mardi 10 janvier 2017

« Chacun sa chimère » de Baudelaire.




Est-ce une chimère ?


Osho nous prévient : « Je peux parler indéfiniment car je n’ai pas d’enseignement. »

Kafka nous dit : « Etre libre, c’est pouvoir choisir sa prison. »

Le texte que voici des Petits poèmes en prose (1869) de Baudelaire me paraît étonnamment d’actualité à une époque où tout le monde pense avoir raison. En réalité, nous nous construisons tous notre monde et nous sommes intolérants par ignorance avec ceux qui ne pensent pas comme nous.

Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés.

Chacun d’eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu’un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d’un fantassin romain.

Mais la monstrueuse bête n’était pas un poids inerte ; au contraire, elle enveloppait et opprimait l’homme de ses muscles élastiques et puissants ; elle s’agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture ; et sa tête fabuleuse surmontait le front de l’homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l’ennemi.

Je questionnai l’un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu’il n’en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu’évidemment ils allaient quelque part, puisqu’ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher.

Chose curieuse à noter : aucun de ces voyageurs n’avait l’air irrité contre la bête féroce suspendue à son cou et collée à son dos ; on eût dit qu’il la considérait comme faisant partie de lui-même. Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d’aucun désespoir ; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d’un sol aussi désolé que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux qui sont condamnés à espérer toujours.

Et le cortège passa à côté de moi et s’enfonça dans l’atmosphère de l’horizon, à l’endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe à la curiosité du regard humain.

Et pendant quelques instants je m’obstinai à vouloir comprendre ce mystère ; mais bientôt l’irrésistible Indifférence s’abattit sur moi, et j’en fus plus lourdement accablé qu’ils ne l’étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères.

Voilà. C’est tout pour cette fois mais j’en prépare d’autres de cet acabit. Amitiés à tous.

Méditation de l’Esprit Indompté




Le premier livre que j'ai lu sur la méditation : Méditer pour agir



« Je peux parler indéfiniment, car je n'ai pas d'enseignement. »
Osho

Osho nous dit : « Méditez, aimez, chantez,... ». Pour la dernière activité, il n’est pas difficile de trouver des cours. Mais pour les deux premières, il n'y a pas grand-chose qui me convienne. Je vais vous parler cependant de la méditation telle qu’elle est présentée par le très beau site, l’Esprit Indompté, méditation bouddhiste, (j’aime beaucoup cette appellation, « Esprit Indompté »).

Notre esprit est de façon innée pur et lumineux. Parfois, quand nous sommes aux prises avec le stress de gens peu coopérants, ou que nous nous sentons épuisé par les attentes irréalistes de notre employeur, cette affirmation peut être difficile à croire. Mais selon les mêmes enseignements, notre esprit intrinsèquement pur et lumineux est contaminé par des « souillures  » – des états d’esprit de stress, de colère et de doute. 

Le but de la méditation est de dissiper ces « souillures », afin que nous puissions faire l’expérience de nous-même, plus profondément et plus réellement, dans notre pureté, notre clarté et notre liberté d’esprit primordiales. La méditation nous aide à passer au travers de l’encombrement angoissant de l’agitation mentale superficielle, pour nous permettre de faire l’expérience d’états d’esprit plus spacieux et plus joyeux.
C’est cet état pur et lumineux que j’appelle l’ « Esprit indompté  ». Comme je l’ai dit ailleurs, cet Esprit indompté n’est pas l’esprit sauvage qui est perturbé par les vents de la malveillance, de l’avidité compulsive ou de l’agitation angoissée ; il s’étend sous votre esprit sauvage comme les profondeurs calmes de l’océan s’étendent sous l’agitation des vagues de la surface des eaux, même lorsque la tempête fait rage.

Vous avez presque certainement eu des expériences proches de qui s’appelle l’« Esprit indompté ». Par exemple, la nature peut nous donner ce sentiment. Elle est bien plus grande que nous et survivra au dernier d’entre nous. Elle ne peut être possédée. Mais nous pouvons la prendre comme modèle.
Vous pouvez vous efforcer d’avoir un esprit qui soit aussi spacieux et pur que la vaste coupole des cieux. Vous pouvez vous efforcer d’avoir un esprit aussi calme et immobile qu’un lac à l’aurore, quand il reflète le monde sans distorsion. Vous pouvez cultiver un cœur qui rayonne d’amour et de compassion tout comme le soleil brille, apportant chaleur et lumière à tous, sans discrimination.

Mais votre Esprit indompté est aussi votre « esprit naturel », en ce sens que c’est votre propre nature, la vraie. C’est ce qui repose au fond de nous-mêmes, attendant d’être révélé par une patiente purification de l’esprit, par une progressive prise de conscience.

Quand le lac est perturbé, il est impossible de voir ses profondeurs : la surface est faite de myriades de facettes toujours en mouvement qui empêchent d’avoir une vision claire. Mais quand les eaux de surface se calment, les profondeurs, qui, elles, ont toujours été calmes, sont alors visibles. Le but de la pratique de la méditation est de faire disparaître les états mentaux perturbés de la surface, afin que nous puissions (grâce à notre nouvelle vision) vivre à partir des profondeurs spontanées, lucides, et profondément intuitives de notre esprit.

Voilà. C’est tout  pour le moment. Amitiés à tous.

Présentation de l’étude « Atteindre l’excellence » de Robert Greene, chapitre 1, Découvrir sa vocation : l’œuvre de toute une vie, (septième partie), « Se libérer du passé – la stratégie de l’adaptation.».




 Osho (Acharya Rajneesh ou
Bhagwan Shree Rajneesh)


« Je peux parler indéfiniment, car je n'ai pas d'enseignement. »
Osho

Robert Greene, dans son livre Atteindre l’excellence, identifie cinq stratégies pour parvenir à identifier l’œuvre de sa propre vie (voir cet article).

Je traiterai aujourd’hui de la quatrième stratégie :

4) Se libérer du passé – la stratégie de l’adaptation.
Pour gérer les inévitables changements qui surviennent dans votre carrière et vous adapter, il vous faut un état d’esprit particulier : ne vous enchaînez pas à un poste donné ; vous n’êtes nullement tenu de de faire preuve de loyauté vis-à-vis d’un employeur : un chemin de carrière n’est pas un ordre religieux. Vous devez tout donner à la réalisation de l’œuvre de votre vie, celle qui vous permettra de vous exprimer en totalité. C’est à vous de l’identifier et d’aller vers elle. Il n’appartient à personne de vous protéger ni de vous aider. Ne dépendez que de vous-même. Le changement est inévitable, surtout à une époque aussi agitée que la nôtre. Du moment que vous ne pouvez compter que sur vous-même, c’est à vous de prévoir les changements qui surviennent dans votre métier. Vous devez adapter l’œuvre de votre vie à ces circonstances nouvelles. Ne vous vous cramponnez pas aux façons de faire démodées car vous vous feriez dépasser et cela vous pénaliserait. Soyez souple et toujours prêt à vous adapter (voir à ce sujet le premier article de mon blog sur Le chemin le moins fréquenté de Scott Peck).

Si un changement s’impose à vous, il ne faut ni vous fâcher ni vous apitoyer sur vous-même. Ne jetez pas aux orties l’expérience ni les compétences que vous avez accumulées mais découvrez une façon nouvelle de les appliquer. Gardez le regard tourné vers l’avenir et non vers le passé.  Il arrive souvent que de tels ajustements créatifs conduisent à des sommets plus élevés : l’imprévu vous sort de votre torpeur et vous contraint à réévaluer vos buts. Souvenez-vous de ceci : l’œuvre de votre vie est un organisme vivant qui possède un souffle propre. Si vous suivez obstinément un projet décidé dans votre jeunesse, vous vous enfermerez dans une position sans issue et le temps aura impitoyablement raison de vous.

Je vous parlerai dans un prochain article de la cinquième stratégie pour découvrir sa vocation, « Trouver le chemin – jouer son va-tout ».

Amitiés à tous.