana est une technique permettant d’atteindre le Samaddhi, l’illumination. Sans Dhyana, il est impossible d’atteindre des  états de conscience supérieurs), il s’est lassé de ses ambitions mystiques. « Tout ce à quoi il était parvenu, il y renonça. Ses intuitions de la Kabbale se trouvaient derrière lui, souriant à sa folle jeunesse ; la magie, eût-elle existé, ne menait nulle part. »

N’oublions pas que cette conclusion de sa part se rattache à la conception qu’il se faisait de la magie avant 1903. Cela n’a absolument rien à voir avec ce qu’il parvint à accomplir trois ans après, en 1906, après de nouvelles invocations ; et cela n’a pas de pertinence non plus par rapport au Samadhi auquel il parvint en 1909. « Le Yoga était devenu une psychologie. Pour résoudre ses problèmes de l’origine de l’univers, il recourait à la métaphysique ; il consacra son intellect au culte de la raison absolue. » Il lui fallut l’expérience de traverser la Chine à pied. C’est là qu’il fut terrassé par la prise de conscience du fait que la raison est en soi incapable de résoudre les grands problèmes de l’univers. Au-dessous de l’Abîme, dans le domaine des problèmes que l’on qualifie de pratiques, dans le domaine de la science, avec ses mondanités, pour ce qui est du commerce et de l’industrie, c’est un admirable instrument de précision – mais rien de plus.

Il se remit à lire Kant, Hume, Spencer, Huxley, Tyndall, Maudsley, Mansel, Fichte, Schelling, Hegel, et de nombreux autres auteurs ; car dans sa vie, n’était-il pas toujours un homme ? Il avait une femme ; il avait conscience de son devoir envers l’espèce, ainsi que de la dure tâche qui était la sienne depuis si longtemps. C’était un sportif et un voyageur, eh bien très bien, alors, il lui fallait le vivre. Et ainsi nous constatons qu’à partir de novembre 1901, il ne pratiqua aucune cérémonie jusque l’Équinoxe de Printemps de 1904. Nous le retrouvons en train d’escalader des montagnes, ou de patiner, de pêcher, de chasser, d’accomplir ses devoirs de mari, et nous constatons chez lui une antipathie à l’égard de toute forme de conceptions spirituelles et de pratique, ce qui témoigne d’une déception.

Voilà donc quel était son point de vue à l’époque.

2. Sa femme Rose ne s’intéressait pas le moins du monde à son parcours intellectuel et spirituel.

Bien que ces faits aient très certainement eu une vérité, il ne faut pas perdre de vue que ce qui fut vrai de nombreuses années par la suite pouvait très bien être déjà à l’œuvre en 1904. Crowley se sentait contraint de recourir à certains procédés pour développer et intensifier les facultés de clairvoyance présentes en chacune de ses compagnes. Ses méthodes n’étaient pas autre chose que le fait de recourir immodérément à l’usage de boissons alcoolisées et à une activité sexuelle continuelle, prolongée, poursuivie jusqu’à l’épuisement le plus total. Des années après, Rose était devenue dipsomane, ce qui fut, en apparence, la raison pour laquelle Crowley voulut divorcer. On peut bien se demander si ce n’était pas plutôt là le résultat de sa tutelle...


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

« Le Livre de la Loi » d’Aleister Crowley (première partie).





Sans commentaire.


Cet article est la suite de celui-ci.

Beaucoup de lecteurs m’ont demandé, depuis que j’ai publié mon article sur « Vision de la Qabale par l’AA d’Aleister Crowley », de parler du Livre de la Loi d’Aleister Crowley.

Cela va être le propos de cet article :

Alors qu’Aleister Crowley était au Caire, durant des heures, à partir du 8 avril 1904 et pendant successivement trois jours, une voix lui dicta ce qui s’appela le Livre de la Loi (il porte parfois le nom de Liber Al Vel Legis).

Ce document de trois courts chapitres est censé a donc été dicté (selon Aleister Crowley) par une intelligence non humaine du nom de Aïwass. Pendant de longues années, Crowley affirma catégoriquement qu’Aïwass était l’un des Chefs Secrets du Troisième Ordre de l’Étoile d’Argent (autre nom de l’ AA∴), une intelligence qui le dépassait complètement.

Après de nombreuses années, il finit par admettre qu’Aïwass était en fait son Saint Ange Gardien. « Je revendique être la seule autorité compétente à pouvoir trancher sur certains points qui font débat à propos du Livre de la Loi, voyant bien que son auteur, Aïwass, n’est nul autre que mon Saint Ange Gardien, avec qui je suis parvenu à la Connaissance par le fait que j’eus un accès exclusif avec Lui. Je Lui ai dûment reporté chacune de mes difficultés, et j’ai reçu sa réponse. »

Mais si, comme certains l’affirment, Aïwass était son Soi Supérieur, alors il faut en déduire que l’auteur en réalité en fut Aleister Crowley…

Il faut ouvrur ici une parenthèse concernant l’identification, habituelle en occultisme, du Soi supérieur avec le Saint Ange Gardien. Crowley considérait cette identification comme une hérésie et une abomination, et il exprime sans ambiguïté cette idée. Par exemple, dans Magick Without Tears, il écrit :

« Nous pouvons d’emblée convenir que le « Génie » de Socrate et le « Saint Ange Gardien » d’Abramelin le Mage sont identiques. Mais nous ne pouvons mettre dans la même catégorie le Soi supérieur, car l’Ange est réellement une Individualité, avec son propre Univers, exactement comme un homme. Contrairement à ce que me paraît être le Soi supérieur, il ne s’agit pas simplement d’une abstraction...

Ce que je crois, c’est que le Saint Ange Gardien est un être d’ordre angélique. Il est un peu plus qu’un être humain, probablement un être étant déjà passé par le stade de l’humanité et la relation d’intimité qu’il a avec la personne dont il est l’ange est une relation d’amitié, une relation communautaire, fraternelle, ou paternelle. »

Aleister Crowley est l’auteur du Livre de la Loi en même temps que l’auteur du Livre de Thoth et de Magik Without Tears, etc. Ces ouvrages mettaient en évidence un dialogue intérieur entre les différentes parties constitutives de Crowley. Il semble qu’en fait le Livre de la Loi n’échappe pas à cette règle.

L’attitude de Crowley envers ce dernier est, elle, cependant, entièrement différente. Il était déterminé à reconnaître que de façon sublimée, c’était bien lui l’auteur du Livre de Thoth et de Magik Without Tears mais s’il était l’auteur du Livre de la Loi, c’en était d’une toute autre façon. Ce dernier, à ses dires, lui avait été inspiré aussi objectivement et de façon aussi audible que si une secrétaire lui avait dicté des notes.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Les trois mondes et les dix Séphirot dans la Qabale.




Sans commentaire.


Cet article est la suite de celui-ci :

Les trois mondes

Une loi générale préside à la Kabbale; cette loi, c'est celle du triangle primordial dont rabbi Siméon bar Yochaï a parlé. Les chrétiens la traduisent en sainte Trinité, et les philosophes en thèse, antithèse et synthèse.

Chacun des éléments qui composent la trinité ou le triangle primordial relève de l'unité dont il possède en fait le pouvoir créateur; mais chacun de ces éléments relève également d'un caractère particulier qui dépend du sexe ou du plan d'action. Il y a trois plans d'action qui correspondent aux trois sexes ésotériques: le masculin, le féminin et l'androgyne. L'androgyne se réfère à un mystère sexologique dont le yoga tantrique ou yoga sexuel donne la clef. C'est en tout cas dans ces trois plans que peut s'exercer toute activité, quelle qu'elle soit. La Kabbale appelle ces trois plans: les trois mondes.

Une explication par rabbi Mordechaï Hagège, un kabbaliste réfugié à Kairouan en Tunisie, affirme que chaque lettre de l'alphabet sacré est une « créature intellectuelle ». Cette créature contient les trois mondes, comme le corps de l'homme est une création physique qui contient les trois mondes lui aussi, symbolisés par la tête, la poitrine et le ventre. Les francs-maçons ont retrouvé cette tradition, puisqu'ils demandent à l'apprenti de saisir les forces qui traversent son ventre, au compagnon celles de sa poitrine et au maître celles de sa tête.

Les trois mondes se divisent en monde supérieur, monde médian (ou intermédiaire) et monde inférieur. Dans l'homme, et c'est évident, le monde supérieur correspond à l'Esprit immortel, celui auquel accèdent les humains qui ont achevé leur périple après leur mort; sa base est le système nerveux conscient ou sympathique. Le plan médian correspond à la vie, ou à ce que les anciens appelaient l'âme, et il utilise le système nerveux parasympathique. Le plan inférieur correspond au corps, mais dans cette infériorité, il ne faut rien voir de péjoratif. Il ne s'agit que d'une fonction. Peut-on dire que l'ouvrier exécutant soit inférieur moralement à l'architecte qui conçoit ?

Chaque monde a cependant dans l'autre monde, le supérieur par rapport à lui et l'inférieur par rapport à lui, une représentation de lui-même. Quoique gouverné par la tête (le cerveau), le système nerveux central a des émanations aussi bien dans la poitrine que dans le ventre.

Les dix Séphirot

L'alphabet hébraïque se compose, répétons-le, de vingt-deux lettres (ou hiéroglyphes) dont chacune est une « créature intellectuelle » comme le dit rabbi Hagège. Ce sont:

trois lettres mères qui représentent le monde supérieur;

sept lettres doubles qui symbolisent le monde intermédiaire;

douze lettres simples qui emblématisent le monde inférieur.


En-Soph
(l'Absolu)
Kether
(la Couronne)
Binah    Hokhmah
(l'Intelligence) (la Sagesse)
Pechad Chesed
(la Crainte)        (la Miséricorde)
Tipheret
(la Beauté)
Hod       Nizah
(l'Honneur)       (la Victoire)
Iesod
(le Fondement)
Malchut
(le Royaume)


Des considérations très complexes conduisent, en combinant tout cela, à mettre au point la théorie des Séphirot ou émanations divines qui représentent le schéma de toute la création. Mystère central de la Kabbale, les dix Séphirot sont comme le programme de l'ordinateur céleste. Il explique comment tout se structure, et d'abord la structure de l'entité divine en train de créer le monde. L'homme terrestre ne peut profaner le mystère de l'Etre Suprême, celui-ci reste à jamais `caché. Lorsque l'Etre se fait Architecte, lorsqu'il crée le monde et sa créature, l'homme, ce dernier, par un effet de miroir, peut percevoir comment Dieu se manifeste. Cette intuition se fait sur la disposition et la signification des Séphirot.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.