mardi 30 juin 2015

Généralités sur le bouddhisme, communauté bouddhiste Triratna



Sangharakshita, le fondateur de la Communauté Bouddhiste Triratna

Chers amis,

J’ai à plusieurs reprises dans ce blog évoqué le bouddhisme qui me passionne et promis que j’écrirai sur ce sujet. C’était un peu comme la femme de Colombo dont il parle tout le temps et qu’on ne voit jamais. Mais cette fois, je vais franchir le pas, je vais vous parler de « ma » vision du bouddhisme. J’insiste sur le « ma ». J’ai commencé la pratique au Centre Bouddhiste Triratna de Paris avec ma femme Wanda il y a trois ans. Nous sommes allés d’abord au cours d’initiation pendant au moins un an et, à présent, nous assistons aux soirées sangha (communauté) qui ont lieu tous les mercredis soir. Le mouvement Triratna a été créé par un moine bouddhiste, Sangharakshita, né en Angleterre sous le nom de Dennis Lingwood. Formé en Inde, il a su transmettre une pratique adaptée aux Occidentaux.

Cependant, ma première découverte du bouddhisme date des années 80. J’ai lu alors un petit livre de Walpola Rahula, un moine bouddhiste de Ceylan, L’enseignement du Bouddha d’après les textes les plus anciens, et cette lecture m’a bouleversé : enfin je touchais à une philosophie, à une religion qui me parlait, me correspondait, qui me semblait rationnelle. 

D’abord la vie du Bouddha lui-même me parut très intéressante. Enfermé dans un palais par son père le roi, il ne connaissait rien de la réalité. Mais un jour, ne pouvant supporter cette oisiveté, il sortit dans la ville et rencontra quatre personnes successivement : un vieillard de quatre-vingts ans au corps ruiné, un malade de la peste noire, puis un cadavre qu’on menait au bûcher et enfin un religieux qui mendiait sa nourriture. Il partit alors définitivement à l’âge de vingt-neuf ans, abandonnant tout pour essayer, en parcourant le pays, de trouver une explication et une solution face à cette réalité désespérante. Pendant six ans, devenu un ascète, il erra dans la vallée du Gange rencontrant de nombreux maîtres religieux célèbres. Mais aucune des religions traditionnelles ne le satisfit et il décida de suivre son propre chemin. C’est ainsi qu’un soir, assis sous un arbre, près d’un fleuve, âgé de trente-cinq ans, après une très, très longue méditation (plusieurs mois, plusieurs années ?), le Bouddha (de son vrai nom Siddharta Gautama), atteignit l’Eveil. D’après certaines traditions, il hésita à transmettre ce qu’il venait subitement de comprendre enfin, puis, après avoir longuement réfléchi, prêcha son premier sermon à un groupe de cinq ascètes, ses anciens compagnons, dans le parc des Gazelles à Isipatana près de Bénarès.

Ce que je retiens, moi pauvre individu jeté sans raison sur la Terre, de cette histoire en forme de parabole, c’est que le Bouddha est un être humain, sensible, en proie au doute, comme vous et moi, avec ses problèmes, et non un fils de Dieu qui se met soudain à prêcher sans raison à l’âge de trente ans, qu’il a beaucoup expérimenté et commis beaucoup d’erreurs avant d’atteindre sa voie (qu’il a découverte sans l’aide de religieux), qu’il hésite un moment avant de transmettre son message (est-ce de la modestie ou simplement l’idée qu’une expérience de trente-cinq ans est incommunicable ?), qu’il se base constamment sur son vécu et non sur des théories non vérifiables (refusant même de répondre à certaines questions abstraites ou métaphysiques).

La théorie de base du Bouddha est hyper-simple (c’est ce que j’aime aussi) ; tout est contenu dans ces quatre nobles vérités :

1) La vie est souffrance (dukkha).
2) La souffrance vient du désir (soif des plaisirs des sens ou alors simplement soif de l’existence et du devenir).
3) Pour éliminer la souffrance, il faut éliminer la soif.
4) La seule manière d’éliminer la soif est la Voie du Milieu, expérimentée par le Bouddha, qui consiste en huit pratiques, le noble sentier octuple, dont voici l’énoncé (que, rassurez-vous, je développerai par la suite) :

a) Compréhension juste
b) Pensée juste
c) Parole juste
d) Action juste
e) Moyens d’existence justes
f) Effort juste
g) Attention juste
h) Concentration juste

Le prochain article portera sur la huitième pratique, la concentration juste, avec deux types de méditations : la concentration sur le souffle et la méditation de l’amour bienveillant, appelée metta-bhavana, que vous trouverez toutes deux détaillées à l’adresse suivante : http://fr.wildmind.org/

Pour ceux qui aiment l’histoire et la géographie, le Bouddha, dont le nom personnel était Siddharta et le nom de famille Gautama, vivait dans le Nord de l’Inde au 6 ème siècle avant J.-C. Son père Suddhodana gouvernait le royaume des Sakya (qui serait actuellement situé au Népal).

Le problème, comme dans beaucoup de religions, c’est que le Bouddha n’a jamais rien écrit par lui-même. La transmission de ce qu’il a enseigné s’est opérée oralement pendant quatre siècles environ avant que les suttas (recueils de paroles attribuées au Bouddha) du canon pali (langue parlée autrefois en Inde) ne commencent à prendre une forme écrite. Néanmoins, d’une certaine façon, cela paraît beaucoup moins gênant pour une foi refusant de donner des précisions métaphysiques que dans des religions qui prétendent que leurs livres sacrés sont dictés par Dieu.


Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les sériés télévisées américaines contemporaines. Amicales salutations !