jeudi 15 octobre 2020

Aperçus sur l'écrivain de science-fiction américain Roger Zelazny (première partie).


Roger Zelazny


En ces temps troublés, pour échapper à la morosité ambiante, j'ai décidé de publier des textes que j'avais rédigés sur celui qui est pour moi le plus grand des auteurs de science-fiction (à égalité avec Philip K. Dick), Roger Zelazny.


Biographie : de la Sécurité sociale à la science-fiction lyrique

 

 

1)      Une vocation d’écrivain

 

Roger Zelazny naît le 13 mai 1937 à Euclid, une petite ville de l’Ohio, dans la banlieue de Cleveland. La maison de ses parents, Joseph et Josephine Sweet Zelazny, au 250 East Street, est située sur un arpent de terre bordé par une route boueuse et entourée par des champs et des bois. Le lac Erié se trouve à quelques kilomètres de distance, ce qui permet au jeune enfant faire des promenades sur ses plages.

Sa famille a des origines polonaises et irlandaises comme il l’expliquera plus tard dans une lettre à Jane Linskold, sa dernière compagne :

« Mon père est né à Ripon en Pologne — mais à cette époque la Pologne n’existait pas. Elle n'a été reconstruite au vingtième siècle qu'après la fin de la première guerre mondiale. La dernière partition l'avait divisée entre l'Autriche, la Prusse et la Russie tsariste. La partie de mon père avait appartenu au Tsar. Son nom vient de « zelazno », un mot qui signifie « fer » et qui veut dire que ma famille a compté beaucoup de forgerons au cours des siècles. […] Ma mère représente le côté irlandais de la famille, [avec] quelques autres mélanges du côtés de mes grands-parents paternels. »

Lettre du 3 août 1989 (citée dans son ouvrage biographique Roger Zelazny)

Bien que ses parents aient fait partie de familles nombreuses, chacune de sept enfants, Roger Zelazny est fils unique. Il se retrouve ainsi solitaire par circonstance et par nature. Son seul ami est alors Carl Yoke. Zelazny a décrit ainsi cette amitié :

«  J'ai eu un ami proche, Carl Yoke, de l'école primaire Noble jusqu’au collège et au lycée d’Euclid, et heureusement il reste mon ami à ce jour. […] Il avait deux frères plus jeunes que lui, et il était brillant et sportif. Je pense vraiment que nous avons fait connaissance à cause de l’ordre alphabétique des places dans la salle de classe. Des étés entiers, nous avons fait du vélo ensemble pendant le jour, nous nous sommes baladés pendant la nuit, discutant de choses existentielles et de futilités d'adolescent, de filles, de livres, de la vie. Je n'avais jamais su que j’avais besoin d’un ami avant de le rencontrer. »

Roger Zelazny, Aikido black (essai non publié cité par Jane Linskold in Roger Zelazny)

Aujourd'hui, Yoke est professeur d'université et a à son actif de nombreux articles et la première étude sur la vie de Zelazny et son oeuvre. Il y eut plus tard Ron Dobler, avec qui Zelazny a été au lycée et à l'université et qui resta toujours son ami. A l'université, quand Zelazny était capitaine de l’équipe d'épée, Dobler était capitaine de l’équipe de sabre. Dobler a également encouragé Zelazny à écrire de la poésie. Luc, le meilleur ami de Merlin, héros des cinq derniers romans de la série Ambre, doit sa taille, ses cheveux roux et sa belle mine, autant à Ron Dobler qu’à son père biologique, Brand.

Zelazny prend conscience très jeune qu'il désire devenir écrivain et il commence à étudier sérieusement comment on construit les histoires dès l’âge de onze ans. Il le raconte lui-même dans une interview réalisée par Patrick Duvic : « J’ai commencé à écrire à 11 ans. A 16 ans, j’ai gagné un concours des nouvelles à la high school et j’ai essayé d’écrire jusqu’à l’âge de 18 ans, où j’ai quitté le collège. A ce moment-là, j’ai arrêté d’écrire de la fiction et j’ai décidé que je serais poète. Je n’ai écrit que de la poésie pendant 5 ans. » Carl B. Yoke a insisté, quant à lui, sur l’intense curiosité qui a toujours poussé son ami d’enfance : « Son appétit de savoir guide ses lectures (…). Il est attiré par toutes les nouveautés : les idées, les gens, les circonstances inhabituelles. Sa capacité d’absorber des données est à peu près inégalée (…) et presque tout ce qu’il lit réapparaît un jour dans sa fiction ». Il fréquente d’abord l’école primaire Noble d’Euclid où il se révèle un écolier brillant mais indiscipliné.

Sa première machine à écrire est un cadeau de son père qu’il reçoit à l’âge de 11 ans :

« Mon père a travaillé pour Adressograph-Multigraph Company, et quand ils sont passés des machines manuelles aux machines électriques, ils ont permis aux employés d'acheter les vieilles machines. Il savait que je voulais être un auteur et m'a demandé si j'en voulais une. J'ai dit, «  oui » naturellement. Je l'ai toujours, bien que je l'emploie rarement à présent. C’est une vieille Royal & weighs. Elle fonctionne toujours très bien. (Lettre à Jane Lindskold, 9 octobre 1989, citée dans son ouvrage biographique Roger Zelazny)

Zelazny apprend lui-même à taper à la machine et continue à écrire : « J'ai appris comment préparer les manuscrits pour les envoyer à des éditeurs professionnels. J'ai envoyé ma première histoire, une imitation des Chroniques martiennes de Bradbury, à John W. Campbell. qui n'avait jamais acheté une des histoires de Bradbury. Innocence » (Aikido Noir)

Voilà. C'est tout pour le moment. Amitiés à tous.