mercredi 9 août 2017

Compte rendu de « L’art de la mémoire » par Frances A.Yates, chapitre 6 : La mémoire de la Renaissance : le Théâtre de la Mémoire de Giulio Camillo (deuxième partie).


Le Théâtre de la Mémoire reconstitué de Giulio Camillo.

Je me suis rendu compte, plusieurs semaines après avoir écrit mon article « Histoire de la Mnémotechnie : Moyen Âge, Renaissance & Dix-Septième siècle » que j’avais oublié de mentionner le travail de Giulio Camillo (1480-1544), un érudit italien, qui a consacré toute sa vie à la fabrication d’un édifice qu’il appela le Théâtre de la Mémoire et qui était un gigantesque théâtre décoré d’images, conçu afin de mémoriser l’ensemble des connaissances de l’époque.
Frances A. Yates est l’historienne qui a le mieux parlé de Camillo selon moi dans L'art de la mémoire (quoique Paolo Rossi dans Clavis universalis et Lina Bolzoni dans La chambre de la mémoire lui aient consacré des analyses tout à fait passionnantes) et j’utiliserai donc ses informations.
Dans un article précédent, j’ai commencé à décrire la reconstitution qu’a opérée France Yates du Théâtre de la mémoire de Camillo. A la fin de sa vie, Camillo consacra sept matinées à dicter une ébauche d’explicitation de son opus magnum. Publié en 1550, le texte nous informe que son Théâtre, analogue à celui de Vitruve, s’élève sur sept gradins, séparés par sept allées représentant les sept planètes. Le spectateur se trouve placé devant les « sept mesures de la fabrique des mondes céleste et inférieur » correspondant aux Sept Sephiroth du monde supracéleste. Les Sephiroth du Zohar sont dix, mais comme les trois premiers sont inaccessibles à l’intelligence humaine, Camillo associe les sept restants aux « Sept Gouverneurs » d’Hermès Trismégiste : « Au neuvième chapitre des Proverbes, dicte Camillo, Salomon dit que la sagesse s’est construit une maison et qu’elle l’a appuyée sur sept piliers. Par ces colonnes, qui signifient l’éternité la plus stable, nous devons comprendre les sept Sephiroth du monde supracéleste, où sont contenues les Idées de toutes les choses comprises à la fois dans le monde céleste et dans le monde inférieur.
La première rangée du Théâtre est donc celle des Planètes et des Principes de l’Univers (la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter, Saturne), plus proches de nous que les Sephiroth, et utiles parce que leur forte différenciation s’imprime facilement dans la mémoire. Une fois celles-ci saisies, on peut se déplacer dans deux directions : vers le haut, dans le monde supracéleste des Idées (ce qui veut dire dans l’invisible), ou vers le bas, dans le monde subcéleste et élémentaire. 
Le deuxième degré s’appelle « Le Banquet », et c’est celui des Dieux, du Monde Intelligible ou des Éléments Simples. Camillo associe le Banquet et l’Océan, car l’Océan contient les eaux de la sagesse qui préexistent à la matière, et les dieux invités au banquet sont également les Idées existant dans l’archétype divin. 
Le troisième degré, c’est la Caverne. Camillo précise qu’il s’agit d’une caverne homérique et non platonicienne. Dans la caverne des nymphes décrite par l’Odyssée, des nymphes tissent sempiternellement et des abeilles entrent et sortent : ces deux activités symbolisent le mélange des éléments destiné à former les choses élémentaires « et nous désirons, explique Camillo, que chacune des sept cavernes puisse, en accord avec la nature de sa planète, conserver les mélanges et les éléments composés qui lui appartiennent. » 
Le quatrième degré est celui des Gorgones. Camillo y associe les trois sœurs décrites par Hésiode à l’homme intérieur, car il reprend l’idée, cabaliste, des trois âmes – et ce degré contient « les choses appartenant à l’homme intérieur en accord avec la nature de chaque planète ». 
Le cinquième degré est celui où l’homme s’unit à son corps, union symbolisée par l’image de Pasiphaé et du Taureau. Pour Camillo, « Pasiphaé amoureuse du Taureau symbolise l’âme qui, selon les platoniciens, tombe dans un état de désir à l’égard du corps. » 
Le sixième degré est figuré par les Talonnières, ainsi que tous les attributs que revêt Mercure quand il va exécuter la volonté des Dieux. C’est le degré correspondant aux Actions de l’homme dans le Monde. 
Par ce degré, la mémoire sera éveillée, et préparée pour le septième degré, qui est celui des arts, au niveau duquel, à chaque porte, on retrouvera l’image de Prométhée tenant une torche allumée. « Il donne beaucoup de noms à son Théâtre, écrit Viglius. Il dit tantôt que c’est un esprit ou une âme construite, tantôt que c’est une âme pourvue de fenêtres. Il prétend que tout ce que l’esprit humain peut concevoir et que nous ne pouvons pas voir de nos yeux corporels, on peut, après en avoir fait la synthèse au cours d’une méditation attentive, l’exprimer par certains signes matériels de telle sorte que le spectateur peut percevoir d’un seul coup d’œil tout ce qui, autrement, reste caché dans les profondeurs de l’esprit humain. Et c’est à cause de cette vision physique qu’il l’appelle un Théâtre. »

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés  à tous ! 

Le formidable book test « Hypnose » de JB Chevalier et Vincent Roca (quatrième partie).


JB Chevalier.


Les book tests sont pour moi un sujet passionnant mais je me suis rendu compte que beaucoup de mentalistes connaissaient mal certains book tests français ou ne les connaissaient pas du tout.

J’ai recensé certains de ces livres dont on parle peu ou pas assez et je vais vous présenter quelles sont leurs possibilités et leur impact sur le public.

Je parlerai aujourd’hui d’un book test paru en 2011 qui m’a toujours paru génial et dont à peu près personne ne connaît le principe, Hypnose, de JB Chevalier et Vincent Roca, le seul book test thématique français d’après mes informations et qui peut sans problème être mis dans les mains des spectateurs.


Je vais détailler le troisième effet du book test : la révélation du thème des premières lignes du deuxième paragraphe de chaque page. Il est basé sur une idée semblable au premier effet du book test (voir cet article). Là aussi, vous pourrez apprendre par cœur le tableau codé de révélation chiffres-thèmes ou utiliser une anti-sèche cachée dans votre carnet. A vous de voir selon vos possibilités.

Quand les pages comportent deux paragraphes, le deuxième aussi est codé. Avec dix nouveaux codes ! 

Mais attention, en ce qui concerne ce code créé pour les deuxièmes paragraphes, vous devrez additionner les chiffres de la page du spectateur. Ainsi, si le numéro de page est le 27, additionnez 2 et 7, ce qui vous donne 9 qui correspond dans la liste des thèmes des deuxièmes paragraphes à « infection ». L’« infection », dans le groupe de pages 26 à 50, est une infection « guérissable », ce que vous annoncez à votre spectateur. Si le numéro de page est 156, les chiffres 1+5+6 additionnés donne 12 et vous prendrez simplement en compte le numéro 2 qui correspond au thème « business ». Dans ce thème « business », le groupe de pages de 151 à 175 correspond à un business « illégal », révélation  que vous pourrez à nouveau produire à votre spectateur médusé !

Pour que tout soit bien clair, voici un petit résumé. Le spectateur vous annonce la page 17. Vous lui demandez de lire les trois premières lignes du premier paragraphe et de s'en faire une image mentale. Dans votre tête, vous savez que vous devez penser « 7 », autrement dit si vous regardez le premier tableau, le code sera « guerre » et « armée française ». Vous faites votre révélation... c'est magique !

A présent, vous pouvez suggérer à votre spectateur de lire les trois premières lignes du deuxième paragraphe. Vous additionnez mentalement 1 et 7 et vous obtenez 8. Si vous regardez le tableau récapitulatif des deuxièmes paragraphes, vous savez immédiatement que le thème sera « habitude », plus précisément, « l'heure du levé », et de manière très précise, « très tôt », (du fait que 17 se trouve dans le groupe de chiffres 1 à 25 qui correspond à « heure du levé » et à« très tôt »).

Remarque complémentaire :

Vous pouvez constater que, grâce à ce système d'addition pour le code du deuxième paragraphe, vous ne tomberez jamais sur deux combinaisons de codes identiques dans une même page. Exemple, pour la page 17, le code du paragraphe d'en haut est 7 et celui du bas 8. Mais si on prend l'exemple de la page 27, le code d'en haut reste 7, en revanche celui du bas sera 9, et ainsi de suite, avec 37 on obtient 7 et 10, etc.

C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.