mercredi 27 juin 2018

Les six conseils du « Bhagavad Gita » pour affronter la vie (traduction d'un article du blog de Vrajabasi Das, astrologue védique, troisième partie).



La Bhagavad Gita.


Ce texte est la traduction d’un article du blog de Vrajabasi Das, astrologue védique, par le mentaliste Jean-François Gérault.
  
Il est la suite de celui-ci.
  
Certains traduisent le Bhagavad Gita sous le titre « Le chant du rossignol ». C'est un texte sacré pour de nombreux pratiquants de l'hindouisme, où Krishna (Dieu) et Arjuna (l'être humain) s'engagent dans une conversation sur un champ de bataille.

Ce texte est inclus dans une œuvre, le Mahabharata, qui raconte l'histoire du Grand Bharata (Inde).
Mais son importance est telle qu'elle est considérée comme un texte à part.

De cette conversation entre Krishna et Arjuna, nous recueillons de précieux conseils qui nous aideront à affronter la vie telle que nous la connaissons.

Vous n'êtes pas responsable des actions des autres. Vous êtes responsable de votre champ d'actions ou de vous-même. Cela ne signifie pas le manque de compassion, mais parfois nous devons être des observateurs d'un processus où nous n'avons aucun contrôle. Nous pouvons articuler des mots éloquents et beaux, mais les faits parlent d'eux-mêmes. Ce n'est pas la peine de regretter ou de s'inquiéter, ce sont des filtres avec lesquels nous regardons dans le passé ou dans le futur. Pour paraphraser Simone Weil, « Le passé est déjà produit, le futur est dans notre imagination, nous n'avons que le présent ». Le détachement en conservant sa responsabilité est nécessaire.

C'est comme ça, on ne nous donne pas une vie courte, mais nous la rendons courte. Nous ne sommes pas les perdants mais les gaspilleurs de cette vie.

BG 2.11 La Personne Suprême de Dieu a dit: Pendant que vous parlez avec des mots savants, vous vous lamentez pour ce qui n'est pas digne de lamentations. Ceux qui sont sages ne se lamentent pas ni pour les vivants ni pour les morts.

Le changement de nature est permanent, même vos réincarnations. Le corps que vous occupez est une machine que nous avons choisie pour apprendre dans ce plan d’existence. Le changement de véhicule ne confond pas la personne sensée.

Bg 2.13 De même que dans ce corps l'âme incarnée passe continuellement de l'enfance à la jeunesse et ensuite à la vieillesse, de même l'âme passe dans un autre corps au moment de la mort. La personne sensée n'est pas déroutée par ce changement.
Votre vraie nature est spirituelle. L'Atman, comme l'ont dit les anciens Hindous, ou Jivatma, lors de son incarnation, est votre vraie nature. C'est une intelligence pensante et progressive qui apprend dans chaque incarnation. Vivre du point de vue de l'Atman est essentiel pour comprendre ce qui nous arrive.

BG 2.17 Sache que ce qui est répandu dans tout le corps est indestructible. Personne ne peut détruire cette âme impérissable.
Embrasse la douleur. Notre corps réagit organiquement en fonction de la douleur et du plaisir. Mais ici nous parlons de la douleur émotionnelle. Ne fuis pas ta réalité, manie cette douleur pour que tu comprennes ta situation. Comme disait Sénèque « Dans les affaires humaines, ne pleure pas, ne ris pas, ne te lamente pas mais comprends ». La Gita donne ce conseil : « Bats-toi ». Peut-être que nous ne comprendrons pas tout à ce moment-là ; peu importe, affrontons la réalité avec courage et essayons de gérer nos sentiments.

Bg 2.18 Le corps matériel de l'entité vivante éternelle, indestructible et incommensurable, a une fin absolument certaine ; donc, combats, oh descendant de Bharata!
Si vous ne gérez pas votre douleur, cela vous hantera, car il est important de résoudre les problèmes non résolus avant sa mort. C'est pourquoi la Gita parle d « infamie ». Les gens autour de nous ont un but à atteindre, mais c'est à nous d'agir dans l'excellence. Nous continuerons sur la même lancée, incarnation après incarnation, avec les mêmes personnes dans d'autres corps, jusqu'à ce que nous ayons fait face à nos problèmes.

BG 2.34 Les gens parleront toujours de votre infamie, et pour une honnête personne, le déshonneur est pire que la mort.

BG 2.35 Les grands généraux, qui ont eu votre nom et votre renommée en haute estime, penseront que vous avez abandonné le champ de bataille seulement par peur, et, par conséquent, ils vous considéreront comme insignifiants.

BG 2.36 Vos ennemis s’exprimeront sur vous avec des mots durs et mépriseront vos capacités. Quoi de plus douloureux pour vous?
Il faut vous améliorer vie après vie. Il n'y a pas de punitions ou de récompenses, il n'y a que des actions (Karma). Vous ne contrôlez pas les résultats, seulement votre intention d'être une meilleure personne chaque fois que vous vous incarnez. Si nous croyons en un Dieu bon et suprême, nous ne lui devons rien. Alors décidez de vous améliorer et abordez de front cet objectif.

Bg 2.40 Dans cette entreprise, il n'y a pas de perte ou de diminution, et une petite progression dans cette voie peut nous protéger du danger le plus redoutable de tous.

Bg 2.41 Ceux qui sont sur ce chemin sont très déterminés et leur but est unique. L'intelligence de ceux qui hésitent a d'innombrables ramifications.
Le point de vue de la Gita sur la vie et les problèmes qu'elle nous pose est très intéressant. Et bien sûr, il y a beaucoup d’autres points qu’elle aborde.


Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Amitiés à tous.


Compte rendu du livre « 50 exercices de Gestalt » de Catherine Clouzard (cinquième partie, Que me dit ma colère ?).



La colère.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de «50 exercices de Gestalt»  de Catherine Clouzard.

Cet article est la suite de celui-ci.

Voici le résumé de l’ouvrage.

Que me dit ma colère ?

Un moustique qui vous tourne autour ou un voisin trop bruyant peuvent vous agacer. Mais parfois, certaines colères sont plus souterraines, comme celle que vous éprouvez vis-à-vis d'un parent ou d'un enfant envahissant. Pour éviter toute maladresse dans l'expression de votre colère, soyez d'abord le plus au clair possible avec elle. Écoutez ce qu'elle vous dit.

Installez-vous dans un endroit où vous ne serez pas dérangé pendant une dizaine de minutes. Vous pouvez utiliser une boule d'argile ou de papier.

1) Je m'installe confortablement et je me concentre sur ma colère.

2) Je prends la boule d'argile ou de papier entre mes mains et je me défoule avec : je la tords, je l'aplatis, je la déchire en étant attentif à ce que je ressens. J'évacue tout ce qu'exprime ma colère.
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            Quelles sont les sensations et les images qui viennent ? Par exemple : j'ai envie de taper des poings. Je vois rouge comme un taureau.

·           Suis-je vraiment en colère ? Sinon, quelle est l'émotion qui s'est « déplacée » ? Par exemple : je suis déçu par le comportement de ce collègue et je suis triste car je pensais qu'il était un ami.

·           Si oui, contre quoi, contre qui suis-je en colère ? Par exemple : je suis en colère contre mon collègue champion du monde de malveillance.

·           Qu'est-ce qui n'est pas ou n'a pas été respecté chez moi ? Par exemple : j'ai l'impression de ne pas avoir été reconnu à ma juste valeur.

3) À présent et concrètement, que puis-je faire pour prendre soin de moi, pour éviter de ruminer cette colère ? Par exemple : je vais aller trouver mon collègue pour lui dire à quel point ses paroles sont déplacées.

4) Maintenant que j'ai exprimé dans mes mots et mes gestes ma colère, et que j'ai compris le sens qu'elle exprime, je respire calmement pour sortir de l'exercice.
Commentaire

La fonction naturelle de la colère est d'indiquer qu'un territoire réel, symbolique ou psychique est, ou risque d'être, envahi : nos limites personnelles ne sont pas respectées, nous sommes alors malmenés par quelqu'un ou quelque chose. La colère est dans ce cas une émotion légitime. C'est pourquoi, il est important de savoir l'écouter afin de pouvoir l'intégrer et nous donner toutes les chances de l'exprimer au mieux.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (vingt-quatrième partie).



Esalen.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci.

Voici le résumé de ce livre.


On m’appela une fois dans un groupe pour calmer une fille qui s’attaquait physiquement à tous les membres du groupe. Ils essayaient de la maintenir et de l’apaiser. En vain. Sans cesse, elle se relevait et se battait. Quand j’entrai elle fonça vers moi, je reçus sa tête dans le ventre et elle faillit me renverser. Alors, je lui ai flanqué tout son content jusqu'à ce qu'elle tombe par terre. Elle se releva. Et puis une troisième fois encore. Je la fis tomber de nouveau et lui dis, haletant : « Ce n'est pas la première garce que je bats dans ma vie ! » Alors elle se leva, mit ses bras autour de mon cou et s'écria : « Fritz, je vous aime ! » Apparemment, elle venait de recevoir ce qu'elle avait réclamé toute sa vie.

Il est arrivé une fois quelque chose qui m'a vraiment fait peur. Beaucoup de patients refoulent leur agressivité et s'en prennent à eux-mêmes, par exemple en s'étranglant. J'avais pris l'habitude de les laisser m'étrangler à leur place. Jusqu'au jour où une fille essaya de le faire pour de bon. Je ne m'étais pas rendu compte qu'elle était schizoïde. J'avais déjà commencé à perdre conscience lorsque, au dernier moment, j'ai pu passer mes bras entre les siens et desserrer son étreinte. Depuis lors, je ne leur donne que mon bras à serrer. Et cela est parfois assez douloureux aussi. Il y a pas mal d'étrangleurs dans le monde. Avec les patients qui ont une bonne imagination, un coussin peut faire l'affaire.

Quant à moi, j'ai très peu tendance à devenir violent, à moins d'une provocation adéquate. Je peux me mettre en colère et, à deux reprises, j'ai flanqué des gens à la porte de mes séminaires. C'étaient des esprits destructeurs, intraitables, et qui refusaient de sortir. Quand on m'attaque, je renvoie les coups. La jalousie m'a quelquefois rendu violent, mais, en général, je me contente de torturer ma bien-aimée à l'aide de questions, en lui demandant sans pitié des confessions détaillées.

Quant aux jeux du sexe, au bain ou autrement, la réserve n'est pas mon genre. Freud m'aurait appelé un pervers polymorphe. Dans le temps, j'aimais à baiser pendant des heures, mais à présent, à mon âge, j'aime surtout me laisser exciter sans avoir besoin d'aller jusqu'au bout. J'aime ma réputation d'être à la fois un chaud lapin et un gourou. Malheureusement, le premier est sur le déclin et le second prend le dessus.

Un jour, nous avions une réception dans la « grande maison » d'Esalen. Une fille superbe était couchée sur un divan, très séduisante. Je m'assis près d'elle et lui dis quelque chose comme : « Méfiez-vous de moi, je suis un sale vieux bonhomme. — Et moi, dit-elle, je suis une sale jeune fille. » Nous eûmes, après cela, une courte et délicieuse liaison.

Dans l'ensemble, ce que j'écris me plaît. Je n'aurais jamais cru que cela serait aussi facile. Je pense déjà à la possibilité d'écrire une pièce — je ne l'imagine pas encore. C'est encore très vague. Et, étant bon acteur et bon producteur, je ferais de l'ensemble une Fritz Production. En ce moment même, une foule de gens se pressent dans ce bouquin, ricanant de ma paillardise, me méprisant pour mon manque de contrôle, choqués par mon langage, m'admirant pour mon courage, embrouillés par la multitude de traits contradictoires, désespérés de ne pouvoir me classer. Je suis tenté d'entamer un dialogue, mais...

La fenêtre est grande ouverte. Faible murmure menaçant du ressac. Une douce brise soulève par instants les papiers sur mon bureau, trop faible pour les faire s'envoler. Comme ma barbe douce qui chatouille le visage et les seins d'une jeune fille, les fait frissonner de plaisir silencieux, en fait saillir fièrement les mamelons dans l'attente patiente d'une légère morsure.

Mes mains sont fortes et chaudes. Les mains d'un sale vieux bonhomme sont froides et collantes. J'ai de l'affection et de l'amour — beaucoup trop. Et si je réconforte une fille qui a du chagrin ou qui souffre, et que les sanglots se calment, et qu'elle se serre contre moi, et que les caresses perdent leur rythme et glissent le long des hanches et sur les seins... Où un parfum commence-t-il à changer votre nez qui coule en narines qui le respirent ?

Ces rencontres et ces découvertes sont comme la température à Big Sur. Certes, nous n'avons ni le gel ni les fortes chaleurs. Mais entre les deux il n'y a pas cette indolence de la monotonie comme sur une île des tropiques. Le froid est froid et on frissonne. La pluie est humide, le sol boueux. Le soleil chauffe les toits l'après-midi jusqu'à la suffocation. Mes rapports humains ne tombent pas dans les deux extrêmes. Je ne tue pas et je ne me laisse pas piéger par la monogamie. J'ai des relations flottantes allant du baiser — qui n'est que trop fréquent — à des fidélités de longue durée.

Le premier baiser est un test de Rorschach
Vous touchez la bouche et les lèvres d'un inconnu
Et trouvez des lèvres serrées « Ça m'est égal »,
Ou la voracité qui vous aspire,
L'indifférence qui vous teste,
Un sec coup de bec qui vous chasse,
Un avertissement gentil : gare au bobo
Un coup de dents qui blesse et vous coupe le souffle,
Une bouche qui pue la merde
Ou sèche et sentant la frigidité,
Ferme comme un bras de lutteur
Molle comme caoutchouc-mousse
Et celles rares qui signifient plénitude :
Attente qui semble promettre
Une fusion totale.
L'environnement aboli
Dans l'isolement de l'extase.
Chaque baiser, dis-je, est tout autre
Si vous découvrez le subtil
Bien engagés dans le vivant.
Die Engel die nennen es Himmelsfreud
Die Teufel die nennen es Höllenleid
Die Menschen die nennen es Liebe (H. Heine)
(Les anges l'appellent « Joie du ciel »,
Les démons « Torture d'enfer »,
Les hommes l'appellent « amour ».)

Esalen avait commencé comme auberge, avec l'attraction particulière des bains chauds. A mon arrivée, c'était encore une auberge, les séminaires et conférences commençaient à peine et le bar et le restaurant étaient ouverts au public. Les aubergistes étaient Mike Murphy et Dick Price. A présent, nous sommes une institution privée en expansion, gérée par les directeurs Mike et Dick. Les escrocs urbains de passage et les colporteurs de drogue nécessiteux sont écartés ou jetés dehors. Nous passons pour procurer la guérison immédiate, la joie et la conscience sensorielle instantanées.

  

Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.